Disparition d’un pionnier canadien de la recherche en Arctique

Louis Fortier en mission dans la mer de Beaufort en juin 2004. (Radio-Canada)
Un monument de la recherche sur les changements climatiques et l’Arctique s’est éteint lundi. Originaire de Québec, Louis Fortier a succombé à une leucémie à l’âge de 66 ans.

L’océanographe de renommée mondiale s’est principalement fait connaître en tant que fondateur et directeur d’ArcticNet, un réseau de centres d’excellence du Canada qui étudie les transformations de l’Arctique depuis le début des années 2000.

Il a directement contribué à la conversion, en 2003, d’un brise-glace de la Garde côtière canadienne en navire scientifique à la fine pointe de la technologie qui sera baptisé l’Amundsen, un nom désormais connu à travers tout le pays et synonyme d’excellence en matière de recherche.

Louis Fortier et son équipe seront de toutes les expéditions dans les eaux glacées du Grand Nord.

« Il a contribué de façon colossale à la compréhension intuitive et analytique du réchauffement arctique en décloisonnant sciences naturelles, sciences de la santé et sciences sociales. […] Le pays a repris, en bonne partie grâce à lui, son leadership scientifique dans l’Arctique. »Ordre national du Québec, 2008

Au cours d’une première mission en Arctique qu’il dirigera en 2003 et 2004, l’Amundsen reste en mer pendant 390 jours sans escale pour une expédition dans la mer de Beaufort. Plus de 220 chercheurs se succèdent à bord pour tenter de comprendre comment les changements climatiques affecteront l’écosystème marin arctique.

Cette mission est souvent considérée comme le point tournant qui a permis au Canada de réaffirmer son expertise scientifique dans l’Arctique sur la scène internationale. C’est aussi le point de départ d’une nouvelle ère de la recherche nordique.

L’Amundsen à quai dans port de Churchill, au Manitoba. (John Woods/La Presse canadienne)

Excellent vulgarisateur et soucieux de rendre la science accessible, il refusait rarement une occasion de parler de son métier.

 C’est la plus grande mission de tous les temps pour l’Amundsen , déclarait-il en 2007, alors que le navire le vait les amarres pour une expédition historique de 15 mois dans le cadre de l’Année polaire internationale.

« Probablement la plus grande mission aussi qui a jamais été déployée pour comprendre le réchauffement de l’Arctique, ce qui se produit actuellement et aussi les impacts que ça va avoir sur les Inuits. »Louis Fortier, océanographe et biologiste
Aux premières loges des changements

Pendant toute sa carrière, il aura été aux premières loges pour observer les effets du réchauffement climatique sur le Grand Nord canadien.

« On a vu depuis une trentaine d’années la transformation très rapide : la disparition de la banquise, la fonte du pergélisol, les changements dans la végétation, dans la distribution des animaux, etc. On voit vraiment le changement climatique en marche », racontait-il dans une de ses dernières entrevues avec Bruno Savard, en mars 2019.

L’océanographe et biologiste Louis Fortier. (Radio-Canada)

À chaque occasion, il a milité sur la base d’arguments scientifiques pour que les pouvoirs publics agissent et protègent les populations à risque.

« Il y a deux fronts sur lesquels il faut combattre : l’atténuation du réchauffement planétaire, en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre, et ça, on n’en fait pas assez, c’est évident, et aussi la préparation, l’adaptation, c’est-à-dire les stratégies qu’on va utiliser pour [atténuer] les différents impacts », analysait-il dans cette même entrevue.

« Il va y avoir des impacts négatifs c’est sûr, mais aussi des impacts positifs. Il faut voir comment on peut se préparer à tous ces changements-là. »Louis Fortier, en entrevue au Téléjounal Québec en mars 2019

Louis Fortier a reçu de nombreuses distinctions pour ses travaux. Il a notamment été fait officier de l’Ordre du Canada en 2007 et officier de l’Ordre national du Québec en 2008.

Depuis 2003, l’Amundsen a séjourné plus de 1700 jours en mer et il a parcouru l’équivalent de plus de 10 fois la circonférence de la Terre. En partie grâce à la vision de Louis Fortier, plus de 1500 chercheurs, techniciens, étudiants, professionnels et journalistes de plus de 20 pays ont pu monter à bord pour faire avancer la science et la vulgariser au bénéfice du grand public.

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