Tasser la neige pour préserver le pergélisol dans le Grand Nord canadien

Alice Wilson mène une expérience qui vise à compacter de la neige dans six zones du delta du Mackenzie pour voir si cela ralentit la fonte du pergélisol. (Karli Zschogner/CBC)
Une scientifique de la Commission géologique des Territoires du Nord-Ouest mène une expérience qui consiste à tasser de la neige pour empêcher le pergélisol de fondre le long de la route entre Tuktoyaktuk et Inuvik.

La neige est comme une couverture qui conserve la chaleur du sol, et une chercheuse qui se trouve à Inuvik tente de compacter cette couverture pour ralentir la fonte du pergélisol et les dommages que cela entraîne sur les infrastructures du territoire.

« Plus la neige est duveteuse et épaisse, plus elle emprisonne la chaleur dans le sol », explique Alice Wilson, une scientifique spécialiste du pergélisol. Elle mène une étude qui consiste à tasser la neige dans six zones le long de la route entre Inuvik et Tuktoyaktuk, afin de voir si cela relâche de la chaleur et abaisse les températures du sol.

Si l’expérience se révèle positive, Mme Wilson pense que la technique pourrait être utilisée pour freiner les dommages causés aux routes et aux autres infrastructures par la fonte du pergélisol.

Ce dernier est défini comme un sol dont la température est égale ou inférieure à zéro degré Celsius pendant plus de deux ans, et il peut être constitué de sol, de roche, de sable et de glace.

Kurt Wainman, le propriétaire de l’entreprise Northwind Industries, participe au projet. Selon lui, la fonte du pergélisol affecte beaucoup les routes dans l’Arctique. (Joslyn Oosenbrug/CBC)

« Ça a des effets sur tout », déplore Kurt Wainman qui possède l’entreprise de construction et de transport Northwind Industries, d’Inuvik. Celle-ci aide actuellement la scientifique à compacter de la neige dans le cadre de l’expérience.

Nous espérons voir qu’il y a un remède, peut-être stabiliser et freiner cette fonte. Cela aiderait nos routes dans les environs.Kurt Wainman, propriétaire de Northwind Industries

Il ajoute que le dégel du pergélisol crée des « bosses et des trous » sur les routes.

Trois ans de recherches

Le projet, mené en partenariat avec l’Institut Aurora pour la recherche et l’Administration des terres Inuvialuit (ILA), en est à sa troisième et dernière année.

Mme Wilson explique que le compactage se fait en conduisant une autoneige, un gros véhicule sur chenilles, sur une parcelle de terrain pour rendre la neige moins épaisse et plus dense.

L’activité s’est faite trois fois par hiver et a permis de réduire la profondeur de la neige de 50 %, ajoute encore la chercheuse. À ce jour, les résultats montrent que cela a eu un impact sur les zones d’étude.

« Nous observons que les températures de l’air sont plus étroitement liées aux températures du sol. »

Elle note cependant que la collecte des données s’achève tout juste et qu’il reste encore du travail à faire pour comprendre les informations et la façon dont les variables, comme un sol humide en été, peuvent avoir un effet.

Pour compacter la neige, l’équipe responsable du projet utilise des autoneiges. (Institut Aurora pour la recherche)

Un rapport sur les effets du changement climatique sur les infrastructures des T.N.-O. publié par le ministère des Affaires communautaires et municipales en décembre soutient que les communautés du delta du Mackenzie (Inuvik, Tuktoyatuk, Tsiigehtchic, Aklavik et Fort McPherson) sont « les plus vulnérables » à la fonte du pergélisol, car dans la région, il est « chaud » et contient beaucoup de glace.

« La raison pour laquelle nous voulons que le pergélisol reste stable, au moins dans cette région, c’est parce que notre vraie crainte vient de la fonte de la glace à l’intérieur du pergélisol […]. Lorsque la glace fond, vous allez avoir des affaissements, ce qui constitue un problème pour les infrastructures. »

Alice Wilson soutient que garder le pergélisol froid pendant l’hiver peut faire en sorte qu’il ne fonde pas pendant l’été, ce qui le rend plus stable pour les infrastructures concernées.

Kurt Wainman espère que le projet sera un succès et qu’il pourra être transformé en outil permettant de ralentir la fonte de cette couche de sol.

« C’est important pour moi, d’un point de vue personnel. C’est chez moi, je suis né et j’ai grandi ici. Je voudrais voir mes enfants et petits-enfants profiter de la région du delta également, sans la voir fondre. »

Selon Mme Wilson les prochaines étapes du projet consistent à l’étendre à d’autres régions, continuer à surveiller les parcelles sans compacter leur neige et compacter là où le dégel du pergélisol cause des dommages.

Avec des informations de Liny Lamberink

Radio-Canada

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