La fonte du pergélisol entraîne des problèmes majeurs dans l’Arctique canadien

L’étude canadienne s’est penchée sur les liens entre les changements climatiques et la fonte du pergélisol (permafrost) et a évalué les impacts réels sur les habitants du Nord et les implications plus vastes dans le monde. (Photo : Adrian Wojcik /iStock)
La combinaison de l’élévation du niveau de l’océan et des effets du réchauffement climatique mondial provoque des variations marquées dans les régions arctiques de la planète.

Ces modifications sont visibles surtout à mesure que les paysages gelés se réchauffent et dégèlent, conclut le nouveau rapport Rapid Response Assessment of Coastal and Offshore Permafrost (en anglais seulement) produit par le gouvernement du Canada.

Cette étude, effectuée à la demande du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et de GRID-Arendal, un centre de communications de la Norvège, a trouvé que parmi les changements observés les dernières années, certains touchent les infrastructures et les populations vivant le long de la côte arctique, dont :

  1. L’érosion rapide des côtes,
  2. L’affaissement du sol, les glissements de terrain,
  3. La modification de la dynamique des eaux souterraines et de surface (lacs, cours d’eau et infiltrations en surface).

Les données obtenues par les chercheurs coïncident avec celles que d’autres chercheurs locaux et des résidents des communautés arctiques ont signalées auparavant lorsque consultés par des instances nationales et internationales.

Le pergélisol couvre environ un cinquième de la surface terrestre. (iStock)

Depuis longtemps, ils se disaient préoccupés par la rapidité avec laquelle les changements climatiques modifient le pergélisol dans les collectivités du Haut-Arctique canadien particulièrement.

« Les impacts sont réels et profonds : le Canada possède le littoral arctique le plus long du monde, et ces zones se sont réchauffées de deux à trois fois plus rapidement que la moyenne du réchauffement mondial au cours des 50 dernières années. »Extrait du rapport

L’urgence d’élaborer un plan d’action scientifique pour résoudre ce problème a été soulignée dans le rapport qui a étudié en profondeur l’état du pergélisol sur terre et en mer et auquel ont contribué 13 chercheurs de la Commission géologique du Canada (CGC) du ministère des Ressources naturelles (RNCan).

Impacts dans les communautés
« Les problèmes se concentrent surtout sur la côte de la mer de Beaufort au Canada et en Alaska, ainsi que sur les rivages de la mer de Sibérie orientale. Dans des collectivités comme Tuktoyaktuk (Territoires du Nord-Ouest), par exemple, la fonte du pergélisol constitue souvent une menace pour les maisons, les routes et d’importants sites culturels, ainsi que pour les milieux marin et côtier. Ce phénomène a un effet profond sur les traditions nordiques et autochtones, plus spécialement dans les collectivités dont la survie dépend de la terre, de la mer et de la glace. »Extrait du rapport

L’étude s’est aussi penchée sur les liens entre les changements climatiques et la fonte du pergélisol et évalue les impacts réels sur les habitants du Nord et les implications plus vastes dans le monde.

Ce sujet d’importance constitue une priorité pour les chercheurs et d’autres personnes et groupes concernés dans le monde entier.

Lorsque le PNUE a lancé pour la première fois un appel à contribution il y a plus de deux ans, plus de 70 experts de renom et membres de la communauté locale se sont montrés intéressés.

Scott Dallimore, chercheur canadien à la CGC, a assumé dans le rapport que le rôle de responsable technique dans ce projet et ne manque jamais de souligner l’ampleur de cette remarquable collaboration et le niveau d’engagement qu’elle a suscité.

Une approche mondiale est nécessaire
« Nous avons adopté une démarche interdisciplinaire qui a permis de regrouper des géologues, des spécialistes du pergélisol, des chercheurs des milieux marin et côtier, des géophysiciens et des biogéochimistes. Nous avons sollicité la contribution d’enseignants du Nord et avons discuté avec des ingénieurs qui s’efforcent d’entretenir les infrastructures nordiques. Plus important encore, nous voulions que les habitants du Nord nous décrivent les changements qu’ils souhaitent que nous apportions à nos méthodes de travail scientifiques dans l’Arctique afin qu’ils puissent s’impliquer plus directement dans activités et que les jeunes de leurs communautés puissent aussi y participer. »Scott Dallimore, chercheur à Commission géologique du Canada

Les recommandations disponibles dans le rapport sont d’une portée considérable, selon le ministère canadien de Ressources naturelles.

Elles préconisent notamment de faire participer les communautés locales au processus, de tenir compte des connaissances locales dans l’activité scientifique et de faire en sorte que les jeunes Autochtones aient la possibilité de s’impliquer.

Le rapport énonce également des orientations concernant la nouvelle science pour faciliter l’évaluation de géorisques et l’élaboration de stratégies ciblées qui permettront de bâtir des infrastructures plus « résilientes ».

RCI avec les informations de la Commission géologique du Canada (CGC) du ministère Ressources naturelles Canada (RNCan) et GRID-Arendal

Paloma Martínez, Regard sur l'Arctique

Née au Mexique, Paloma s'est installée au Canada il y a plus de 20 ans. Elle est géographe de formation, journaliste de profession et candidate à la maîtrise en Communication internationale et interculturelle. Elle aime parler des gens et des lieux. Paloma s'intéresse particulièrement à la réalité de son pays d'adoption (Canada) et de son pays et région d'origine (Mexique, Amérique latine). Elle travaille à Radio Canada International depuis 2002.

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