Les Inuvialuit demandent le retour d’un kayak exposé au Vatican

Le chef de Société régionale inuvialuit (SRI), Duane Ningaqsiq Smith, demande la restitution d’un kayak exposé au Vatican qui avait été récupéré par un évêque, dans les années 1920, aux Territoires du Nord-Ouest.
Selon l’organisme, l’embarcation appartient au peuple inuit dans l’Arctique de l’Ouest et ne doit pas être à des milliers de kilomètres.
Les Inuvialuit ont appris le 30 novembre dans un article du quotidien anglophone The Globe and Mail que l’embarcation et d’autres objets de leurs ancêtres étaient exposés aux Musées du Vatican. Le peuple, par la voix de son chef Duane Ningaqsiq Smith, demande donc leur retour immédiat.
« Ce kayak est un bout de l’histoire inuvialuit, fait par des mains inuvialuit dans les traditions inuvialuit. Il ne s’agit pas du kayak du pape, explique un communiqué de la SRI. Il appartient à juste titre à la région désignée des Inuvialuit, où ses leçons et ce qu’il représente peuvent profiter à la culture et aux communautés inuvialuit. »
Duane Ningaqsiq Smith affirme que sa communauté est aussi choquée par l’exposition « insensible » des artefacts inuvialuit et autochtones en général, dans les Musées du Vatican.

De la bonne volonté du Vatican, selon un évêque
Selon Jon Hansen, l’évêque du diocèse de Mackenzie-Fort Smith, aux Territoires du Nord-Ouest, le Vatican ne pensait pas à mal lorsqu’il a décidé d’exposer ces objets dans ses musées. Il l’a plutôt fait pour accueillir la délégation autochtone qui devait rencontrer le pape à la mi-décembre, affirme-t-il, mais le voyage a été reporté.
S’il croit qu’il y a avant tout un problème de communication en ce qui concerne l’exposition de ces objets par le Vatican, l’évêque reconnaît qu’il ne sait pas dans quelles circonstances ils ont été acquis.

M. Hansen affirme pourtant que le Vatican s’est montré ouvert à dialoguer avec les Inuvialuit et qu’il souhaiterait que les objets soient rendus. Il souligne que le kayak est très spécial parce qu’il n’en existe que six de ce type et de cette provenance, le delta du fleuve Mackenzie, dans le monde.
« Si le rapatriement de ces objets peut aider au travail de réconciliation et de guérison, alors je pense que c’est certainement un dialogue qui doit être engagé », dit M. Hansen.
Une situation universelle
Ry Moran, documentaliste universitaire qui travaille sur la réconciliation à l’Université de Victoria, affirme que le rapatriement des objets autochtones est une étape importante. « Le Vatican a l’occasion de reconnaître sa relation frauduleuse avec les peuples autochtones », mentionne-t-il.
Dans l’ensemble, cette discussion reflète ce qui se passe dans plusieurs établissements culturels occidentaux importants, qui possèdent, pour la plupart, ce type d’objets autochtones.
La Déclaration nationale des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et la Commission de vérité et réconciliation ont d’ailleurs mis l’accent dans leurs pages sur la question du rapatriement de ces objets.

M. Moran pense que ces établissements doivent se montrer ouverts avec les peuples autochtones. Ils doivent leur dire ce qu’ils possèdent, de quelle façon ces objets sont présentés au public et s’ils acceptent qu’ils soient exposés tout en étant prêts à les restituer.
Il ajoute que, depuis des décennies, plusieurs musées et établissements autochtones au pays se battent pour le retour de leurs objets exposés dans d’autres collections et que plusieurs d’entre eux, comme le Musée Haida Gwaii, en Colombie-Britannique, et le Centre culturel Woodland, en Ontario, ont eu du succès dans cette entreprise.

Pour l’aider dans sa démarche, la demande l’appui du gouvernement fédéral pour à la fois accélérer le rapatriement de ces artefacts et assurer leur entretien.
Ry Moran affirme qu’Ottawa peut faire un certain nombre de choses dans ce dossier, notamment passer par les voies diplomatiques et juridiques.
Avec les informations de Clara Pasieka