L’intérêt de la Russie et de la Chine pour l’Arctique dans la mire d’un comité sénatorial canadien

La station radar du Système d’alerte du Nord à Cambridge Bay, dans l’ouest du Nunavut. (Matisse Harvey/Radio-Canada)
Devant les intérêts croissants de la Russie et de la Chine pour l’Arctique, le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants s’est récemment rendu aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. La tournée visait surtout à cerner des projets liés à la sécurité arctique sur lesquels investir dans le nord du pays.

Le Comité est formé de douze membres, dont la sénatrice des Territoires du Nord-Ouest, Margaret Dawn Anderson, et celle du Yukon, Pat Duncan.

Le 2 octobre, les sénateurs ont entamé leur tournée à Iqaluit, où ils ont rencontré des responsables de la Garde côtière canadienne et de la branche territoriale de l’Association civile de recherche et de sauvetage aériens.

Ils se sont aussi rendus à Cambridge Bay, dans l’ouest du Nunavut, pour visiter les installations du Système d’alerte du Nord et de la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique. Des membres des Rangers canadiens étaient d’ailleurs sur place pour les rencontrer.

La Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique (SCREA), à Cambridge Bay, dans l’ouest du Nunavut (Matisse Harvey/Radio-Canada)

Aux Territoires du Nord-Ouest, les membres du Comité sénatorial ont fait des arrêts à Inuvik, à Tuktoyaktuk et à Yellowknife, notamment pour rencontrer la première ministre Caroline Cochrane, des représentants inuvialuit et gwich’in et des membres de la Force opérationnelle interarmées (Nord) des Forces armées canadiennes.

Ultimement, cette visite de plusieurs jours visait à orienter une étude sur la sécurité nationale et la défense dans l’Arctique, qui doit être rendue publique au cours du printemps.

Le président du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants, Tony Dean, explique que le groupe cherche à identifier des domaines d’investissements qui puissent bénéficier aux collectivités du Nord canadien.

Il cite, à titre d’exemples, le développement des infrastructures portuaires et le recrutement de plus de garde-côtes.

Selon Tony Dean, la tournée nordique survient dans un contexte où la Russie multiplie ses exercices militaires dans l’Arctique, pendant que se déroule son invasion en Ukraine.

À la mi-septembre, la Russie s’est exercée à des tirs de missiles de croisière dans l’océan Arctique depuis des sous-marins à propulsion nucléaire dans le cadre de manœuvres militaires destinées à tester son niveau de préparation face à un éventuel conflit dans ses eaux du Nord. (AFP/Getty)

« Nous savons que la Russie élargit sa présence dans l’Arctique », dit-il.

« Ces derniers temps, nous constatons que la Chine montre aussi un certain intérêt pour les minerais et la pêche », poursuit-il, en ajoutant que le Canada a de quoi « être très inquiet ».

Le Canada doit mettre les bouchées doubles, selon un expert

Le professeur Rob Huebert, du Centre d’études stratégiques et militaires de l’Université de Calgary, croit que le gouvernement canadien devrait prendre davantage au sérieux la menace du président russe Vladimir Poutine d’avoir recours à l’arme nucléaire.

« La plupart des systèmes de lancement de missiles stratégiques nucléaires qu’il menace d’utiliser se trouvent en réalité dans l’Arctique », souligne-t-il.

La Russie voit son territoire arctique comme un intérêt stratégique et renforce depuis des années ses capacités militaires dans la région. (Gavriil Grigorov/Getty)

Rob Huebert croit que le Canada est à la traîne par rapport aux autres États arctiques, parce que le gouvernement fédéral n’a pas fait de la sécurité du Grand Nord canadien une de ses priorités dans les dernières années, dit-il.

Selon lui, différents projets en infrastructures doivent être priorisés. Il affirme notamment que le Comité sénatorial devrait vérifier l’état de la station navale de Nanisivik, dans le nord de l’île de Baffin, qui avait initialement été annoncée en 2007.

Cette dernière doit servir d’installation d’accostage et de ravitaillement en carburant pour la Marine royale canadienne et pour d’autres navires canadiens, mais les travaux ont été retardés plusieurs fois.

À titre comparatif, dit-il, la Russie dispose d’au moins 22 installations similaires dans l’Arctique.

Les réservoirs de la station de Nanisivik, près d’Arctic Bay, en 2018. (Marco De Ciccio/Radio-Canada)

Rob Huebert estime par ailleurs que les hangars aériens devraient être fonctionnels 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, en plus de pouvoir accueillir des avions de types CF-18 et F-35.

Avec les informations de Luke Carroll

Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur le Canada, visitez le site de Radio-Canada.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *