Les vagues de chaleur appelées à devenir plus fréquentes dans le Grand Nord canadien

La forte chaleur des derniers jours n’a pas épargné le nord du Canada. (Batuhan/Toker Istock)

Si les températures ont battu des records dernièrement dans le sud-ouest du Canada, le nord du pays n’a pas non plus été épargné.

Aux Territoires du Nord-Ouest, par exemple, un record de 38,1 degrés a été établi à Nahanni Butte pour la température la plus élevée depuis le début des relevés météorologiques dans la localité en 1957. Un événement qui pourrait bien ne pas être unique à l’avenir.

Si le phénomène de chaleur dans le nord est exceptionnel, la météorologue de sensibilisation aux alertes pour Environnement Canada, Natalie Hasell, affirme que des températures bien au-dessus de la normale pourraient être relevées jusqu’à la mi-juillet.

« Pour le reste de la saison ce n’est pas impossible que ça se répète ou que dans les années qui viennent on voie des événements encore une fois de chaleur se répandre et arriver dans les Territoires du Nord-Ouest », souligne-t-elle.

Des phénomènes extrêmes qui vont augmenter en fréquence

Impossible de ne pas voir ce phénomène comme un effet du réchauffement climatique, affirme pour sa part Benoît Turcotte, chercheur en hydrologie à l’Université du Yukon, un territoire qui a un peu moins souffert de la vague de chaleur jusque-là.

Pour lui, les inondations actuelles dans le sud du territoire sont un autre exemple de l’impact du réchauffement climatique. L’accumulation de neige l’hiver dernier, les pluies abondantes du printemps « cela a créé un ruissellement par-dessus la fonte de neige, explique-t-il, donc le sol est saturé. Les températures qui ont augmenté dernièrement ont aussi empiré les choses [en ce qui a trait aux inondations]. »

Le niveau de la rivière Nares atteignait presque la structure du pont de la ferroviaire White Pass and Yukon Route mardi. (Tagish/Premiere Nation Carcross)

Le nord se réchauffe trois fois plus vite que le reste de la planète, alors les températures des derniers jours ont bien sûr de quoi semer l’inquiétude. Sans compter que de tels événements extrêmes sont appelés à se reproduire plus souvent dans les années à venir, disent les scientifiques.

« C’est bizarre à dire, mais maintenant des conditions moyennes, on va en voir moins fréquemment », s’inquiète d’ailleurs Benoit Turcotte.

La fonte du pergélisol, un facteur de plus

Sans compter qu’au nord, un phénomène particulier inquiète les experts déjà depuis longtemps : la fonte du pergélisol. Mais pour Fabrice Calmels, directeur de recherche en pergélisol et en géoscience à l’Université du Yukon, les températures chaudes des derniers jours ne sont pas une menace imminente.

« Une vague de chaleur est souvent assez limitée dans le temps, un des impacts directs c’est sur que ça va réchauffer la température du pergélisol, explique-t-il. Mais ensuite, il faut voir quel va être la tendance le reste de l’été, si on a des températures plus fraîches, ça peut annuler l’impact. »

Il explique néanmoins qu’une courte vague de chaleur intense aura tout de même des effets sur le pergélisol en occasionnant un dégel rapide de la couche active, c’est-à-dire la couche de sol à la surface qui gèle et dégèle chaque année. Il prévient que des « phénomènes de glissement » pourraient donc se développer.

La fonte du pergélisol occasionne des glissements de terrain, comme ici à Whitehorse. (Photo : Université du Yukon)

En outre, la chaleur et la sécheresse pourraient occasionner des feux de forêt plus fréquents. Et s’ils se déclenchent dans des zones où se situe le pergélisol, brûlant les couverts végétaux qui fournissent de l’ombrage au sol, là encore la fonte pourrait être plus rapide.

Une fonte difficile à limiter

S’il n’est pas anormal que le pergélisol fonde, l’important est de trouver un équilibre. « Dans le pergélisol, ce qui est vraiment important, c’est de permettre son refroidissement pendant l’hiver. Donc, l’effet le plus négatif serait vraiment d’avoir une hausse des températures hivernales qui est la période durant laquelle on extrait la chaleur du pergélisol pour le refroidir. »

Pour M. Calmels, il faut donc impérativement limiter les émissions de gaz à effets de serre de façon globale pour éviter les phénomènes liés au dégel du pergélisol. Mais à l’échelle locale, il avoue que le champ d’action est limité.

À moins de manipuler l’environnement à grande échelle, comme planter des espèces qui favoriseraient l’établissement du pergélisol, comme des mousses, c’est très très cher et pas nécessairement voué au succès, car ce n’est pas dit que ces végétations se maintiennent.Fabrice Calmels, directeur de recherche en pergélisol et en géoscience, Université du Yukon

Avec des informations de Claudiane Samson

Laureen Laboret, Radio-Canada

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