Un lièvre arctique bat tous les records en parcourant près de 400 km
Les lièvres arctiques sont connus pour se déplacer quotidiennement sur plusieurs kilomètres, mais un individu du Grand Nord canadien a stupéfait les chercheurs.
Surnommée « BBYY » (pour ses deux balises bleues (blue) à l’oreille gauche et jaunes (yellow) à l’oreille droite), la femelle a parcouru 388 kilomètres en 49 jours près d’Alert, le lieu habité le plus au nord de la planète.
Il s’agit de « la plus longue distance jamais documentée chez un lièvre, un lapin ou tout autre parent, révélant des capacités de mobilité sans précédent pour ce type de mammifères », disent, enthousiastes, les auteurs de l’étude.
Les lièvres arctiques, qui pèsent à peu près le même poids que les chats domestiques, soit environ quatre kilos, jouent un rôle important dans la chaîne alimentaire de l’Arctique comme source d’alimentation des renards et des loups notamment.
De ce fait, l’équipe de chercheurs de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) a voulu savoir comment ces animaux se déplacent dans le Haut-Arctique afin de mieux comprendre la biodiversité de la région.
À l’été 2019, l’équipe de recherche a apposé des colliers de repérage par satellite sur 25 lièvres capturés près de la pointe nord de l’île d’Ellesmere, au Nunavut, dans l’Arctique canadien.
[Publication Twitter : Sur Twitter, Sandra Lai, une des autrices principales de l’étude, a publié une carte représentant les 388 km parcourus par « BBYY » à l’automne 2019.]
Map made by @Emilie_Desj showing the record ~400 km travel of female Arctic hare « BBYY » during fall 2019. There were questions about Argos collars: Arctic hares may not look like it, but they’re actually quite big! They are 4-5kg at Alert and collars were 115g (<3% of body mass). pic.twitter.com/uBkmGkMz9N
— Sandra Lai (@Arctic_paws) December 31, 2021
La théorie de base était que les lagomorphes (la famille des lièvres et des lapins) étaient des animaux sédentaires qui parcouraient de 1 à 35 kilomètres en moyenne pour se nourrir. Dans le cas des lièvres arctiques, les biologistes ont longtemps écarté l’idée qu’ils se déplaçaient sur de longues distances.
Et pourtant, dans le cas de notre étude, 20 individus ont parcouru entre 113 et 310 kilomètres. Aucun ne s’est approché du record de « BBYY », qui est morte de causes inconnues environ un mois après avoir atteint sa destination finale. Elle aura parcouru 8 kilomètres par jour en moyenne avec un maximum de 31 kilomètres en un jour.
Dans leurs conclusions, les chercheurs avancent que ces résultats ont « des implications importantes pour l’écologie du mouvement et ouvre de nouvelles pistes pour comprendre le fonctionnement du désert polaire, l’un des biomes les plus exposés au réchauffement climatique ».
Les résultats de l’équipe de chercheurs, issus majoritairement de la Chaire de recherche du Canada en biodiversité nordique de l’UQAR, ont été publiés dans la revue scientifique Ecology.