La fonte de la calotte glaciaire du Groenland serait proche d’un point de non-retour

À partir des années 2000, la fonte s’est accélérée, grimpant à 500 gigatonnes, mais n’a pas été compensée par les chutes de neige. (Jonathan Nackstrand/Getty Images)
L’inlandsis groenlandais couvre 1,7 million de kilomètres carrés dans l’Arctique. En cas de fonte totale, le niveau mondial des mers augmenterait d’environ sept mètres, mais les scientifiques ne savent pas exactement à quelle vitesse la calotte glaciaire pourrait fondre.

Une nouvelle étude basée en partie sur les émissions de carbone a utilisé des simulations afin de déterminer deux points de basculement pour l’inlandsis groenlandais.

Le premier indique que la libération de 1000 gigatonnes (milliards de tonnes) de carbone dans l’atmosphère entraînera la fonte de la partie sud de l’inlandsis, tandis que le deuxième point de basculement indique qu’environ 2500 gigatonnes de carbone signifieront la perte définitive de la quasi-totalité de l’inlandsis. Après que la région eut émis environ 500 gigatonnes de carbone, les scientifiques notent qu’elle se trouve environ à mi-chemin du premier point de basculement.

L’étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters explique que la modélisation des points de basculement, qui sont des seuils critiques où l’état d’un système change de manière irréversible, permet aux chercheurs de déterminer quand cette fonte pourrait se produire.

« Le premier point de basculement n’est pas très éloigné des conditions climatiques actuelles, et nous risquons donc de le franchir. Mais une fois que nous aurons commencé à glisser, nous tomberons de cette falaise et ne pourrons plus remonter », a déclaré Dennis Höning, climatologue à l’Institut de Potsdam, en Allemagne, et directeur de l’étude.

Qu'est-ce qu'un inlandsis?

Un inlandsis est une grande étendue de glace continentale qui recouvre une grande partie d’un continent ou d’une région géographique pendant une période prolongée. Les inlandsis sont souvent appelés calottes glaciaires et peuvent être trouvés principalement dans les régions polaires de la Terre, comme l’Antarctique et le Groenland. Ces masses de glace sont formées par l’accumulation de neige qui se compacte et se transforme en glace au fil du temps. Les inlandsis peuvent avoir des épaisseurs de plusieurs kilomètres.

L’inlandsis groenlandais est déjà en train de fondre, rappellent les experts. Entre 2003 et 2016, il a perdu environ 255 gigatonnes de glace par an. À ce jour, la majeure partie de la fonte se situe dans la partie méridionale de l’inlandsis.

La complexité des facteurs comme la température de l’air et de l’eau, les courants océaniques ou bien les précipitations déterminent la rapidité de la fonte de la calotte glaciaire. Autant d’éléments que les scientifiques doivent tenir compte même s’il demeure toujours difficile de prédire comment la calotte glaciaire réagira à différents scénarios de climat et d’émissions de carbone.

Des simulations en profondeur

Pour modéliser de manière plus précise la manière dont la réaction de l’inlandsis au climat pourrait évoluer dans le temps, l’étude raconte que les chercheurs ont utilisé pour la première fois un modèle complexe de l’ensemble du système terrestre, qui comprend tous les processus clés de rétroaction du climat, associé à un modèle de comportement de l’inlandsis.

À partir de ces simulations, les chercheurs ont calculé le point de basculement de 1000 gigatonnes de carbone pour la fonte de la partie méridionale de la calotte glaciaire et le point de basculement encore plus périlleux de 2500 gigatonnes de carbone pour la disparition de la quasi-totalité de la calotte glaciaire.

Le climatologue Höning précise qu’au fur et à mesure de la fonte de la calotte glaciaire, sa surface se trouvera à des altitudes de plus en plus basses, exposée à des températures de l’air plus élevées. « Une fois que la glace aura franchi le seuil, elle continuera inévitablement à fondre. Même si le dioxyde de carbone atmosphérique était ramené aux niveaux préindustriels, cela ne suffirait pas à permettre à la calotte glaciaire de se reconstituer de manière substantielle. »

L’expert ajoute que l’humanité ne peut pas continuer à émettre du carbone au « même rythme pendant longtemps » sans risquer de franchir les points de basculement. « La majeure partie de la fonte de la calotte glaciaire ne se produira pas au cours de la prochaine décennie, mais il ne faudra pas attendre longtemps avant que nous ne puissions plus rien faire pour l’empêcher. »

Avec les informations de l’Union américaine de géophysique (AGU)

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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