Coût de la vie dans le Grand Nord, l’inflation annuelle a grimpé à 5,1 % en janvier au Canada
Le pouvoir d’achat des Canadiens a encore diminué le mois dernier, les hausses des salaires ayant été dépassées par une inflation annuelle qui a franchi le cap des 5 % pour la première fois en plus de 30 ans.
L’indice des prix à la consommation a grimpé de 5,1 % en janvier, comparativement à une croissance annuelle de 4,8 % en décembre, a indiqué mercredi Statistique Canada, une accélération attribuable aux prix de l’habitation, de l’essence et des aliments.
Au cours de la même période, les salaires ont augmenté de 2,4 %, et l’écart du pouvoir d’achat a été exacerbé par la hausse des coûts des produits de première nécessité comme la nourriture, qui frappe souvent le plus durement les ménages à faible revenu.
L’économiste Tu Nguyen, du cabinet comptable RSM Canada, a indiqué que les ménages cherchaient déjà des moyens d’en acheter plus avec moins, soit en allant à des magasins à bas prix, soit en optant pour des protéines moins chères en remplacement du boeuf, du poulet et du poisson, qui ont tous connu des augmentations de prix plus rapides en janvier qu’en décembre.
« Plus les gens doivent dépenser pour la nourriture, le logement et l’essence, tous des articles essentiels, moins ils pourront dépenser pour des articles discrétionnaires comme les divertissements et les voyages », a observé Mme Nguyen.
« De toute évidence, avec des prix qui grimpent et des salaires qui ne suivent pas, les ménages pourraient devoir réduire leurs dépenses et cela pourrait à son tour nuire à la croissance économique. »
La pression sur les ménages devrait s’aggraver dans les mois à venir, car les moteurs de l’inflation de janvier continuent de tourner.
Les prix de l’essence ont augmenté de 31,7 % le mois dernier par rapport à janvier 2021, dans un contexte d’inquiétudes croissantes au sujet de l’approvisionnement mondial en pétrole lié à la menace d’une action militaire russe contre l’Ukraine.
En excluant les prix de l’essence, Statistique Canada indique que l’inflation annuelle se serait établie à 4,3 % en janvier, ce qui, selon l’agence, est son rythme le plus rapide jamais enregistré.
Nouvelles hausses attendues en février
L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a souligné que les prix de l’essence étaient à nouveau en hausse ce mois-ci, ce qui signifie que les Canadiens ne devraient pas s’attendre à un grand soulagement lorsque le rapport sur l’inflation de février sera publié.
Les prix des aliments achetés en magasin ont augmenté de 6,5 % d’une année sur l’autre – leur plus forte croissance annuelle depuis mai 2009 –, ce que Statistique Canada a attribué aux coûts d’expédition plus élevés liés aux problèmes de la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Les prix de l’épicerie devraient aussi augmenter en février en raison des manifestations qui ont bloqué les principaux passages frontaliers et de la forte augmentation des prix des produits laitiers au début du mois, a prédit l’économiste Andrew Grantham, de la Banque CIBC.
Les prix des logements ont augmenté de 6,2 % d’une année à l’autre, leur croissance la plus rapide depuis février 1990, en raison de la hausse des prix des logements neufs et des augmentations de loyer. Le marché canadien de l’habitation en effervescence devrait se calmer si la banque centrale augmente les taux, mais Mme Nguyen juge que ces hausses à elles seules ne résoudront pas le problème de la faible offre et de la forte demande de logements.
La banque centrale a maintenu son taux directeur à 0,25 % depuis le début de la pandémie de COVID-19, en mars 2020, mais a récemment abandonné sa promesse de le laisser à son niveau d’urgence.
Les observateurs s’attendent à ce que la banque augmente ses taux en mars, et il s’agirait probablement de la première d’une série de plusieurs hausses cette année pour tenter de calmer l’inflation.
Dans un discours prononcé mercredi, le sous-gouverneur de la Banque du Canada, Timothy Lane, a affirmé que la banque centrale s’attendait toujours à ce que l’inflation recule rapidement dans la deuxième moitié de l’année, mais a noté que l’inflation pourrait, encore une fois, se révéler plus persistante.
Il a indiqué que la banque utiliserait ses outils avec force, si nécessaire.
« Aucune politique n’est exempte de risque, mais le risque de l’inaction est souvent plus grand », a ajouté M. Lane dans le texte de son discours destiné à l’École de politiques publiques de l’Université de Calgary. « S’il est important de prendre des risques, il l’est tout autant de les prendre en pleine connaissance de cause et d’en communiquer la nature en toute transparence. »
La moyenne des trois mesures de l’inflation de base de Statistique Canada, qui sont considérées comme de meilleurs indicateurs des pressions sous-jacentes sur les prix et suivies de près par la Banque du Canada, s’est établie à 3,2 % en janvier, en hausse par rapport à celle de 2,93 % en décembre.
Selon Statistique Canada, il s’agit de sa hausse la plus rapide depuis août 1991.