Les failles sur les plateaux de glace de l’Antarctique mieux comprises par les scientifiques

Cette photo montre une faille qui, en quelques mois, s’est élargie encore plus et a libéré en 2016 un immense iceberg de la plate-forme glaciaire Larsen C de l’Antarctique. (NASA)
Des chercheurs de la NASA ont découvert un processus glaciaire qui pourrait être à l’origine de la rupture en 2017 d’un iceberg de la taille de l’État du Delaware de l’immense plateforme de glace Larsen C de l’Antarctique, dans l’hémisphère Sud.

Selon les experts, une combinaison (composée de neige soufflée par le vent, de morceaux d’icebergs et de glace de mer) est essentielle pour maintenir la solidité des plateformes de glace. Mais d’après les observations, la glace pourrait se briser encore plus rapidement que prévu en raison de la hausse des températures.

Les plateaux de glace, ces « langues flottantes » qui s’étendent au-dessus de l’océan, ralentissent la vitesse à laquelle les glaciers de l’Antarctique contribuent à l’élévation du niveau de la mer.

Lorsque la plateforme de glace d’un glacier s’écoule au-dessus de l’océan Austral, elle finit par s’accrocher à une île, à une crête sous-marine ou à la paroi de la baie qui entoure le glacier. « Le contact ralentit le mouvement du glacier de la même manière qu’un accident de la route ralentit la circulation derrière lui, sauf qu’un accroc sur le plateau de glace peut retenir le flux de glace dans la mer pendant des milliers d’années », indiquent dans une étude récente les chercheurs de la NASA.

Mais au cours des dernières décennies, les plateformes de glace de la péninsule Antarctique se sont déplacées et désintégrées plus rapidement, soulignent-ils. Les fissures se transforment en failles qui traversent le plateau de haut en bas et s’élargissent en largeur, libérant finalement des icebergs dans l’océan. « Cela augmente le taux d’élévation du niveau de la mer », constatent-ils.

Un mélange de plus en plus fragile

Pour les scientifiques de l’agence fédérale américaine, en augmentant les températures de l’air au-dessus et de l’eau de l’océan sous les glaciers, le réchauffement climatique est la cause sous-jacente de ce changement de comportement des plateformes de glace.

Même si la façon dont les plateaux de glace réagissent au réchauffement n’est pas entièrement comprise, les experts suggèrent que les cycles de gel et de dégel de l’eau de fonte s’accumulant sur le dessus de la glace font croître les failles. Mais si c’est le cas, comment Larsen C a-t-il pu libérer son iceberg géant en hiver 2017, alors que la glace était gelée depuis des mois?

Pour répondre à cette question, les chercheurs se sont concentrés sur un mélange qui a des propriétés naturelles similaires à celles de la colle ou du coulis, remplissant les fissures ou les espaces et adhérant à la glace et à la roche. Lorsqu’il s’accumule dans une fissure d’une plateforme de glace, il crée une fine couche aussi dure que la glace environnante qui maintient la fissure.

« Nous avons toujours soupçonné que ce mélange jouait un rôle clé, mais jusqu’à récemment, nous n’avions pas de bonnes observations de ses caractéristiques », a déclaré Eric Rignot co-auteur de l’étude et professeur à l’UC Irvine.

Pour l’auteur principal de l’étude, Eric Larour, les recherches ont permis de mettre le doigt sur un processus physique capable de déstabiliser la plateforme de glace avant un réchauffement important de l’atmosphère. Les scientifiques ont souvent utilisé l’augmentation prévue de la température de l’air pour estimer à quelle vitesse les plateformes de glace de l’Antarctique se briseront et, par conséquent, à quelle vitesse le niveau des mers du globe augmentera.

« Nous pensons que ce processus pourrait expliquer pourquoi les plateformes de glace de la péninsule Antarctique ont commencé à se disloquer des décennies avant que l’eau de fonte ne commence à s’accumuler à leur surface », a ajouté Eric Rignot. « Cela implique que les plateformes de glace de l’Antarctique pourraient être plus vulnérables au réchauffement climatique, et ce, plus tôt qu’on ne le pensait auparavant. »

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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