Un brise-glace américain dans le passage du Nord-Ouest avec la bénédiction du Canada

La demande de Washington marque un réchauffement des relations entre les deux pays sur la question de l’Arctique. (David Goldman/Associated Press)
Un brise-glace de la garde côtière américaine empruntera le passage du Nord-Ouest avec la permission du Canada afin de passer de l’Alaska au Groenland en cours d’été. Ce voyage du navire Healy fait partie de la stratégie de renforcement de la présence américaine en mer.

Les autorités canadiennes ont confirmé, vendredi, l’information communiquée la veille par l’amiral Karl Schultz lors de son discours annuel sur l’état de la garde côtière américaine à San Diego, en Californie.

Le voyage du Healy doit commencer à Dutch Harbor, en Alaska, à la mi-août. Le brise-glace devrait accoster à Nuuk, au Groenland, à la mi-septembre.

« En vertu de l’accord entre le gouvernement du Canada et celui des États-Unis d’Amérique sur la coopération dans l’Arctique, les États-Unis doivent demander l’accord du Canada pour naviguer dans les eaux de l’archipel arctique canadien », explique le porte-parole d’Affaires mondiales Canada, Grantly Franklin.

« Les États-Unis ont également demandé de pouvoir mener des recherches scientifiques pendant leur traversée des eaux canadiennes et Ottawa étudie cette demande. »Grantly Franklin, porte-parole d’Affaires mondiales Canada
Quel accord?

L’accord entre le gouvernement du Canada et celui des États-Unis d’Amérique sur la coopération dans l’Arctique a été signé le 11 janvier 1988 par des représentants des gouvernements canadien et américain.

En plus de reconnaître la nécessité de coopérer pour la défense de l’Arctique, l’avancement de la science et la protection de l’environnement et des habitants de cette région côtière, l’entente régit la navigation des brise-glace.

Il prévoit entre autres :

  • un déplacement facile des brise-glace des deux pays dans leurs eaux respectives;
  • un partage de l’information récoltée dans le cadre de recherches marines dans les eaux du Grand Nord;
  • et un engagement de Washington « à ce que tous les déplacements des brise-glace américains dans les eaux revendiquées par le Canada comme ses eaux intérieures soient effectués avec le consentement du gouvernement du Canada ».

Les deux pays reconnaissent en outre leurs divergences d’opinions sur la souveraineté des eaux de la région. Le Canada les considère comme des eaux intérieures, alors que les États-Unis y voient des eaux internationales.

Soulignant le contexte particulier créé par la pandémie, Grantly Franklin précise que « le Canada collabore actuellement avec les États-Unis pour s’assurer que le Healy respecte les règles canadiennes, dont celles qui visent à limiter la propagation de la COVID-19. »

Selon la garde côtière américaine, le brise-glace a emprunté le passage du Nord-Ouest pour la dernière fois en 2003, et le dernier de ses navires à avoir emprunté le passage est le USCGC Maple, en 2017.

L’annonce survient à peine trois mois après la publication de la Stratégie maritime tripartite de la défense américaine, un document qui exigeait « une présence navale américaine et des partenariats soutenus dans l’Arctique. »

Un « retour à la normale »

Selon l’expert canadien en défense Rob Huebert, la demande de permission de Washington envoie « un message clair de retour à la normale des relations [canado-américaines] après l’ère Trump. »

Cette coopération renouvelée donne également à penser que, malgré la remise en question de la légitimité de la souveraineté canadienne dans l’Arctique par l’administration Trump, le Canada et l’administration Biden veulent travailler ensemble pour la défense de l’Amérique du Nord, ajoute M. Huebert.

Le directeur du Centre pour la sécurité et la résilience de l’Arctique de l’Université de l’Alaska à Fairbanks, Troy Bouffard, voit également dans cette annonce un retour vers les relations habituelles entre Ottawa et Washington sur la question de l’Arctique.

Si l’accord prévoit que Washington demande la permission avant d’emprunter le passage, Ottawa s’engage à accorder cette permission lorsqu’elle est demandée.

« C’est le genre de coopération bilatérale qui doit se poursuivre », note M. Bouffard. Il ajoute que cette coopération est encore plus importante depuis que la tension entre l’Ouest, la Russie et la Chine a augmenté d’un cran.

« C’est une décision qui arrive au bon moment et qui montre l’importance de nos relations bilatérales, de la défense nord-américaine et de la coopération dans une région dont on parle beaucoup. »

Avec les informations de Levon Sevunts

Radio-Canada

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