Le déclin de deux hardes de caribous mène à la réduction de quotas de chasse au Nunavut

Le déclin des hardes de Bluenose-Est et de Dolphin-et-Union, dans l’ouest du Nunavut, a poussé le gouvernement territorial à resserrer ses modalités de chasse. (Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest)
Le gouvernement du Nunavut a récemment resserré les modalités de la chasse au caribou, après avoir observé un « déclin continu » de la population des hardes de Bluenose-Est et de Dolphin-et-Union, dans l’ouest du territoire.

La harde de caribous de Bluenose-Est regroupe environ 19 000 bêtes, réparties de l’extrême ouest du Nunavut à l’est des Territoires du Nord-Ouest, selon le dernier dénombrement mené par le gouvernement ténois en 2018.

 Cette harde subit un déclin rapide et continu depuis qu’on a commencé à l’étudier, il y a quelques années , explique Caryn Smith, la gestionnaire intérimaire en recherche faunique du gouvernement du Nunavut.

En seulement trois ans, soit entre 2015 et 2018, le nombre de caribous issus de cette harde a chuté d’environ 50 %.

« En matière de conservation, il y a des inquiétudes portant sur le fait que la harde va continuer à diminuer à un rythme aussi rapide, ce qui pourrait mener à une longue période de récupération ou à sa disparition. »Caryn Smith, gestionnaire intérimaire en recherche faunique du gouvernement du Nunavut

Si les populations de hardes de caribous connaissent une évolution cyclique, comme en témoignent des études scientifiques et le savoir traditionnel inuit, dit-elle, plusieurs facteurs expliquent le déclin de certaines hardes depuis les dernières années.

« Les changements climatiques, l’activité humaine… Ces facteurs, lorsqu’ils sont cumulatifs, ont un impact considérable sur les hardes. »Caryn Smith, gestionnaire intérimaire en recherche faunique du gouvernement du Nunavut
La chasse n’est pas le seul facteur à l’origine de la baisse de la population de caribous, selon Caryn Smith, qui souligne avant tout les changements climatiques. (Rick Bowmer/La Presse canadienne)

Pour tenter de freiner cette tendance, le ministère de l’Environnement a annoncé vendredi que seuls 170 caribous pourront être chassés cette année. Par ailleurs, une seule femelle pourra être chassée pour chaque mâle abattu, une stratégie visant à maintenir un seuil constant de reproduction.

Le Conseil de gestion des ressources fauniques de Kitikmeot est chargé de déterminer la limite de chasse autorisée pour les caribous de la région.

La nouvelle limite touchera principalement des chasseurs de Kugluktuk, la communauté la plus proche de l’aire de répartition de la harde de caribous de Bluenose-Est.

Ces derniers devront au préalable obtenir le feu vert de l’Association des chasseurs et trappeurs de Kugluktuk, dont le mandat est de gérer les modalités de chasse de la communauté en favorisant la conservation des caribous et la sécurité des chasseurs inuit.

Dans le passé, le gouvernement du Nunavut a déjà eu à resserrer les modalités de chasse de hardes de caribous de l’ouest du territoire, dont celle de Bluenose-Est, en 2017. (Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest)
Une autre limite imposée pour la harde de Dolphin-et-Union

Une autre harde de l’ouest du Nunavut, celle de Dolphin-et-Union, connaît aussi un déclin important ces dernières années.

Entre 2015 et 2018, le nombre total de caribous est passé de 18 000 à 4 000 bêtes, selon le gouvernement du Nunavut.

Le 4 septembre, le ministère de l’Environnement a annoncé qu’au maximum 42 caribous de cette harde pourront être chassés cette année.

En 2018, la harde de caribous de Bluenose-Est comptait environ 19 000 bêtes contre 4 000 caribous pour celle de Dolphin-et-Union. (Radio-Canada)

Jerry Puglik, un chasseur inuk de 61 ans originaire de Cambridge Bay, voit d’un bon œil la mise en place de telles restrictions.

« Je suis content qu’ils aient pris cette sage décision. Maintenant, ça donnera peut-être le temps à la harde de se reconstituer. »Jerry Puglik, chasseur inuk originaire de Cambridge Bay

Il explique que la diminution de la harde de caribous de Dolphin-et-Union est telle que les chasseurs doivent parcourir des distances de plus en plus grandes pour réussir à trouver des prises.

Selon lui, cela s’explique, entre autres, par la détérioration des conditions climatiques dans la région. « Nous sommes en ce moment dans la troisième semaine de septembre, et la baie n’est toujours pas glacée, dit-il. Il y a 10 ans, vous auriez vu des motoneiges ici sur l’océan. »

Une vue aérienne de la région de Kivalliq, dans le centre du Nunavut, où a eu lieu en 2012 une opération de dénombrement de bœufs musqués. (Gouvernement du Nunavut)
Politiques de conservation

Dans le passé, le gouvernement du Nunavut a déjà eu à resserrer les modalités de chasse de hardes de caribous de l’ouest du territoire, dont celle de Bluenose-Est en 2017.

En vertu de la Loi concernant l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, le ministère de l’Environnement est autorisé à instaurer des limites de prises, mais des restrictions plus poussées doivent faire l’objet de concertations auprès des communautés concernées.

Les autorités de gestion de la faune doivent d’ailleurs se réunir à Cambridge Bay, au mois d’octobre, pour discuter des politiques à venir en matière de quotas de chasse de la harde de Dolphin-et-Union.

Un nouveau dénombrement de caribous devait avoir lieu cette année dans l’ouest du Nunavut, mais la crise sanitaire l’a interrompu jusqu’à nouvel ordre.

Avec les informations de Sara Minogue

Matisse Harvey, Radio-Canada

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