Les vagues de froid extrême aux États-Unis seraient liées au réchauffement rapide de l’Arctique

Des jours de froid glacial en février 2020 ont privé d’électricité des millions de personnes et provoqué l’éclatement de canalisations d’eau dans l’État du Texas. (Kena Betancur/AFP)
Selon les conclusions d’une nouvelle étude, le réchauffement rapide de l’Arctique dû au changement climatique pourrait être à l’origine des hivers plus froids aux États-Unis, notamment les inédites périodes glaciales qu’ont connues les États du Texas et de la Louisiane en février dernier.

L’étude publiée dans la revue Science indique qu’un vortex polaire a forcé l’air froid – normalement piégé dans l’Arctique – à se déplacer vers d’autres parties du monde. Elle fournit ainsi la première preuve d’une corrélation possible entre la tempête hivernale meurtrière de février et le réchauffement climatique d’origine humaine.

« Nous utilisons une analyse observationnelle pour montrer qu’une perturbation moins connue du vortex polaire stratosphérique (SPV) qui implique la réflexion des ondes et l’étirement du SPV est liée au froid extrême dans certaines parties de l’Asie et de l’Amérique du Nord », peut-on lire dans le document.

L’Arctique se réchauffe présentement deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Les chercheurs ont toutefois démontré comment le réchauffement pouvait étirer et affaiblir le vortex polaire qui maintient l’air froid dans l’Arctique.

« Les scientifiques ont combiné des observations et des modèles pour démontrer que le changement de l’Arctique est probablement une cause importante d’une chaîne de processus impliquant ce qu’ils appellent une perturbation du vortex polaire stratosphérique, qui se traduit finalement par des périodes de froid extrême dans les latitudes moyennes du Nord. »Étude : « Lien entre la variabilité et le changement de l'Arctique et les conditions météorologiques hivernales extrêmes aux États-Unis »

L’étude « apporte la preuve qu’un réchauffement de la planète ne nous protégera pas nécessairement des effets dévastateurs des phénomènes météorologiques hivernaux violents », a déclaré l’auteur principal, Judah Cohen, professeur au MIT à Boston.

Pas encore de consensus

D’après les experts, la fonte de la glace de mer, l’augmentation des chutes de neige en Sibérie et la hausse rapide des températures dans l’Arctique risquent de perturber le système météorologique qui retient habituellement l’air froid dans l’Arctique.

Cette perturbation peut avoir un effet d’entraînement important sur des schémas météorologiques complexes et peut faire en sorte que le système, connu sous le nom de vortex polaire, s’étire et permette à l’air froid de se déplacer sur certaines parties des États-Unis et du Canada, ont écrit les chercheurs.

Rappelons que l’épisode de gel extrême survenu au Texas en février a causé la mort de 170 personnes et a engendré de gros dégâts dans cet État du sud, qui n’était pas équipé pour faire face à de telles conditions.

« L’Arctique se réchauffe à un rythme deux fois plus rapide que la moyenne mondiale et les phénomènes météorologiques hivernaux violents seraient en augmentation dans de nombreuses régions très peuplées des latitudes moyennes, mais il n’existe aucun consensus sur l’existence d’un lien physique entre ces deux phénomènes. »Étude : « Lien entre la variabilité et le changement de l'Arctique et les conditions météorologiques hivernales extrêmes aux États-Unis »

Il n’existe pas encore de consensus au sein de la communauté scientifique en ce qui concerne les effets du réchauffement de l’Arctique sur la baisse des températures dans d’autres zones du globe.

Il reste que même si les climatologues s’interrogent toujours sur l’existence d’un « lien physique » entre le réchauffement de l’Arctique et les conditions météorologiques hivernales de plus en plus extrêmes observées dans plusieurs régions du monde, la vague de froid qui a frappé le Texas en février était probablement le résultat de ce processus décrit dans l’étude, notent les scientifiques.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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