Le marché immobilier du Yukon en faveur du vendeur

Les plus récentes données du Bureau des statistiques du Yukon montrent que les prix de l’immobilier sont toujours élevés. Le prix moyen pour une maison unifamiliale était de 508 800 $ entre janvier et mars, soit 6,7 % de plus qu’à la même période l’an dernier.
Les données concernant les ventes de propriétés au Yukon durant le début de la pandémie ne seront connues qu’à l’automne, mais à en croire la fluctuation saisonnière du marché ces dernières années, la valeur devrait se situer encore bien au-delà des chiffres annoncés.
L’avocat spécialisé en immobilier, Serge Lamarche dit avoir observé une augmentation des prix depuis environ une décennie. La situation, selon lui, atteint ces jours-ci des sommets.
Le danger, dit l’avocat, est de voir certains acheteurs acquérir une propriété au-delà de leurs moyens financiers, d’autant que les taux d’intérêt sont appelés inévitablement à remonter selon lui.
Les agents immobiliers du territoire soutiennent que la situation est due à la rareté des propriétés mises en vente. Le président de l’association immobilière du Yukon, Marc Perreault, estime voir jusqu’à 10 acheteurs pour chaque maison mise en vente.

Des experts en immobilier soulignent également une particularité du marché immobilier yukonnais : la représentation exclusive des vendeurs par les agents immobiliers.
Des conséquences sur le marché
En règle générale, les agents immobiliers du territoire ne représentent que les vendeurs de propriétés, « un modèle plus simple pour la transaction », selon l’association immobilière du Yukon.
Marc Perreault explique que de cette façon tous les agents peuvent avoir accès aux mêmes informations sur les propriétés et la commission des agents n’est assumée que par un seul parti à chaque fois.
À Toronto, l’agent d’expérience, conférencier et témoin expert dans les litiges en immobilier, Barry Lebow, affirme que ce modèle est « très étonnant » et non sans conséquences sur l’équilibre du marché.
Un déséquilibre potentiel
La nature même d’une transaction immobilière est « un conflit », selon Barry Lebow, qui affirme ne pas comprendre pour quelle raison les agents ne représentent que les vendeurs.
Georges Gaucher, directeur général de Royal LePage Village dans la région de Montréal, voit aussi dans cette situation un déséquilibre.
M. Gaucher souligne que les lois de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique ont été ajustées récemment pour éviter les abus possibles.
Marc Perreault n’est pas du même avis. Selon lui, le déséquilibre vient des acheteurs.
Pas une obligation
La Loi sur les Agents immobiliers du Yukon permet à ces professionnels de représenter tant les acheteurs que les vendeurs, mais ne les oblige pas à le faire.
Marc Perreault de l’association immobilière du Yukon est d’avis que les agents, même en représentant les vendeurs, ont la responsabilité éthique de transmettre toutes les informations aux acheteurs qui, selon lui, « sont encore mieux protégés avec la Loi sur la Protection du consommateur. »
Au Yukon, c’est le gouvernement territorial qui se charge de faire appliquer ces lois. Brad Rowett, le directeur général adjoint du département de l’immobilier, affirme que la Loi sur les Agents immobiliers encadre les qualifications requises pour obtenir une licence et qu’en ce sens « la loi fonctionne bien ».
Le territoire, dit-il, compte environ 50 agents immobiliers. Le fonctionnaire affirme recevoir des plaintes principalement en ce qui a trait à ces qualifications, mais dit ne pas recevoir de plaintes d’acheteurs inquiets du manque de représentativité.
Le fonctionnaire admet ne pas savoir où ces plaintes, s’il y en avait, pourraient être adressées.
Marc Perreault quant à lui affirme n’en avoir jamais reçu à l’association et qu’au contraire, « ceux qui ont vécu l’expérience apprécient [ce] modèle. »