Un appel à des mesures fortes pour contrer la crise des opioïdes dans le Grand Nord canadien

Le Dr Brendan Hanley s’inquiète de la gravité de la crise des opioïdes au Yukon, qui a fait deux fois plus de morts en 2020 qu’en 2019. Il demande notamment la mise en place de centres de consommation supervisée. (Philippe Morin/CBC)
Le médecin hygiéniste en chef du Yukon, Brendan Hanley, et d’autres leaders yukonnais demandent au gouvernement d’agir, notamment en mettant en place un centre de consommation supervisée, pour faire face à la crise des opioïdes.

Avec 7 décès depuis janvier 2021, la crise des opioïdes ne semble laisser aucun répit au territoire. En quatre mois à peine, plus de personnes sont mortes par surdose que pendant toute l’année 2019. Depuis le printemps 2016, 40 personnes sont mortes.

En conférence de presse, jeudi, la coroner en chef du Yukon, Heather Jones, a tenu à rappeler l’ampleur de la crise.

« Lorsque je regarde ces 40 décès, je vois un large éventail de personnes, certaines à peine sorties de l’adolescence et d’autres ayant plus de 70 ans, des personnes de toutes les couches de notre société et de toutes les communautés du Yukon », a-t-elle dit.

Si la situation semble s’aggraver depuis deux ans, notamment en raison de la pandémie, de nombreux leaders yukonnais demandent des mesures fortes pour contrer la tendance. Des représentants de la GRC, de la Première Nation Kwanlin Dün et du centre Blood Ties Four Directions assistaient aussi à la conférence de presse.

À la suite des élections territoriales, qui ont donné lieu à un gouvernement minoritaire, le Dr Hanley croit qu’il s’agit d’un bon moment pour agir.

Le médecin hygiéniste en chef réclame la mise en place de centres de consommation supervisée pour éviter au maximum les surdoses.

« Si on amène les personnes dans un endroit sûr pour consommer de la drogue, elles n’en consomment plus seules ou loin des soins », explique le médecin. « Et, à plusieurs reprises avec ces décès, nous observons une majorité de personnes qui consomment des drogues seules. »

La coroner en chef du Yukon, Heather Jones, affirme que les personnes touchées par la crise des opioïdes viennent de toutes les couches de la société. (Philippe Morin/CBC)

Selon la Dre Jones, les hommes de la région de Whitehorse, âgés de 20 à 49 ans, qui consomment seuls à la maison, sont les plus touchés par les surdoses.

Le Dr Hanley croit que la mise en place d’un centre de consommation supervisée à titre de projet pilote pourrait se faire dans un délai de six mois.

« Cela peut donner l’impression de soutenir la consommation de drogues, mais en réalité, les surdoses sont évitées et les gens obtiennent du soutien, des conseils en matière de soins médicaux et un accès au traitement. »Grantly Franklin, porte-parole d’Affaires mondiales Canada

Le médecin hygiéniste en chef recommande aussi la décriminalisation de petites quantités de drogue pour la possession personnelle, ainsi qu’une approche basée sur un approvisionnement sûr, qui permettrait aux utilisateurs de drogues de se voir prescrire des produits mieux contrôlés et moins toxiques que les drogues illicites.

La chef de la Première Nation Kwanlin Dün, Doris Bill, pense que l’approche de la réduction des risques peut sauver des vies. « Nous disons cela depuis longtemps : la crise des opioïdes ne va pas disparaître », affirme-t-elle, d’où la nécessité de mettre en place ces mesures rapidement.

Du carfentanil sur le territoire

La situation est d’autant plus pressante que, selon Heather Jones, l’approvisionnement en drogues au Yukon devient de plus en plus instable et mortel.

L’inspectrice Lindsay Ellis, chef du détachement de la GRC de Whitehorse, affirme que ses équipes ont utilisé de la naloxone dans 26 interventions depuis avril 2020. Cette substance contre les effets d’une surdose d’opioïdes. (Philippe Morin/CBC)

Dans tous les décès de cette année, on a constaté la présence de fentanyl, et dans deux d’entre eux, des traces de carfentanil, un opioïde beaucoup plus dangereux.

La GRC confirme avoir observé cette tendance sur le terrain. L’inspectrice Lindsay Ellis affirme que la GRC a procédé à une saisie de carfentanil en janvier à Whitehorse.

Selon Mme Ellis, deux personnes originaires de la Colombie-Britannique s’étaient installées dans un hôtel avec 11 grammes de carfentanil mélangé à de la caféine et s’apprêtaient à en vendre.

« Près de 11 grammes de carfentanil auraient pu être distribués à pas moins de 100 Yukonnais, avec des conséquences mortelles », conclut-elle.

Laureen Laboret, Radio-Canada

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