Dans le Grand Nord canadien, l’entreprise Énergie Yukon vise une production quasi entièrement renouvelable en 10 ans

Les génératrices de gaz naturel sont nécessaires par grand froid, selon le producteur Énergie Yukon pour répondre à la demande, particulièrement aux heures de pointe. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
La société d’État Énergie Yukon a déposé devant l’Assemblée législative son grand projet de développement en infrastructures pour la prochaine décennie dont la facture est estimée à plus d’un demi-milliard de dollars.

Le plan, résolument ambitieux, vise à répondre à la demande anticipée en énergie de la prochaine génération de Yukonnais tout en atteignant les objectifs de réduction de gaz à effet de serre établis par le gouvernement territorial dans sa grande stratégie sur les changements climatiques.

Le plan prévoit une dizaine de projets dont certains sont déjà en cours de planification. D’autres, à plus long terme, nécessitent encore l’obtention d’un financement.

Le plan de développement d’Énergie Yukon prévoit la construction d’une ligne de transmissions vers Atlin en Colombie-Britannique et Skagway en Alaska. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Le PDG d’Énergie Yukon, Andrew Hall, a bon espoir que le plan dans son ensemble obtiendra l’aval des gouvernements. « C’est un plan qui en termes relatifs est atteignable. […] Le plan en soi est moins ambitieux que ceux des territoires voisins. »

« Jusqu’ici, nous avons une bonne réception. Les gouvernements aiment le fait qu’on mise sur un apport à notre système en énergie renouvelable, qui vient en collaboration avec la Colombie-Britannique et les Premières Nations. […] C’est un plan qui coche plusieurs cases. »Andrew Hall, PDG d’Énergie Yukon

Pour maximiser la génération d’énergie au territoire, le plan prévoit plusieurs partenariats avec les producteurs indépendants d’électricité, comme les projets de ferme solaire ou éolienne de certaines Premières Nations.

La ferme solaire du village de la Première Nation Vuntut Gwitchin d’Old Crow représente un exemple pour le virage en énergie verte du Yukon. (Caleb Charlie)
Projets d'infrastructures proposés par Énergie Yukon, dans l’ordre d’exécution

Stockage d’énergie sur piles au montant de 30 millions de dollars

Ce projet, dont le financement a été sécurisé, sera situé près de la centrale de Whitehorse après que certains résidents se sont opposés à l’emplacement proposé dans un secteur au nord de la capitale. Les piles auront une capacité de 8 mégawatts / 40 mégawattheures.

Augmentation du stockage d’eau des lacs du sud du Yukon

Ce projet, qui a initialement soulevé l’ire des riverains, propose d’augmenter le niveau des lacs de 30 cm, ce qui permettra à la centrale de Whitehorse de générer 6,5 gigawattheures annuellement.

Expansion de la minicentrale d’Atlin, en Colombie-Britannique

Bien qu’il s’agisse d’un projet à plus long terme, Andrew Hall affirme que les négociations sont déjà en cours depuis plusieurs mois auprès de la Première Nation Taku River Tlingit, la propriétaire de la centrale.

Centrale d’accumulation par pompage du lac Moon

Ce projet propose d’installer une turbine au bas d’une dénivellation de 3900 mètres entre le lac Moon et le lac Tutshi dans le sud du territoire. Le PDG d’Énergie Yukon affirme que le site est de classe mondiale pour un projet d’accumulation par pompage, aussi appelé pompage-turbinage (Nouvelle fenêtre)et qui consiste à pomper l’eau vers le lac et faire tourner la turbine en hiver quand le besoin en énergie est le plus important.

Ligne de transmission vers Skagway, en Alaska

Cette ligne de 138 kilovolts permettrait de vendre l’excès en électricité dont dispose Énergie Yukon en été pour alimenter le village alaskien enclavé qui peine à fournir en énergie les nombreux bateaux de croisière qui s’y arrêtent.

Le Yukon veut que, d’ici 2030, 97 % de sa production en électricité soit de source renouvelable. Présentement, cette proportion est de 93 %. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Le Yukon, contrairement aux territoires voisins, dépend déjà en majeure partie de l’hydroélectricité, mais l’ouverture de nouvelles exploitations minières, l’augmentation de la population et la dépendance accrue au chauffage électrique engendrent chaque hiver un manque à gagner énergétique qui force Énergie Yukon à se tourner vers la génération au diesel ou au gaz naturel.

Essentiellement, c’est ce que le plan propose d’améliorer, mais Andrew Hall admet qu’il ne sera jamais complètement possible d’éliminer l’énergie fossile.

« Quand on regarde la modélisation, nous atteignons 97 % en moyenne [d’énergie renouvelable] », un niveau, rappelle-t-il, qu’a connu le territoire dans les années 1990 et qui a placé le Yukon dans une position enviable au pays.

« Il est très difficile d’atteindre 100 % parce que d’une part il y a des baisses [de production] et l’énergie fossile permet de garder les lumières allumées. Deuxièmement, on a besoin du combustible fossile pour les urgences quand il y a un bris sur un morceau d’équipement. »Andrew Hall, PDG d’Énergie Yukon

Quant aux tarifs, le PDG estime que la facture des Yukonnais se compare à l’heure actuelle à celle des résidents de Toronto, mais demeure bien en deçà de celles des habitants des deux autres territoires.

Le PDG d’Énergie Yukon Andrew Hall est ravi du plan de développement des énergies renouvelables prévu pour les 10 prochaines années. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Énergie Yukon attend présentement la réponse de la Régie des entreprises du service public pour une augmentation des tarifs qui, selon Andrew Hall, aura très peu d’incidence sur la facture des consommateurs. « À peine 70 cents de plus pour les résidents, et une baisse d’un ou deux dollars pour les commerces. »

Les responsables visent donc à obtenir du gouvernement fédéral la majeure partie du financement pour les projets en infrastructures, de façon à assurer un impact minimal sur les Yukonnais.

Le plan note toutefois l’incertitude entourant cette source de financement et prévoit certains plans alternatifs sous forme de partenariats auprès des Premières Nations ou d’autres groupes, comme la Société de conservation du Yukon.

Ainsi, selon les projets retenus au fil des ans, la facture totale pourrait atteindre 651 millions de dollars, ou 163 millions de dollars avec l’aide du fédéral.

Claudiane Samson, Radio-Canada

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