Dans le Grand Nord canadien, plus de 50 % des habitants ont déjà été victimes de violences

Selon un rapport de Statistique Canada, les femmes du Grand Nord étaient beaucoup plus susceptibles que les hommes d’avoir été agressées sexuellement. (Ivanoh Demers/Radio-Canada)
Un peu plus de la moitié des femmes (52 %) et des hommes (54 %) des trois territoires du Nord ont été victimes d’au moins une agression physique ou sexuelle depuis l’âge de 15 ans, selon un rapport de Statistique Canada.

Ces chiffres tranchent avec la situation des provinces dont les chiffres se situent à 39 % pour les femmes, et à 35 % pour les hommes.

Les données sont tirées de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, menée avant la pandémie (en 2018) et qui visait à « enrichir les connaissances sur la violence fondée sur le sexe ». Les résultats excluent les violences dans le cadre de relations intimes.

Alors que plus de la moitié des habitants du Nord affirment avoir subi des violences après avoir atteint l’âge de 15 ans, avant cet âge, plus du tiers de femmes (35 %) et quasiment un tiers d’hommes (31 %) disent avoir subi une agression physique ou sexuelle.

Le rapport indique également que les femmes sont trois fois plus susceptibles que les hommes (39 % contre 12 %) d’avoir subi des agressions sexuelles et six fois plus susceptibles de l’avoir été durant les 12 mois précédant l’enquête.

Les chiffres sont encore plus élevés lorsqu’ils concernent les femmes issues de la communauté LGBTQ2+, les femmes ayant subi des violences alors qu’elles étaient enfants ainsi que les femmes présentant une incapacité physique ou mentale.

Les hommes sont, eux, plus nombreux à avoir été victimes d’une agression physique.

Un impact sur la santé mentale

L’étude montre aussi que plus du quart des femmes qui ont été agressées sexuellement au moins une fois depuis l’âge de 15 ans estiment que leur santé mentale est mauvaise ou passable. Le rapport ne dessine toutefois pas de lien de cause à effet entre la prévalence de la violence chez une personne et les autres problèmes sociaux ou de santé.

Le rapport précise également que seule une agression sexuelle sur huit est signalée à la police. Cependant, la plupart des victimes d’agression sexuelle (82 %) disent l’avoir signalée à une tierce personne telle qu’un membre de la famille ou un ami.

Les résidents du Yukon, plus touchés par la violence

D’après le rapport, c’est au Yukon que se trouvent les personnes les plus susceptibles de déclarer avoir subi au moins une agression sexuelle ou physique depuis l’âge de 15 ans. « Dans ce territoire, un peu plus de 6 femmes sur 10 (61 %) et autant d’hommes (61 %) ont subi au moins une agression sexuelle ou physique depuis l’âge de 15 ans », lit-on dans le document.

Aux Territoires du Nord-Ouest, ces chiffres se rapprochent de la moyenne des trois territoires (52 % pour les femmes et 55 % pour les hommes).

Le Nunavut semble légèrement moins touché par ce phénomène de violence, puisque 42 % des femmes et 46 % des hommes qui y résident ont déclaré avoir subi une agression sexuelle ou physique depuis l’âge de 15 ans.

Selon Statistique Canada, c’est dans les plus importantes collectivités comme Iqaluit (58 %) ou Rankin Inlet (56 %) que « la prévalence de la victimisation avec violence était relativement similaire à celle observée à l’échelle de l’ensemble des territoires. »

Comme une majorité d’Inuit vivent dans de petites communautés, le nombre des femmes (41 %) et des hommes (42 %) inuit déclarant avoir été victimes de violence depuis l’âge de 15 ans s’est révélé inférieur à celui enregistré chez les non-Autochtones (56 % des femmes et 58 % des hommes).

En revanche, le rapport émet une réserve quant à ces résultats, d’autres études ayant montré une normalisation de la violence chez certaines femmes inuit, héritée de la période coloniale et des pensionnats autochtones, ce qui pourrait avoir pour conséquence une sous-déclaration de la violence à leur égard.

Radio-Canada

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