Une campagne pour nommer un parc d’Ottawa en l’honneur de l’artiste inuk Annie Pootoogook

Annie Pootoogook illustrait notamment des traditions inuites. (Radio-Canada)
Une femme d’Ottawa aimerait voir un parc du quartier Côte-de-Sable (Sandy Hill) être nommé en l’honneur de l’artiste inuk Annie Pootoogook, décédée en 2016.

Annie Pootoogook, dont la renommée dépasse les frontières du Canada, a remporté le Sobey Art Award en 2006 et est mondialement connue pour ses dessins à la plume et au crayon représentant la vie contemporaine des Inuit.

Elle fait partie d’une famille d’artistes célèbres de Kinngait, anciennement connue sous le nom de Cape Dorset, au Nunavut.

Alors âgée de 47 ans, elle est décédée en septembre 2016 à Ottawa. Le Service de police de la capitale nationale a déclaré sa mort non criminelle, après que son corps eut été découvert dans la rivière Rideau.

« Elle a eu beaucoup de difficultés dans sa vie, mais elle ne les a pas laissées définir son art », soutient Stéphanie Plante, qui plaide pour qu’un hommage soit rendu à l’artiste. Même si elle ne connaissait pas personnellement Annie Pootoogook, elle affirme avoir un profond respect pour son travail.

Une superstar inuk

Stéphanie Plante souhaite notamment que le parc derrière le centre communautaire du quartier Côte-de-Sable porte le nom d’Annie Pootoogook.

« C’était une personne que l’on voyait souvent dans la Côte-de-Sable. Je crois qu’il serait approprié que ce parc soit nommé, dans un esprit de réconciliation, d’après quelqu’un qui est incontestablement une superstar de la communauté inuit. »Stéphanie Plante
Stéphanie Plante veut qu’Ottawa nomme un de ses parcs en hommage à l’artiste inuk Annie Pootoogook. (Idil Mussa/CBC)

Mme Plante ajoute que les environs du parc abritent également la Nunavut Sivuniksavut, une école post-secondaire pour les jeunes Inuit installés à Ottawa. Selon elle, le fait d’avoir un espace public dédié à Annie Pootoogook donnerait aux étudiants un endroit spécial à visiter dans la capitale nationale.

« Dans Côte-de-Sable, nous avons le potentiel d’offrir aux Inuit un endroit où ils pourraient dire : « C’est quelqu’un que je connais, c’est quelqu’un dont je peux prononcer le nom et que je peux reconnaître. Ici, je me sens chez moi. » ». Stéphanie Plante

Stéphanie Plante a recueilli plus d’une dizaine de lettres d’appui, dont celles du premier ministre du Nunavut, Joe Savikataaq, d’Amnistie internationale, de l’Ottawa Aboriginal Coalition et de l’Ontario Native Women’s Association (ONWA).

Dans un courriel adressé à nos confrères de CBC, la Ville d’Ottawa a déclaré qu’elle s’engageait à travailler en collaboration avec [Séphanie Plante] dans le cadre du processus de dénomination commémorative.

Impatiente de voir le parc rebaptisé, Stéphanie Plante espère que le processus d’approbation ne sera pas ralenti par des tracasseries administratives. 

« Je pense que de savoir que son nom serait placé quelque part de façon permanente et qu’il serait associé à une merveilleuse association signifierait beaucoup non seulement pour Annie et sa famille, mais aussi pour ses descendants.». Stéphanie Plante
« Un hommage approprié »

Veldon Coburn, membre de la communauté des Algonquins de Pikwakanagan, est le père adoptif de la petite Napachie, la fille d’Annie Pootoogook. L’enfant est âgée de 7 ans.

Veldon Coburn en compagnie de son fils Sebastian et de sa fille adoptive Napachie, qui est la fille biologique de l’artiste inuk Annie Pootoogook. (CBC)

Selon lui, l’idée de Mme Plante est un hommage approprié à l’artiste décédée : 

« [Annie Pootoogook] n’était pas quelqu’un qui avait [atteint la célébrité] en se retrouvant en position de pouvoir. »Veldon Coburn, membre de la communauté des Algonquins de Pikwakanagan

M. Coburn explique que même si un certain nombre d’Autochtones provenant des quatre coins du pays vivent à Ottawa, il n’existe que quelques lieux dans la capitale nationale qui leur sont consacrés. 

« Même si [Ottawa] est un territoire algonquin, il s’agit en fait d’un lieu de rencontre de beaucoup de peuples autochtones. »Veldon Coburn
Une membre importante de la communauté

Rappelant qu’Annie Pootoogook a eu à lutter contre la toxicomanie, Veldon Coburn affirme que la fragilité faisait partie de l’histoire de l’artiste. 

« Si nous cherchons à trouver et à nommer quelque chose d’après quelqu’un de parfait, nous n’y arriverons jamais. Elle a vécu sa vie avec de l’angoisse et du tourment, mais aussi avec le plaisir de ne pas avoir à se rendre au travail à la Chambre des communes ou au Sénat. Elle était une membre importante de la communauté. »Veldon Coburn
Des commentaires racistes

La mort d’Annie Pootoogook avait attiré l’attention après qu’un officier du Service de police d’Ottawa eut mis en ligne des commentaires racistes sur les circonstances possibles de son décès.

Le sergent Chris Hrnchiar avait écrit que sa mort « pourrait être un suicide, accidentel, elle [aurait pu être] ivre et [tomber] dans la rivière et [s’être] noyée, qui sait. »

Dans un deuxième article, il avait aussi écrit : « une grande partie de la population autochtone du Canada se contente d’être alcoolique ou droguée. »

Ces commentaires avaient été dénoncés par Veldon Coburn.

Le sergent Chris Hrnchiar avait ensuite été accusé de conduite déshonorante en vertu de la Loi sur les services de police et rétrogradé pendant trois mois. Il a par la suite plaidé coupable en 2016 et a suivi une formation de sensibilisation.

Chris Hrnchiar, du Service de police d’Ottawa. (CBC)

Chris Hrnchiar s’est par la suite engagé à faire amende honorable pour sa conduite antérieure. Il a notamment visité le Nunavut et rencontré des aînés autochtones.

Veldon Coburn le considère maintenant comme un ami et affirme que les deux hommes ont écrit une lettre commune pour soutenir l’initiative proposée de nommer un parc en l’honneur d’Annie Pootoogook.

Un geste « significatif », selon M. Coburn.

D’après un texte de Idil Mussa, CBC

Radio-Canada

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