Conflit minier au Nunavut : statu quo entre Baffinland et des chasseurs inuit

La Cour de justice du Nunavut a prolongé l’ordonnance d’injonction provisoire en vigueur depuis mercredi et qui vise des chasseurs inuit qui protestaient sur le site de la mine Mary River, dans l’est du Nunavut. (Matisse Harvey/Radio-Canada)
Les chasseurs inuit qui ont bloqué jusqu’à mercredi la piste d’atterrissage et une route de la mine Mary River, au Nunavut, sont toujours tenus légalement de laisser les employés quitter la mine par avion, et ce, même s’ils ont quitté les lieux.

Lors d’une audience devant la Cour de justice du Nunavut, samedi, la juge Susan Cooper a prolongé pour une durée indéterminée l’ordonnance d’injonction provisoire allant en ce sens.

« L’ordonnance émise la semaine dernière reste en vigueur jusqu’à la prochaine ordonnance de la cour », a-t-elle annoncé alors qu’elle prenait part à l’audience par téléphone depuis Arctic Bay.

La juge a demandé plus de temps pour examiner de nouveaux éléments soulevés durant l’audience avant de déterminer si elle accorde ou refuse la demande d’injonction interlocutoire de l’entreprise minière.

Son ordonnance donne suite à une demande de l’entreprise Baffinland, qui opère la mine.

Cette dernière avait dû suspendre ses activités et clouer au sol ses quelque 700 employés après que des chasseurs protestataires ont bloqué l’accès à la piste d’atterrissage et à une route de la mine pendant environ une semaine.

Opposition à l’expansion de la mine

Le groupe de manifestants formé de chasseurs inuit, dénommés les Nuluujaat Land Guardians, protestait contre la deuxième phase du projet d’expansion de la mine de fer Mary River, qui est située à environ 176 kilomètres au sud-ouest de la communauté de Pond Inlet.

L’entreprise minière espère construire un chemin de fer d’une centaine de kilomètres pour doubler sa production de minerai de fer, la faisant passer de 6 millions à 12 millions de tonnes par an.

Or, les groupes de chasseurs craignent notamment que le chemin de fer n’empêche des caribous de traverser la région et que l’augmentation du transport maritime soit dévastatrice pour la population de narvals, considérée comme la plus importante au monde.

La deuxième phase du projet d’expansion prévoit la construction d’un chemin de fer d’environ 110 km reliant le site de la mine Mary River au port de Milne Inlet. (Radio-Canada)
Blocage terminé

Les manifestants ont quitté le site de la mine, mercredi soir, pour regagner leurs communautés de résidence, soit Arctic Bay et Pond Inlet, après que l’Association inuit de Qikiqtani et l’Association Nunavut Tunngavik Inc. leur ont proposé une rencontre en personne qui doit avoir lieu dans les prochains jours.

« Nous croyons qu’une injonction n’est pas nécessaire puisque les Guardiens ont quitté la piste d’atterrissage et la route », a affirmé l’avocate qui représente les chasseurs, Lori Idlout.

En audience, elle a notamment appelé la juge à tenir compte du « besoin de réconciliation, de compromis et de négociations dans ce dossier » avant d’accorder l’injonction.

Lori Idlout, du cabinet d’avocats Qusugaq Law Offices, représente le regroupement de chasseurs inuit. (Matisse Harvey/Radio-Canada)
Une suite incertaine

L’entreprise Baffinland craint toutefois que les chasseurs recommencent leurs protestations et bloquent à nouveau les déplacements en provenance et à destination de la mine.

« Ils disent qu’ils vont continuer leurs actions sur le territoire à moins qu’ils voient du progrès découler des rencontres proposées », a souligné durant l’audience l’avocat représentant l’entreprise minière, Brad Armstrong.

« [L’injonction] est nécessaire pour que l’entreprise poursuive ses activités sans interruption », a-t-il poursuivi. « Elle montrera aux Guardiens qu’ils ne peuvent plus revenir. »

L’avocate Lori Idlout n’a pas été en mesure de confirmer que les Nuluujaat Land Guardians ne recommenceront pas à manifester.

« Je n’ai pas eu suffisamment de temps pour discuter avec les défendeurs de leurs positions puisqu’ils étaient en déplacement entre le 10 février et hier soir lorsqu’ils ont regagné leurs communautés », a-t-elle spécifié à la juge Susan Cooper.

La juge Susan Cooper doit se pencher au cours des prochains jours sur les arguments soulevés par les deux parties avant de prendre sa décision finale.

Matisse Harvey, Radio-Canada

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