Des Autochtones du Grand Nord canadien dénoncent la vente de baux dans la Réserve faunique de l’Arctique

La Réserve faunique nationale de l’Arctique (ANWR) en Alaska abrite notamment le troupeau des caribous Porcupine. Selon les Gwich’in, les forages pétroliers dans la zone auront des conséquences catastrophiques sur la faune locale. (Associated Press/U.S. Fish and Wildlife Service)
Le gouvernement des Vuntut Gwitchin au Yukon et le Conseil Gwich’in aux Territoires du Nord-Ouest dénoncent le pas en avant du gouvernement américain qui a formellement lancé la procédure de vente de baux dans la Réserve faunique nationale de l’Arctique (ANWR) en Alaska.

Les Gwich’in disent qu’ils ne comptent pas se laisser faire alors que lundi, le Bureau américain de la gestion des terres a lancé un appel à candidatures pour le Coastal Plain Oil and Gas Leasing Program, un processus qui demande aux compagnies pétrolières et gazières où elles veulent forer dans la plaine côtière de la ANWR.

Le refuge abrite des communautés autochtones et des populations d’animaux sauvages, notamment des caribous et des ours polaires. Selon les Gwich’in et leurs alliés, les projets pétroliers et gaziers auraient des conséquences catastrophiques pour la faune.

Bernadette Demientieff, du comité directeur des Gwich’in, affirme que ces derniers se battent à « tous les niveaux » du gouvernement et qu’ils n’abandonneront pas.

« Nous venons de gens forts. Et nous continuons à suivre la direction de nos aînés. »Bernadette Demientieff, du comité directeur des Gwich'in

Selon le site web du Bureau américain de gestion des terres, la plaine côtière du refuge arctique est « très prometteuse pour les ressources pétrolières et gazières », avec une estimation de 4,25 et 11,8 milliards de barils de « pétrole techniquement récupérable ».

Une action « désespérée » du gouvernement Trump

Le gouvernement des Vuntut Gwitchin et le Conseil Gwich’in estiment qu’avant même la mise en place de l’étape de la vente des baux à des concessionnaires privés, le gouvernement américain aurait usé de « méthodes non démocratiques » pour « glisser » une disposition dans la Loi de 2017 sur les réductions d’impôts et la création d »emplois. Il aurait aussi mené un processus « illégal » de déclaration d’impact environnemental, déclarent-ils dans un communiqué conjoint mardi.

Le chef Dana Tizya-Tramm, de la Première Nation des Gwitchin Vuntut insiste que les raisons de cette décision sont politiques et non économiques : « Des investisseurs représentant des milliards de dollars d’actifs et des dizaines de banques mondiales l’ont reconnu et ont clairement indiqué que le forage de ces terres est une mauvaise affaire. »

Dans une déclaration, le grand chef Ken Smith du conseil tribal des Gwich’in déclare que le Conseil a « continuellement » exprimé que les coûts environnementaux et sociaux de tout développement dans le refuge « dépassent largement tout avantage économique potentiel qui pourrait en résulter ».

Pour lui, la vente de baux est une action « désespérée de dernière minute » pour menacer le style de vie de la Nation Gwich’in.

Les groupes disent s’attendre à ce que le bureau publie un avis de vente de bail et une déclaration de vente détaillée au moins 30 jours avant la tenue d’une vente de bail.

Peu d’intérêt financier

Doug Matthews, un analyste du pétrole et du gaz, qui a passé sa carrière à travailler dans ce domaine pour le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, a déclaré à CBC/Radio-Canada qu’il n’était pas sûr que les entreprises se précipitent sur cette opportunité, car plusieurs facteurs rendent l’opération peu séduisante.

« Le prix du pétrole est à la baisse et il y aura forcément des procès, donc je ne suis pas sûr que les entreprises voudront se lancer à pieds joints dans ce projet. »Doug Matthews, analyste du pétrole et du gaz

Il ajoute que personne ne connaît précisément la quantité de pétrole qui se trouve dans l’ANWR. Il pense aussi que les entreprises pourront subir des réactions négatives lorsqu’elles expriment leur intérêt pour le développement de ces terres.

« C’est un retour en arrière majeur non seulement parce que c’est peut-être du pétrole qu’on n’a pas besoin, mais aussi parce que c’est une région sauvage assez vierge, importante pour les caribous et pour les croyances culturelles des Gwitchin de la région », soutient-il.

La vente des baux pourrait pourtant avoir lieu avant que le président désigné Joe Biden reprenne les rênes de la Maison-Blanche. Le démocrate avait fait savoir à plusieurs reprises qu’il s’opposait à des explorations dans la Réserve faunique nationale de l’Arctique, tout comme l’avait fait l’administration Obama en son temps.

Avec les informations de Associated Press et Yukon Morning

Radio-Canada

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