Le possible rejet d’eaux des sables bitumineux suscite l’indignation dans le Grand Nord canadien

L’eau des bassins de décantation des sables bitumineux serait traitée avant d’être relâchée dans la rivière Athabasca. (Jeff McIntosh/La Presse canadienne)
Des habitants des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) croient que l’idée d’Ottawa de permettre le rejet d’eaux des bassins de décantation des sables bitumineux dans l’environnement fera face à une forte opposition.

Alors que le ministre territorial de l’Environnement, Shane Thompson, privilégie la voie diplomatique, des leaders dénés, comme le chef de la Première Nation de Smith’s Landing, Gerry Cheezie, se préparent à une longue bataille juridique pour affirmer leur opposition au projet.

« C’est impensable. C’est une question de droits de la personne […] couplée à du racisme environnemental », soutient-il. Selon lui, le rejet de ces eaux usées dans l’environnement contrevient aux droits d’accès à l’eau et aux terres garanti par les traités.

Je ne peux pas croire que le gouvernement du Canada est prêt à rejeter des boues toxiques dans nos rivières. Nous ne resterons pas assis à ne rien faire pendant que ça se produit.Gerry Cheezie, chef de la Première Nation de Smith's Landing

Le rejet d’eaux usées de ce type est interdit, mais un groupe de travail a été mis sur pied au début de l’année 2021 à Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada pour développer des normes afin d’encadrer de futurs rejets.

Gérer 1400 milliards de litres d’eaux usées

Le fédéral prévoit de présenter une ébauche des nouvelles règles en 2024 et une version finale l’année suivante. La quantité d’eau déjà accumulée dans les bassins de décantation albertains est estimée à 1400 milliards de litres.

En vertu de la réglementation fédérale, les pétrolières sont tenues de conserver l’ensemble des eaux utilisées dans le traitement des sables bitumineux dans des bassins de décantation. (Jeff McIntosh/archives/La Presse canadienne)

Selon le chef Cheezie, les Dénés prévoient de créer une campagne d’information à propos de l’impact du rejet de ces eaux dans le Grand Nord.

Nous sommes totalement opposés au traitement et au rejet des eaux des bassins de décantation dans la rivière Athabasca, parce qu’elles finiront par se retrouver dans le Grand Lac des Esclaves, puis dans le fleuve Mackenzie, avant de se déverser dans l’océan Arctique.Gerry Cheezie, chef de la Première Nation de Smith's Landing

« La plupart de nos communautés se trouvent dans ce système fluvial », dit-il.

Le chef aimerait que le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest « prenne position », plutôt que de « se cacher » derrière un accord avec l’Alberta.

Selon lui, l’accord en question n’a « pas de dents » et ne protège pas le Nord contre les polluants.

Les tribunaux en dernier recours, dit le ministre de l’Environnement

M. Thompson affirme que son ministère est en communication avec le ministère de l’Environnement de l’Alberta à ce sujet en vertu d’un accord bilatéral sur la gestion des eaux.

Selon cet accord, les deux gouvernements sont appelés à collaborer lorsqu’il est question de modifications à la réglementation en vigueur.

« Je dois croire que le système en place permettra la tenue de discussions avec les ministres fédéral et albertain pour en arriver à une solution », note-t-il.

Shane Thompson est ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles. (Mario De Ciccio/Radio-Canada)

Il ajoute que l’information scientifique sur la nouvelle réglementation sera communiquée aux gouvernements autochtones.

S’il se dit opposé au rejet des eaux usées, le ministre Thompson affirme toutefois vouloir mettre l’accent sur la science et faire confiance à l’accord bilatéral.

Selon lui, le recours aux tribunaux est « négatif » et ne doit être considéré qu’en dernier recours.

La première ministre des T.N.-O, Caroline Cochrane, doit rencontrer Justin Trudeau cette semaine, mais son bureau soutient que la question des eaux des bassins de décantation n’est pas à l’ordre du jour.

« Nous avons entendu les inquiétudes des gouvernements et organisations autochtones, ainsi que des Ténois et nous avons les mêmes préoccupations, mais le gouvernement attend d’avoir plus d’informations avant de prendre une décision », précise un porte-parole dans une déclaration.

Avec les informations d’Avery Zingel

Radio-Canada

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