Grand Nord : sur le plus haut sommet du Canada pour étudier le passé

Rebecca Haspel, Toby Harper-Merrett, Alison Criscitiello et Zac Robinson sur le sommet du mont Logan en mai (Photo : Zac Robinson)

Analyser les glaces en profondeur de la plus grande montagne du Canada pour étudier le passé et observer les effets du réchauffement climatique, c’est la mission que se sont donnée des scientifiques de l’Université de l’Alberta.

« C’est l’endroit le plus difficile pour mener une étude scientifique », dit Alison Criscitiello, directrice du Canadian Ice Core Lab de l’Université de l’Alberta de retour d’une expédition de cinq semaines sur le mont Logan, au Yukon.

Avec trois autres scientifiques, elle a atteint le plus haut sommet du pays en 10 jours avec plus de 60 kilos de matériel sur le dos.

« En mai, nous sommes allés en haut pour déterminer les meilleurs endroits où nous irons prélever des carottes glaciaires l’année prochaine avant de les analyser dans notre laboratoire à Edmonton », explique Mme Criscitiello.

Selon elle, les études sur les plus grandes montagnes de la planète sont plus rares que celles effectuées aux pôles Nord et Sud, alors que les montagnes peuvent cacher des informations précieuses.

Les scientifiques ont dû monter et descendre plusieurs fois certaines sections avant d’arriver au sommet. La descente s’est faite en ski. (Photo : Zac Robinson)

« Au mont Logan, on peut étudier des carottes de glace parmi les plus anciennes du monde. Le dernier forage, en 2002, était remonté 16 000 ans en arrière. Avec la technologie d’aujourd’hui, nous espérons remonter 30 000 ans en arrière », ajoute la directrice du Canadian Ice Core Lab.

Ces scientifiques souhaitent retracer l’historique des températures, des incendies de forêt et des retombées de cendres volcaniques du passé à nos jours.

Leur expédition a été conduite avec plus d’un an de retard à cause de la pandémie. Leurs collègues américains n’ont pas pu les rejoindre au Yukon.

L’équipe a finalement été uniquement canadienne.

Des milliers de photos

Parmi elle, Zac Robinson, professeur d’histoire à l’Université de l’Alberta spécialiste des montagnes. Il a eu comme rôle de recalculer la hauteur du sommet avec des récepteurs dernier cri posés sur le pic pendant 35 minutes.

L’élévation calculée a été de 5957 mètres. En 1992, des scientifiques l’avaient évaluée à 5959 mètres, avec une marge d’erreur de trois mètres. La montagne n’a donc pas rétréci ou grandi.Zac Robinson, Université de l'Alberta

Son autre mission a été de prendre des milliers de photos pour comparer l’évolution de la montagne avec d’anciens clichés datant de 1924, de 1950 et de la fin des années 60 et 90.

Pendant son ascension, l’équipe a remarqué que la neige à la surface était moins abondante à 3000 mètres d’altitude que trois ans auparavant.

Le radar utilisé pour analyser la structure intérieure du sommet a été déposé par hélicoptère. L’équipement pèse plus de 180 kilos. (Photo : Zac Robinson)
Les montagnes, témoins et victimes des changements climatiques

« Les changements sont visibles sur la partie basse, mais moins sur la partie haute, au-dessus de 5000 mètres. Il fait encore très froid là-haut », avoue Zac Robinson.

Il espère faire réfléchir le monde sur les changements climatiques grâce à ces évolutions flagrantes observées en comparant des photos du passé avec des prises actuelles.

« Les montagnes sont un sérieux indicateur. Les changements climatiques que l’on voit sur Terre débutent d’abord dans nos montagnes. Il faut en prendre conscience pour être le mieux préparé. »

La prochaine expédition devrait avoir lieu en mai 2022 avec une équipe plus grande.

Axel Tardieu, Radio-Canada

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