Dans le Nord canadien, l’enneigement dicte la survie des lièvres d’Amérique au Yukon
Au Yukon, les changements de conditions d’enneigement liés au changement climatique pourraient réduire le taux de survie des lièvres d’Amérique, entraînant par la même occasion la baisse de leur nombre de prédateurs, selon une récente étude.
Michael Peers, étudiant en post-doctorat à l’Université Memorial de Terre-Neuve, est le coauteur d’une étude parue récemment dans la revue Nature Climate Change, qui s’intéresse aux effets du changement climatique sur le cycle proie-prédateurs que sont les lièvres d’Amérique (snowshoe hare) et les lynx du Canada.
Avant d’aller à l’autre bout du pays, il a passé plusieurs années à étudier les premiers aux abords du parc national Kluane, au Yukon.
Le chercheur a observé que les changements dans les quantités de neige sont très importants pour la survie des lagomorphes, leurs longues pattes leur permettant de se déplacer plus facilement sur la neige abondante et molle.
Moins de neige hiver après hiver
C’est cette particularité qui va leur donner un avantage sur leurs prédateurs : ces lièvres peuvent rester plus longtemps et courir plus facilement sur ce type de neige. Les coyotes, une espèce arrivée relativement récemment au Yukon (il y a environ 80 ans), ont des pattes trop petites et ne peuvent donc pas courir dans ce type de neige facilement, explique l’étudiant.
Les lynx du Canada, un autre prédateur phare de l’espèce, sont eux plus adaptés pour chasser des lièvres dans toutes les conditions d’enneigement.
Pourtant, pendant ses recherches, Michael Peers a observé que, quand la neige est peu profonde, les lièvres sont tués beaucoup plus fréquemment et, généralement, par les coyotes, plus que par les lynx. Selon lui, ces conclusions ne sont pas fragmentaires et pourraient signifier que les lièvres risquent fortement de décliner dans la région.
De plus, dernièrement, une baisse de la quantité de neige a été observée dans la région, ainsi que des hivers moins longs.
Des augmentations de population moins importantes
Alors que le nombre de lièvres varie naturellement à peu près chaque décennie, au pic, il peut y avoir jusqu’à 200 individus par kilomètre carré, comparativement à 5 par kilomètre carré au pire moment du cycle. Pourtant, aujourd’hui, les lièvres sont de moins en moins nombreux au moment du pic, selon Michael Peers.
Et, bien sûr, si les lièvres sont moins nombreux, leurs prédateurs suivront aussi la tendance, car ils auront du mal à se nourrir.
Pour autant, le lièvre d’Amérique est loin d’être considéré comme une espèce en danger. Il est, au contraire, présent dans toute la forêt boréale, répartie d’est en ouest du pays.
Quant à savoir si les lièvres d’Amérique s’adaptent aux effets des hivers moins rudes, Michael Peers assure qu’il n’a encore pas observé de lièvres qui restent gris-brun toute l’année. « Les hivers sont encore longs dans le Nord », reconnaît-il. Toutefois, la question se pose bel et bien.
Quelle que soit la réponse, le réchauffement de la planète ne semble vraiment pas profiter à l’espèce.