Les bruits causés par l’activité humaine en Arctique pourraient mettre en péril les phoques

Sensibles aux bruits, les phoques barbus pourraient voir leur avenir hypothéqué dans un Arctique de plus en plus industrialisé. (John Jansen/Reuters)
Selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B, les phoques pourraient avoir de la difficulté à trouver des partenaires à mesure que l’activité humaine augmente les bruits dans la région.

Les scientifiques rappellent que les phoques (mâles) utilisent leur voix pour attirer les femelles. La force avec laquelle ils émettent des sons favorise la capacité de l’espèce à se reproduire.

Pour les scientifiques, documenter la façon dont les phoques réagissent au bruit et identifier les seuils comportementaux naturels indiquerait leur résilience ou leur vulnérabilité aux changements de paysages sonores.

« Les animaux qui vocalisent disposent de plusieurs stratégies pour compenser la hausse du bruit ambiant. Ces comportements ont évolué dans des conditions historiques, mais en période Anthropocène, les capacités de survie de ces animaux peuvent rapidement être atteintes. »Étude sur la vocalisation des phoques

À ce titre, l’étude s’est penchée sur les phoques barbus mâles vivant à North Slope Borough, dans le nord de l’Alaska. Les observations sur place ont permis aux scientifiques de constater que les animaux haussaient leurs cris pour se faire entendre parmi les bruits environnants. Après avoir remarqué un plafonnement, les experts ont enregistré une diminution des cris.

« Nous avons cherché à savoir si les phoques barbus mâles modifiaient l’amplitude de leurs cris en réponse aux changements des niveaux de bruit ambiant. Les phoques ont augmenté l’amplitude de leurs cris jusqu’à ce que les niveaux de bruit ambiant atteignent un seuil observable, au-delà duquel les niveaux des sources de cris cessent d’augmenter. »Étude sur la vocalisation des phoques

Notons que la communication acoustique est essentielle pour les phoques barbus mâles qui vocalisent pour faire la cour et défendre leur territoire, indique l’étude. Mais avec le déclin de la banquise arctique causé par les bouleversements climatiques, les activités industrielles et les bruits anthropiques associés sont susceptibles d’augmenter.

« La présence d’un seuil indique une compensation limitée du bruit chez les phoques, ce qui les rend encore vulnérables au masquage acoustique des signaux vocaux », peut-on lire dans l’étude. « Ce seuil comportemental et cette réponse au bruit sont essentiels à l’élaboration de plans de gestion pour un Arctique en voie d’industrialisation. »

L’espérance de vie du phoque barbu est d’environ 25 ans. Le phoque barbu adulte mesure environ 2 mètres de long et peut peser de 200 à 430 kilos. Dans le Grand Nord, les blanchons naissent en mai sur de petites plaques de glace flottant en eaux peu profondes. Au Canada, on trouve l’espèce partout dans l’Arctique et le long du littoral du Labrador et au sud de la partie nord de Terre-Neuve.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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