Accord entre les États-Unis et l’Allemagne sur le gazoduc Nord Stream 2

Le logo du projet de gazoduc Nord Stream 2 est visible sur un tuyau de grand diamètre à l’usine de laminage de tuyaux de Chelyabinsk, en Russie, le 26 février 2020. (Maxim Shemetov / Reuters )

Les gouvernements américain et allemand ont annoncé mercredi un accord pour clore leur dispute au sujet du gazoduc controversé Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne (le gaz provenant des champs de la péninsule de Yamal qui donne sur l’Arctique ).

Les opposants à Joe Biden dénoncent un « cadeau » au président russe Vladimir Poutine.

Dans une déclaration commune, les États-Unis et l’Allemagne font planer la menace de nouvelles sanctions en cas de dérapage de Moscou dans l’utilisation de ce projet. Ils s’engagent à tenter de compenser les pertes pour l’Ukraine, qui sera privée d’une partie du transit de gaz russe par le futur gazoduc.

« Si la Russie devait tenter d’utiliser l’énergie comme une arme ou commettre d’autres actes agressifs à l’égard de l’Ukraine, l’Allemagne prendra des mesures au niveau national, et fera pression pour des mesures efficaces au niveau européen, y compris des sanctions, pour limiter les capacités d’exportation russes vers l’Europe dans le secteur énergétique », affirment les deux pays alliés.

Ils plaident aussi pour que le gaz continue de transiter par l’Ukraine après 2024, échéance actuellement prévue dans un accord avec la Russie. « L’Allemagne s’engage à utiliser tous ses moyens de pression pour faciliter une extension pouvant aller jusqu’à 10 ans supplémentaires » de cet accord sur le transit, et va nommer « un émissaire spécial pour soutenir ces négociations » d’ici le 1er septembre, selon la déclaration commune.

Dans une conversation téléphonique, la chancelière allemande Angela Merkel et le président Poutine ont d’ailleurs envisagé dès mercredi la possibilité d’une telle prolongation au-delà de 2024, a rapporté le Kremlin.

Enfin, Berlin a promis de créer un fonds vert pour soutenir la transition énergétique de l’Ukraine, initialement abondé par l’Allemagne à hauteur d’au moins 150 millions d’euros, afin de « promouvoir et soutenir des investissements pour au moins un milliard de dollars » venant notamment du secteur privé.

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a fait part de son soulagement face à cette solution constructive.

Et, selon Moscou, Angela Merkel et Vladimir Poutine sont satisfaits de voir que la construction de Nord Stream 2 était sur le point d’être achevée.

De fait, l’accord américano-allemand semble lever les derniers obstacles à son achèvement. Le gouvernement américain a fait valoir que la fin des travaux était désormais inéluctable et a donc tout fait pour présenter ce compromis comme un moindre mal.

Zelensky invité fin août

Les États-Unis s’opposent vivement, et depuis des années, à ce gazoduc. Ils déplorent qu’il passe par la mer Baltique, mais pas par l’Ukraine, menaçant de priver ce pays d’une partie des revenus perçus sur le transit, mais aussi d’un moyen de pression sur Moscou.

Joe Biden a toutefois fini au printemps par renoncer à imposer des sanctions pour bloquer le projet, estimant qu’il était trop tard et qu’il valait mieux miser sur la coopération avec l’Allemagne, favorable, elle, à Nord Stream 2.

Cette marche arrière a valu au président américain les critiques des républicains, mais aussi de nombreux ténors de son camp démocrate.

Lors de sa visite à Washington la semaine dernière, Angela Merkel avait réaffirmé que l’Ukraine devait rester un pays de transit pour le gaz russe, tandis que Joe Biden avait dit partager avec elle « la conviction qu’il ne faut pas laisser la Russie utiliser l’énergie comme une arme ». Des déclarations qui avaient posé les jalons de l’accord annoncé mercredi.

Sans attendre les détails, les républicains avaient dénoncé dès mardi ce compromis.

«On a toujours su que Biden partageait le lit de Poutine, voilà que maintenant ils se font des câlins», a raillé, provocateur, le sénateur trumpiste Ted Cruz, évoquant un «cadeau» permettant aux «dictateurs russes» de «faire du chantage énergétique» à l’Europe.

La numéro trois de la diplomatie américaine Victoria Nuland lui a répliqué mercredi, lors d’une audition au Sénat, que le gouvernement Biden avait hérité d’un Nord Stream 2 «terminé à plus de 90 %», et donc impossible à stopper, alors qu’en 2016, lorsque Donald Trump est arrivé à la Maison-Blanche, les États-Unis étaient selon elle «en passe de bloquer le gazoduc».

Elle a aussi dû démentir les informations selon lesquelles Washington avait fait pression sur les autorités ukrainiennes pour qu’elles taisent leurs critiques, évoquant des «consultations étroites» avec Kiev.

La Maison-Blanche a fait savoir dans la foulée que le président Biden recevrait son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky le 30 août.

L’Ukraine et la Pologne ont néanmoins réaffirmé, dans la foulée de l’accord américano-allemand, que Nord Stream 2 était une menace pour toute l’Europe centrale.

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