Dans 50 ans, la navigation dans l’Arctique sera possible à longueur d’année, selon une étude

Un navire dans l’océan Arctique. (iStock)
À partir des années 2070, il sera possible pour des navires commerciaux d’emprunter été comme hiver la route qui relie l’Asie à l’Europe en passant par l’Arctique, selon des travaux effectués par des scientifiques de l’Université Sun Yat-sen, en Chine.

On sait que les régions arctiques se réchauffent environ trois fois plus vite que le reste de la planète. Au cours des dernières décennies, la tendance montre que le couvert de glace s’est réduit dans les mers nordiques bien qu’il varie passablement d’une année à l’autre.

La saison de navigation se fait ainsi un peu plus longue en été et en automne, à mesure que les mers se libèrent toujours plus des glaces quand on compare d’une décennie à l’autre.

À l’heure actuelle, un navire qui effectue le commerce entre l’Asie et l’Europe doit normalement faire le tour des continents par le Sud, en empruntant le canal de Suez pour optimiser le trajet, ce qui prend environ 4 semaines (une durée qui peut varier selon divers facteurs). 

L’industrie maritime lorgne désormais le Nord, en pensant pouvoir emprunter soit le passage du Nord-Ouest (dans l’Arctique canadien et américain) ou soit la route maritime du Nord ou la route maritime transpolaire, qui passent essentiellement dans l’Arctique norvégien et russe, à mesure qu’elles deviennent libres de glace.

Le trajet entre l’Asie et l’Europe serait ainsi réduit à moins de trois semaines, en passant par l’Arctique.

Dans leur étude, les chercheurs, sous la direction de Qinghua Yang, ont établi trois scénarios pour les décennies à venir afin de modéliser les impacts du réchauffement climatique sur le couvert de glace et sur les routes de navigation : un scénario où les émissions de GES sont faibles, un scénario moyen et un scénario où les émissions sont élevées. Ils font varier des paramètres tels que les températures de surface, la concentration de glace et l’épaisseur de la glace sur l’océan.

Sur cette carte, le passage du Nord-Ouest est représenté en rouge, la route maritime du Nord, en bleu, et la route maritime transpolaire, en vert. (The Arctic Institute)

Dans leur scénario où les émissions de GES demeurent élevées, les chercheurs estiment qu’en 2070, les températures de surface seront en moyenne de 3,6 degrés Celsius supérieures à celles de l’époque préindustrielle.

À ce moment, les eaux des mers du nord et de l’océan Arctique seront assez dégagées, été comme hiver, pour permettre à des navires de classe polaire PC6 de voyager via l’Arctique en toute saison, estiment les chercheurs.

Selon la définition du gouvernement du Canada, les navires PC6 (pour « Polar class 6 ») sont faits pour la « navigation en été/automne dans une glace moyenne de première année pouvant contenir des sections de vieille glace ».

À l’heure actuelle, outre des brise-glaces et des bateaux de recherche, on compte aussi des navires-cargo, des vraquiers ou encore des bateaux de croisière de cette classe.

« La navigation dans l’Arctique est possible même dans les conditions actuelles de glace de mer, et un nombre croissant de navires sont entrés dans l’Arctique ces dernières années », remarquent les chercheurs dans leur étude.

Les navires qui ne sont pas conçus pour naviguer dans les eaux glacées peuvent malgré tout accéder à des régions arctiques durant le mois de septembre, de façon générale, quand la mer est exempte de glace.

Or, toujours selon leur scénario à émissions élevées de GES, les chercheurs calculent qu’en 2050, les navires non conçus pour traverser la glace pourront tout de même naviguer dans les eaux arctiques du début juillet au début décembre pour ce qui est de la route passant au nord de la Russie et de la mi-juillet à la mi-novembre pour ce qui est du passage du Nord-Ouest (Canada).

Dans le rapport du GIEC de 2021, notent les chercheurs, on mentionne que l’océan Arctique connaîtra au moins un été sans glace d’ici 2050. Ainsi, « les perspectives commerciales de la navigation dans l’Arctique sont vraisemblablement plus grandes que nous ne l’avions jamais envisagé », concluent-ils.

Les travaux sont parus dans la revue Geophysical Research Letters.

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