Femmes disparues et assassinées : un premier forum au Yukon pour trouver des solutions

C’est la première fois que des familles, des survivants, des groupes communautaires et des dirigeants se réunissaient, mercredi et jeudi à Whitehorse, pour discuter de solutions à l’enjeu des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées. (Julien Gignac/CBC)
Le Comité consultatif du Yukon sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées (MMIWG2S+) a clos son premier forum de responsabilisation cette semaine, à Whitehorse, dans le nord canadien, et en ligne. Dix priorités en sont ressorties pour s’attaquer au problème.

L’événement s’est tenu au centre culturel Kwanlin Dün et marquait la première fois que des familles, des survivants, des groupes communautaires et des dirigeants se sont réunis sous un même toit pour partager leurs expériences et réfléchir à de nouvelles solutions.

Carissa Waugh, membre de la Première Nation Kwanlin Dün, a pris la parole devant la foule pour parler de son expérience personnelle.

La jeune femme affirme qu’elle ne se déplace pas à pied dans son quartier après 20 h. Elle évite aussi de marcher avec des écouteurs dans ses deux oreilles et elle dit toujours à sa famille ou à ses amis où elle se rend.

Elle explique être constamment en état d’alerte.

« Je suis une jeune femme autochtone. Mes chances d’être agressée ou tuée sont bien plus grandes que celles de certains de mes pairs. Je m’inquiète tout le temps pour ma sécurité, même quand je suis chez moi avec la porte verrouillée », dit-elle.

La coprésidente du comité et cheffe des Kwanlin Dün, Doris Bill, affirme pour sa part toujours reconduire sa fille et Carissa Waugh chez elles, peu importe l’heure.

« Parfois, je sors du lit à 2 ou 3 h du matin et je le fais parce que c’est tellement important que nos jeunes femmes soient en sécurité. Elles ne devraient pas avoir à prendre ces précautions, dans leur propre communauté », regrette-t-elle.

D’autres leaders autochtones affirment aussi que le travail pour faire face à ce problème continue.

En 2020, le Yukon est devenu le premier des territoires et des provinces à publier une stratégie pour répondre aux conclusions de l’Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA). Depuis, le travail a évolué.

Dix priorités

Cette année, au terme de deux jours de rencontres, d’échanges et de discussions, le Comité consultatif a mis sur pied 10 priorités pour mettre un terme à la violence envers les femmes, les filles et les personnes bispirituelles.

Parmi elles, le financement sur le long terme aux organismes de femmes autochtones ou la mise à disposition de lieux de vie sécurisés pour les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones.

D’autres objectifs consistent à établir un fonds en fiducie pour les survivants et survivantes et les familles des MMIWG2S+. Une autre proposition est d’améliorer les aides centrées sur les victimes et répondant aux situations de crise pour les victimes de violences sexistes et d’agressions sexuelles.

Les coprésidentes du Comité consultatif du Yukon sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées, Doris Bill et Jeanie McLean, lors du forum au centre culturel Kwanlin Dün. (Julien Gignac/CBC)

Jeanie McLean, une autre coprésidente du comité et la ministre yukonnaise responsable de la Direction de la condition féminine et de l’équité des genres, affirme que l’accent est désormais mis sur la mise en oeuvre de la stratégie, ajoutant que le forum va contribuer à ce processus.

« L’idée est de rassembler les gens afin qu’ils se reconnaissent dans la stratégie. Prochainement, nous allons terminer la mise en oeuvre du plan, qui va vraiment définir ce que nous voulons pour chaque point », dit-elle.

Les hommes aussi concernés

Le grand chef du Conseil des Premières Nations du Yukon, Peter Johnston, affirme de son côté que les hommes ont, eux aussi, un rôle important à jouer, ajoutant qu’ils ont besoin de plus d’aide que ce qu’ils reçoivent.

« Parfois, la seule perspective pour les jeunes hommes, c’est la prison », déplore-t-il.

Il explique voir, dans les rues de Whitehorse, beaucoup de membres des Premières Nations continuer à lutter avec les effets dévastateurs des politiques gouvernementales, des pensionnats pour Autochtones et de la Loi sur les Indiens.

« Nous devons être vraiment honnêtes sur notre façon de faire face à tout cela, car il s’agit d’un élément central dans la discussion globale », conclut-il.

Avec les informations de Julien Gignac

Radio-Canada

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