Forte hausse du nombre de surdoses mortelles au Yukon

Entre le mois de janvier et la mi-juillet, 13 personnes sont mortes des suites d’une surdose au Yukon. (Christian Molgat/Radio-Canada)
Le gouvernement du Yukon envisage d’accroître le dépistage des drogues et d’ouvrir un centre d’injection supervisée pour répondre à la hausse importante du nombre de morts par surdose depuis le début de l’année.

Entre le mois de janvier et la mi-juillet, 13 personnes sont mortes des suites d’une surdose au territoire, dont 6 au mois de juin, une situation jamais vue depuis 2016, selon les autorités yukonnaises. Onze de ces morts sont associées à la consommation d’opioïdes.

À titre comparatif, 6 surdoses mortelles ont été enregistrées en 2019 au territoire.

« Les drogues illicites sont devenues plus toxiques en raison de l’interruption de l’approvisionnement régulier durant la pandémie de COVID-19 », a affirmé vendredi la ministre de la Santé et des Services sociaux du Yukon, Pauline Frost, en point de presse.

Une situation amplifiée par la crise sanitaire

Le médecin hygiéniste en chef du territoire, Brendan Hanley, explique que la pandémie a exacerbé la crise des opioïdes, notamment parce qu’elle a été un vecteur d’anxiété et d’isolement.

« Je soupçonne fortement que ces surdoses […] reflètent le grand stress qui émane de la société et qui est le résultat des restrictions liées à la COVID-19. »Brendan Hanley, médecin hygiéniste en chef du Yukon

La majorité des surdoses mortelles enregistrées depuis le début de l’année ont eu lieu à Whitehorse, selon les autorités.

La majorité des surdoses mortelles enregistrées depuis le mois de janvier sont survenues dans la capitale territoriale. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
« Ce n’est pas seulement un problème à Whitehorse. Nous savons qu’il y a aussi une tendance préoccupante de consommation de drogues dans les communautés rurales. »Brendan Hanley
Les Autochtones particulièrement touchés
« Quand le virus a frappé, nous avons demandé aux gens de se distancier les uns des autres et de rester chez eux pour ralentir la propagation. Malheureusement, ça a poussé les gens à s’isoler davantage et, donc, à consommer seuls. »Doris Bill, chef de la Première Nation Kwanlin Dün

Parmi les provinces et territoires du pays, le Yukon est l’un des plus touchés par les surdoses mortelles liées aux opioïdes avec, en 2016, 18,4 morts pour 100 000 habitants, selon Statistique Canada.

Les Autochtones demeurent largement touchés par cette situation.

« Le Yukon pourrait mieux pallier les lacunes existantes en allouant davantage de financement à des options de traitement, comme des ressources de réhabilitation dans l’ensemble du territoire. »Doris Bill

Doris Bill a aussi rappelé que les personnes issues de Premières Nations demeuraient surreprésentées parmi les victimes de surdoses mortelles.

D’autres problèmes sous-jacents, comme le manque de logements, accentuent, selon elle, la vulnérabilité des personnes en situation de dépendance.

La chef de la Première Nation Kwanlin Dün, Doris Bill. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Réduction des méfaits

Le ministère de la Santé et des Services sociaux compte élargir son programme de réduction des méfaits en fournissant aux consommateurs de drogues des trousses d’injection et d’inhalation.

Il travaille aussi à accroître les formations offertes pour l’administration de naloxone, un médicament qui peut neutraliser une surdose d’opioïdes.

La naloxone sert à contrecarrer les effets d’une surdose d’opioïdes. ( Rafferty Baker/Radio-Canada)

La communauté de Watson Lake, dans le sud du territoire, doit d’ailleurs lancer d’ici quelques jours une campagne d’information pour sensibiliser le public à cette problématique et offrir des ateliers sur, entre autres, l’administration de naloxone.

Le gouvernement yukonnais n’a toutefois pas annoncé de nouveau financement pour faire face à la hausse des surdoses mortelles.

Matisse Harvey, Radio-Canada

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