Traverser l’Arctique canadien en ski de fond : le défi 2021 de Jacob Racine
L’aventurier gaspésien Jacob Racine prévoit relever tout un défi en 2021 : skier 1600 kilomètres dans l’Arctique canadien. Le résident d’Escuminac participera à la section nordique de l’expédition AKOR, la plus longue traversée du Canada dans un axe nord-sud jamais tentée.
Jacob Racine s’envolera en mars vers Eureka au Nunavut, la deuxième des communautés les plus nordiques du monde, au 80e parallèle.
Avec deux autres aventuriers, il entamera un périple de 1600 kilomètres en ski de fond qui le mènera jusqu’à Gjoa Haven, avec un seul arrêt pour se ravitailler en trois mois à la baie Resolute.
« On skie 100 % de notre trajet sur la banquise », explique Jacob Racine. « On est sur de l’eau, il y a des marées, des fractures glaciaires. On va être dans des canyons. Pour le paysage, il y a des endroits où on va être encaissés entre des montagnes, et des fois on va être en pleine mer glacée. Du point de vue de la logistique et de la préparation de l’expédition, c’est vraiment stimulant. »
Rien ne doit être laissé au hasard pour survivre en autonomie complète à 1600 kilomètres au nord du cercle polaire. Tout au long de l’expédition, Jacob Racine tirera un traîneau pesant environ 115 kilogrammes (250 lb).
« On va avoir beaucoup de nourriture déshydratée dans des sachets », précise Jacob Racine. « Notre eau, ça va être la neige qu’on va faire fondre, donc on doit avoir beaucoup d’essence pour les réchauds. On doit aussi avoir notre équipement de camping et tout ce qu’il faut pour faire face à des imprévus, comme des trousses de médicaments, de premiers soins et du matériel pour réparer nos traîneaux, nos tentes et nos vêtements. »
Les aventuriers devront également prévoir le nécessaire pour tenir les ours polaires à distance, particulièrement durant la nuit.
« On va avoir une clôture autour du campement, explique Jacob Racine, où il va y avoir des détecteurs de mouvement. Donc, si un ours passe devant le détecteur, ça devrait nous réveiller et nous permettre de réagir. »
Un deuxième système avec cordage et détonateur sera aussi mis dans les bagages, puisque les piles des détecteurs de mouvement pourraient ne pas résister au froid polaire.
Et comme si ce n’était pas suffisant, l’aventure comprend aussi la traversée du détroit de Barrow, une section de 50 kilomètres où les glaces pourraient être mobiles.
« Ça va être quelque chose d’intense », explique Jacob Racine, tout sourire. « Étant donné qu’on va être sur une banquise qui est flottante, il va falloir qu’on s’assure, premièrement, qu’on est sur des plaques de glace qui ne vont pas se défaire durant la nuit et, deuxièmement, que cette plaque de glace là va dans la bonne direction. »
Un aventurier aguerri
Jacob Racine n’en est pas à ses premières armes : il a déjà relié Montréal et Kuujjuaq en ski de fond, foulé la terre de Baffin, dérivé sur les glaces du fleuve Saint-Laurent et atteint le centre de l’Amérique du Sud en vélo et en radeau.
Le défi hivernal que pose le premier segment de l’expédition AKOR le stimule particulièrement.
« À la base, je suis un gars qui adore l’hiver », explique Jacob Racine. « C’est vraiment ma saison préférée, et plus je vais dans le nord, plus le niveau de difficulté augmente. »
Lorsqu’on lui demande pourquoi il aime se placer intentionnellement dans des situations périlleuses, l’aventurier d’Escuminac répond du tact au tact : « J’ai l’impression d’être sur mon X. J’ai l’impression de faire ce pour quoi j’ai été fait. C’est ma façon de me réaliser, le moyen d’être moi-même et de centupler mes capacités. »
Cinq personnes prendront part à différentes portions de l’expédition AKOR. Seuls deux membres feront la traversée complète nord-sud du Canada, une aventure de 7600 kilomètres qui devrait prendre sept mois.
Une partie de l’aventure dont la facture s’élève à 350 000 $ est sociofinancée grâce à des dons du public.