Les éponges de mer survivent dans l’Arctique en se nourrissant de fossiles
Températures extrêmes, manque de lumière et nutriments rares, les profondeurs de l’océan Arctique offrent peu de possibilités aux êtres vivants de se développer. Pourtant, une équipe de chercheurs a récemment localisé un nombre important d’éponges dans les fonds marins volcaniques.
Alors qu’ils remorquaient une caméra à bord de leur navire situé proche du pôle Nord, des scientifiques de l’Institut allemand Alfred Wegener ont observé des éponges duveteuses aux tailles exceptionnelles frôlant parfois un mètre d’envergure.
Les experts ont été étonnés d’apprendre que d’importants jardins d’éponges semblent survivre et même prospérer au sommet de volcans sous-marins éteints. Ces éponges de plus de 300 ans et qui ne possèdent pas de tube digestif cohabitent d’ailleurs avec d’autres organismes qui contribuent à leur développement.
« Il s’agit d’un écosystème unique. Nous n’avons jamais rien vu de tel auparavant dans le Haut-Arctique central »a déclaré Antje Boetius, scientifique en chef de l’expédition.
Les chercheurs ont découvert cette oasis inattendue sous la glace lors d’une expédition dans la région à bord du célèbre navire de recherche polaire RV Polarstern, entre septembre et octobre 2016. Leurs conclusions ont été publiées dans la revue Nature Communications.
Découverte inédite
Les éponges sont présentes partout sur le globe, des récifs tropicaux aux eaux profondes de l’Arctique. La communauté scientifique sait depuis longtemps que des êtres vivants peuvent héberger une communauté complexe de micro-organismes. Mais les trouver dans un endroit aussi inhospitalier à étonner les chercheurs.
C’est en analysant les images capturées par une caméra que les chercheurs ont constaté que les substances du fond marin alimentaient un riche écosystème et permettaient la survie d’une grande variété d’espèces animales. Lorsqu’elles ont disparu, leurs fossiles sont restés pour devenir la nourriture inattendue des éponges.
C’est la première fois que des scientifiques découvrent un sol habité par des éponges dans l’Arctique. Ils soulignent l’importance d’étudier davantage cet environnement afin de mieux protéger « la diversité unique de ces mers arctiques sous la pression » des changements climatiques.