La chaleur s’installe dans le Grand Nord canadien

À Old Crow, la plage était bien achalandée mardi après-midi alors que le thermomètre affichait 29,7 degrés Celsius. (Photo : Jason Van Fleet)

Environnement Canada a publié des avertissements de chaleur pour le nord des Territoires du Nord-Ouest et pour Old Crow, le village le plus au nord du Yukon, où le thermomètre affichait 29 degrés Celsius à l’ombre mardi.

À Old Crow, les températures sont en train de dépasser les 28 degrés Celsius durant deux jours d’affilée et il n’est pas prévu que le mercure descende sous 13 degrés Celsius la nuit. Des chiffres qui représentent les seuils qu’Environnement Canada s’est fixés pour publier des avertissements de chaleur.

« On voit que, dans les autres régions du Yukon, on se rapproche de ces seuils, mais je pense que la raison pour laquelle on a publié un avertissement de chaleur pour Old Crow, c’est qu’on est tellement au nord que les gens là-haut ne doivent pas être acclimatés aux conditions chaudes », explique Natalie Hasell, météorologue de sensibilisation aux alertes à Environnement Canada.

C’est aussi ce que confirme Brandon Kyikavichik, un habitant de la communauté. « Je ne sais pas quelle température il fait, mais pour un peuple de l’Arctique qui n’a pas l’habitude de ce genre de chaleur, c’est assez inconfortable. »

Pourtant, dans la communauté, les effets du réchauffement climatique s’observent déjà depuis longtemps. Brandon Kyikavichik raconte que Sarah Abel, une Autochtone du Yukon qui s’était installée à Old Crow dans les années 1950, disait déjà dans les années 1980 que les choses étaient en train de changer.

« C’était bien avant qu’on parle de changements climatiques », rappelle-t-il.

Brandon Kyikavichik travaille à Old Crow auprès des aînés dont il documente le savoir traditionnel. La vague de chaleur que connaît la région l’inquiète particulièrement pour cette population. (Photo : Brandon Kyikavichik)

Depuis, lui aussi a entendu les aînés dire que le soleil avait changé entre le moment où ils étaient plus jeunes et aujourd’hui.

Il avoue s’inquiéter particulièrement pour cette tranche de la population, qui peut être plus sensible aux températures élevées.

Il s’en fait aussi pour les animaux, notamment les caribous et les saumons, dont dépendent les habitants d’Old Crow, membres de la Première Nation Vuntut Gwitchin.

Il y a peu d’eau dans les rivières, et les températures élevées vont réchauffer cette eau, ce qui n’est vraiment pas bon pour les saumons. On peut donc s’attendre à une forte mortalité pour les œufs qui sont en période d’incubation.

Aux T.N.-O., le thermomètre s’emballe aussi

Dans le nord des Territoires du Nord-Ouest, le long de la vallée du fleuve Mackenzie, la température a aussi atteint des sommets, et il devrait y faire chaud jusqu’à jeudi, selon Environnement Canada.

Adi Scott, la coordinatrice de la serre d’Inuvik, avoue qu’en trois ans dans la communauté elle n’avait jamais connu ça. À l’intérieur, il faisait 46 degrés mardi après-midi.

Pour préserver au maximum les plantes et les cultures, celles-ci ont toutes dû être descendues du 2e au 1er étage. Elles sont aussi arrosées deux fois par jour, plutôt qu’une.

Il n’y a pas que les végétaux qui sont surveillés pendant ces chaleurs. Nous nous assurons que les employés prennent soin d’eux, qu’ils fassent des pauses, qu’ils boivent. Nous faisons attention les uns aux autres.

La serre communautaire dans la petite ville arctique d’Inuvik a été créée en 1998. Mardi, il faisait 46 degrés à l’intérieur alors que la température extérieure atteignait les 29 degrés. (Photo : Radio-Canada)

La météorologue Natalie Hasell conseille elle aussi de boire beaucoup d’eau, mais également de mouiller ses vêtements pour rester au frais, car peu de bâtiments sont équipés de l‘air climatisé dans ces régions situées au nord du cercle polaire.

À la fin du mois de juin, les deux territoires avaient déjà connu des températures très élevées, dont des records absolus pour les Territoires du Nord-Ouest, provoquées par le dôme de chaleur qui a recouvert l’ouest du pays.

Adi Scott n’est toutefois pas trop inquiète pour la suite. « Tant que nous avons beaucoup d’eau, cela devrait aller.

Laureen Laboret, Radio-Canada

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