Observer le Groenland pour trouver de l’eau sur une lune de Jupiter

Europe pourrait conserver des poches d’eau sous sa surface glacée, comme le montre cette illustration artistique. (Justice Blaine Wainwright/Université Stanford)
Europe, une lune de la planète Jupiter, pourrait conserver des poches d’eau sous sa surface glacée, estiment des scientifiques qui fondent cette hypothèse sur l’observation de la surface du Groenland.

Europe est une des principales candidates pour la recherche d’une forme de vie extraterrestre dans le système solaire en raison de la présence supposée d’un océan d’eau liquide. Mais cet océan se situerait sous une épaisse couche de glace, jusqu’à 20 ou 30 kilomètres sous la surface, selon les données recueillies par les sondes spatiales.

Or, une partie de cette eau pourrait être beaucoup plus proche de la surface qu’on l’imagine, selon l’étude publiée mardi dans Nature Communications, qui souligne qu’Europe est « jeune et géologiquement active ».

La structure géologique la plus répandue consiste en des doubles crêtes, des sortes de sillons qui peuvent s’étirer sur des centaines de kilomètres et dont les bords peuvent s’élever jusqu’à plusieurs centaines de mètres.

Les scientifiques ont émis plusieurs hypothèses pour expliquer leur formation, notamment une interaction entre l’océan interne et la couche de glace qui le recouvre. Toutefois, la difficulté de l’eau à traverser une surface aussi épaisse a fait supposer que la formation des crêtes s’effectue avec des poches d’eau situées juste sous la surface.

C’est justement ce qu’a pu observer une équipe de géophysiciens de l’université américaine de Stanford… au Groenland, une île principalement couverte de glace.

Ils y ont découvert « une double crête de glace qui a une forme similaire à celles des doubles crêtes qu’on trouve sur Europe », a expliqué à l’AFP Riley Culberg, doctorant en génie électrique à Stanford et principal auteur de cette étude. Cette double crête mesure environ 800 mètres de long pour une hauteur moyenne de 2,1 mètres et se situe à environ 60 km de la côte, dans le nord-ouest du Groenland.

Son collègue Dustin Schroeder, professeur de géophysique à Stanford, explique qu’ils étaient « en train de travailler sur quelque chose de complètement différent en rapport avec le changement climatique et avec son impact sur la surface du Groenland quand [ils ont] vu ces petites doubles crêtes ».

Les images satellites et les données recueillies par un radar aéroporté ont permis « pour la première fois de voir quelque chose de similaire [à Europe] sur Terre et d’observer les processus sous la surface qui ont mené à la formation des crêtes », a dit Riley Culberg.

L’équipe a modélisé un processus du gel, de la pressurisation et de la fracture d’une poche d’eau peu profonde, le tout menant à la formation de la double crête.

« L’eau que nous avons observée au Groenland se trouve dans les 30 premiers mètres de profondeur de la couche de glace », dit M. Culberg. Sur Europe, dont les crêtes sont beaucoup plus hautes et plus longues, il estime que « les poches d’eau pourraient se former entre un et cinq kilomètres de profondeur ».

Si leur mécanisme de formation est bien celui qu’on propose, ces poches pourraient être très répandues. Et si l’eau qui les compose provient bien de l’océan interne, elles pourraient contenir des traces d’une vie extraterrestre.

Deux missions spatiales à venir vont permettre d’en savoir plus à partir de 2030. Europa Clipper, pour la NASA, sera dotée d’un radar similaire à celui utilisé pour étudier le Groenland. JUICE, pour l’Agence spatiale européenne (ESA), se penchera aussi sur Europe ainsi que sur les deux autres lunes glacées de Jupiter, Io et Ganymède.

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