En Alaska, des scientifiques mesurent l’acidification de l’océan avec un drone sous-marin

Les scientifiques et ingénieurs récupèrent le robot mesureur de CO2 après un essai dans le golfe de l’Alaska. (Heather McFarland, International Arctic Research Center)
Une équipe américaine a développé un robot aquatique pour mesurer la concentration de CO2 et l’a testé avec succès récemment dans les eaux de l’Alaska. Ils espèrent ainsi mieux rendre compte du phénomène d’acidification des océans.

L’Université de l’Alaska à Fairbanks et son partenaire commercial ont développé ce robot qui mesure environ 2 mètres et pèse 60 kilogrammes. Il peut plonger à jusqu’à 1000 mètres de profondeur et faire la lecture en temps réel de la concentration de CO2. 

Les essais ce printemps au large de Seaward, dans la baie de la Résurrection, en Alaska, se sont avérés concluants.

Partout sur la planète, le pH des océans diminue, ce qui veut dire qu’ils s’acidifient, au fur et à mesure que les émissions de gaz à effet de serre augmentent et s’accumulent dans l’atmosphère.

Une grande partie de ces émissions de CO2 est absorbée par les océans. Cela a pour conséquence de les rendre plus acides. Le phénomène est en quelque sorte « invisible », mais il s’accélère à un rythme alarmant.

L’acidification a des répercussions désastreuses sur nombre d’organismes, notamment sur les coraux et les animaux à carapaces ou exosquelette (crustacés) ou à coquilles comme les moules. L’eau plus acide vient réduire la calcification des structures qui protègent ces organismes. Le comportement des animaux marins serait aussi touché par le phénomène d’acidification.

« Afin de comprendre comment le dioxyde de carbone d’origine humaine dans l’atmosphère modifie les océans, nous devons également savoir comment la chimie des océans varie naturellement tout au long de l’année », explique Claudine Hauri, océanographe au Centre international de recherche sur l’Arctique de l’Université de l’Alaska, dans un communiqué.

Ces chercheurs s’intéressent particulièrement aux eaux froides du Nord et de l’Arctique, parce qu’elles peuvent absorber plus de dioxyde de carbone que les eaux chaudes. Une faible augmentation de CO2 dans l’eau en raison des émissions humaines de GES peut bouleverser tout l’écosystème des mers nordiques. De plus, l’eau de fonte des glaciers, qui se fait plus abondante avec le réchauffement, vient aussi modifier la composition chimique des océans dans le nord, ce qui s’ajoute aux impacts sur la faune, précisent les chercheurs.

L’avantage du robot détecteur de CO2

Les données manquent actuellement au sujet de l’acidification des océans. C’est le cas particulièrement autour de l’Alaska, notent les chercheurs, où la pêche est une activité commerciale et de subsistance importante et qui dépend de la santé de l’océan.

Jusqu’ici, les chercheurs utilisaient des bouées et des sondes à emplacement fixe pour récolter des données sur le CO2 et sur le pH en divers endroits dans l’océan. On peut aussi procéder par échantillonnage à bord d’un navire dans la zone où l’on veut mesurer le CO2.

Des robots sous-marins permettraient de couvrir une plus grande surface plus rapidement, particulièrement en hiver, ce qui n’est pas le cas en ce moment, notent les chercheurs. Les robots pourraient rester en théorie des semaines à se déplacer sous l’eau et à récolter une quantité importante de données.

Une équipe canadienne, de l’Université Memorial, à Terre-Neuve, avait déjà développé un véhicule semblable, afin de mesurer l’oxygène dissous dans l’eau,un indicateur de la « santé » de l’océan. Elle effectue des tests dans la mer du Labrador et dans le golfe du Saint-Laurent pour constater la baisse de l’oxygène dans les eaux profondes. 

L’ingénieur Jöran Kemme, de la firme 4H-JENA engineering, qui a participé au projet de l’Université de l’Alaska, est fébrile à l’idée de voir toute une flotte de robots qui pourront mesurer en continu ces paramètres au cours des prochaines années.

« C’est important que des gens du monde entier travaillent là-dessus, surtout parce que c’est un problème mondial », conclut-il.

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