Le réchauffement des océans menace le mode de vie des Inuit

L’Arctique canadien (Nick Murray/CBC News)
La NASA et l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) ont publié en janvier leur rapport annuel sur l’état du climat mondial. Selon les conclusions du document, l’année 2021 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée pour les océans.

En ce qui concerne la crise climatique, les populations qui constatent le plus le réchauffement se trouvent dans l’Arctique. « Au cours des 25 dernières années, le nombre d’espèces qui prospèrent habituellement ici a diminué », a déclaré Hilu Tagoona, résidente du Nunavut et conseillère principale pour l’Arctique auprès d’Oceans North, une organisation caritative qui soutient la conservation marine en collaboration avec les communautés autochtones et côtières.

D’après autre rapport, cette fois publié par le gouvernement canadien intitulé Les océans du Canada maintenant, 2020, l’ensemble des océans du pays se réchauffent d’environ 1 degré Celsius par siècle. Cependant, certaines parties de l’océan Arctique se sont réchauffées jusqu’à 1 degré par décennie au cours des 20 dernières années.

« Lorsque nous parlons des personnes qui dépendent des océans, ce n’est pas seulement pour la nourriture, a expliqué Peter Chandler, océanographe physique à Pêches et Océans Canada. Il y a beaucoup de communautés qui en dépendent pour d’autres choses que la nourriture. C’est leur culture, c’est leur mode de vie. »

Mme Tagoona a ajouté que le mode de vie traditionnel des Autochtones est déjà menacé. « C’est culturellement important pour nous, la nourriture sur laquelle nous avons survécu pendant des milliers d’années, et les traditions qui y sont associées, les connaissances que nous possédons », a-t-elle dit.

Elle raconte par exemple que les jeunes enfants accompagnent leurs parents lorsqu’ils tendent les filets dans la glace pour pêcher l’omble. Cette première prise est célébrée et partagée avec la communauté, un moment culturellement très important pour les Inuit.

Menaces existentielles

Des études scientifiques ont toutefois montré qu’avec le réchauffement des océans, les populations d’ombles risquent de décliner. On craint également que d’autres espèces comme la morue arctique déclinent, ce qui pourrait ensuite menacer d’autres êtres vivants qui survivent grâce à elles, comme les bélugas et les phoques annelés.

« Si nous voulons profiter des bienfaits de l’océan, nous devons nous assurer que nous ne créons pas de déséquilibre. Quand nous retirons trop une espèce du réseau alimentaire, nous provoquons un déséquilibre », a précisé M. Chandler.

La perte potentielle de la nourriture et des écosystèmes dont les Inuit dépendent depuis des millénaires « porte atteinte à notre existence même », a dit Mme Tagoona. « Leur durabilité est essentielle à ce que nous sommes en tant que peuple. »

Mme Tagoona ne s’inquiète pas seulement des modifications de l’environnement marin. Elle s’inquiète également de l’effet qu’aura un Arctique potentiellement libre de glace – ou du moins un Arctique avec beaucoup moins de glace que d’habitude – avec plus de pêche commerciale et la présence de plus de navires qui perturberont le paysage océanique naturel.

Des nouvelles réalités qui soulignent l’importance de la contribution autochtone à la gestion de l’Arctique, dit la conseillère. « Je pense que l’une des grandes solutions serait d’élargir la gouvernance de l’océan Arctique pour inclure les Inuit et les faire participer à toutes les discussions et mesures politiques. »

« J’ai le sentiment que [les Inuit] continueront à être les gardiens des océans et des terres de l’Arctique pour toujours, car c’est ici que nous vivons et c’est ici que nous prospérons. »

Avec les informations de CBC et de Nicole Mortillaro

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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