Les élections fédérales terminées : une organisation inuit demande maintenant au Canada d’accroître son soutien à la population urbaine

Amanda Kilabuk, directrice générale de Tungasuvvingat Inuit. (Photo : Tungasuvvingat Inuit)
L’organisation Tungasuvvingat Inuit, qui offre des services à la population de l’Ontario, demande au prochain gouvernement libéral d’augmenter le soutien financier aux Inuit vivant dans le sud du Canada.

« Alors que la population des Inuit urbains se déplace vers le sud du pays, nous rappelons au gouvernement libéral que ces déplacements se font par la contrainte », a déclaré mardi par communiqué de presse l’organisme TI.

Les Canadiens ont voté lundi pour un gouvernement libéral minoritaire qui reflète à peu près la répartition des sièges du gouvernement avant le déclenchement en août dernier de l’élection surprise.

« Souvent, il n’y a pas d’autre choix que de se déplacer vers les régions du sud, car le coût personnel et financier de rester dans le Grand Nord est devenu insoutenable. Le manque de logement, le coût exorbitant de la vie, le manque d’emploi, l’indisponibilité de soins de santé adéquats, la poursuite d’études supérieures, l’emploi et les problèmes liés à la consommation de substances et aux traumatismes ne sont que quelques-unes des raisons de cet exode. »Tungasuvvingat Inuit

« Nous attendons avec impatience la poursuite de nos relations avec le gouvernement libéral », a indiqué TI.

« Il est important de noter que les données publiées par le recensement de 2016 confirment la présence à plus de 40 % des populations inuit en zones urbaines », a ajouté l’organisme.

La nécessité d’un financement sur mesure

Amanda Kilabuk, directrice générale de l’organisme TI, affirme que de nombreuses statistiques ne tiennent pas compte du nombre réel de la population inuit, car celles-ci ne prennent pas en compte les Inuit qui sont également à moitié issus des Premières Nations ou à moitié Métis.

« Les Inuit ayant des origines multiples ne sont souvent pas inclus, a dit Mme Kilabuk lors d’un entretien téléphonique. Une enquête sera publiée et nous espérons obtenir plus d’informations. Mais si la tendance se poursuit, comme nous le constatons à TI, cela signifie qu’une majorité d’Inuit finira par vivre en dehors de l’Inuit Nunangat. »

Rappelons que l’Inuit Nunangat est un terme utilisé pour désigner les quatre régions inuit du Canada : la région désignée des Inuvialuit dans les Territoires du Nord-Ouest; le Nunavut, territoire de l’Arctique oriental; le Nunavik dans le nord du Québec; le Nunatsiavut, à Terre-Neuve-et-Labrador.

L’organisme Tungasuvvingat Inuit, basé à Ottawa, est au service des Inuit de l’Ontario. (Photo : Tungasuvvingat Inuit)

Le gouvernement libéral a fait de la réconciliation avec les peuples autochtones l’une de ses politiques importantes. L’organisme TI affirme que malgré les progrès réalisés en matière de réconciliation à l’échelle nationale, les besoins des Inuit vivant en milieu urbain nécessitent une approche adaptée.

« Nous invitons les autorités à se réunir et à discuter des problèmes spécifiques aux Inuit vivant en milieu urbain. Une gouvernance efficace et une véritable réconciliation passent par la compréhension de l’importance de la culture, des besoins et des droits des Inuit. Elle nécessite également un soutien aux populations qui vivent loin du Grand Nord », a expliqué Mme Kilabuk.

« Sur la base de la croissance explosive de la population, le besoin de services et de programmes pour les Inuit urbains continue de correspondre à l’augmentation de la population. Répondre à ces besoins uniques nécessite pour le gouvernement fédéral de mettre en place un cadre politique qui se concentre sur les Inuit vivant loin du Nord. »Tungasuvvingat Inuit

Pour la directrice, les progrès importants réalisés au cours des deux dernières années comprennent la participation de TI à un plan d’action national visant à mettre en œuvre les recommandations d’un rapport canadien historique sur la violence à l’égard des femmes autochtones et la collaboration avec Emploi et Développement social Canada, le ministère responsable des programmes sociaux et du marché du travail, sur une stratégie de main-d’œuvre inuit urbaine.

La structure gouvernementale doit être repensée, a souligné Mme Kilabuk. Elle croit que la structure gouvernementale telle qu’on la connaît aujourd’hui, qui distribue les fonds destinés aux Inuit par l’intermédiaire des organisations, rend difficile la prise en compte des besoins des Inuit dans un contexte urbain.

« Lorsque le gouvernement du Canada s’engage avec les Inuit par le biais du Comité de partenariat entre les Autochtones et la Couronne, cela passe par Inuit Tapiriit Kanatami (l’organisation inuit nationale au Canada) qui ne possède pas de représentation inuit urbaine ni un forum de financement général destiné aux organisations inuit », a dit la directrice.

« Nous ne voulons pas enlever ni diminuer les ressources dont l’Inuit Nunangat a tant besoin, a toutefois répété Mme Kilabuk. Cependant, la relation entre le gouvernement et les organisations inuit est défectueuse puisqu’elle ne tient pas en compte le 40 % de la population inuit vivant en dehors de l’Inuit Nunangat. Les Inuit urbains passent aujourd’hui entre les mailles du filet. »

Il y a environ 64 235 Inuit au Canada. On estime que 6000 Inuit vivent en Ontario, soit environ 9 % de la population inuit totale du pays.

Eilís Quinn, Regard sur l'Arctique

Eilís Quinn est une journaliste primée et responsable du site Regard sur l’Arctique/Eye on the Arctic, une coproduction circumpolaire de Radio Canada International. En plus de nouvelles quotidiennes, Eilís produit des documentaires et des séries multimédias qui lui ont permis de se rendre dans les régions arctiques des huit pays circumpolaires.

Son enquête journalistique «Arctique – Au-delà de la tragédie » sur le meurtre de Robert Adams, un Inuk de 19 ans du Nord du Québec, a remporté la médaille d’argent dans la catégorie “Best Investigative Article or Series” aux Canadian Online Publishing Awards en 2019. Le reportage a aussi reçu une mention honorable pour son excellence dans la couverture de la violence et des traumatismes aux prix Dart 2019 à New York.

Son reportage «Un train pour l’Arctique: Bâtir l'avenir au péril d'une culture?» sur l'impact que pourrait avoir un projet d'infrastructure de plusieurs milliards d'euros sur les communautés autochtones de l'Arctique européen a été finaliste dans la catégorie enquête (médias en ligne) aux prix de l'Association canadienne des journalistes pour l'année 2019.

Son documentaire multimedia «Bridging the Divide» sur le système de santé dans l’Arctique canadien a été finaliste aux prix Webby 2012.

En outre, son travail sur les changements climatiques dans l'Arctique canadien a été présenté à l'émission scientifique «Découverte» de la chaîne française de Radio-Canada, de même qu'au «Téléjournal», l'émission phare de nouvelles de Radio-Canada.

Au cours de sa carrière Eilís a travaillé pour des médias au Canada et aux États-Unis, et comme animatrice pour la série «Best in China» de Discovery/BBC Worldwide.

Twitter : @Arctic_EQ

Courriel : eilis.quinn@radio-canada.ca

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