Nunavik : la situation à la Direction de la protection de la jeunesse est intolérable, selon un syndicat

La situation dure depuis plus de deux mois, d’après le syndicat (archives). (Jade Duchesneau Bernier/Commission scolaire Kativik Illisarnilirniq)
Le manque de familles d’accueil dans plusieurs villages de l’ouest du Nunavik atteint un niveau critique et met en péril le bien-être des enfants, selon le Syndicat des travailleuses et des travailleurs des dispensaires de la baie d’Hudson.

Le manque de places pour les enfants dans le besoin est tel que certains jeunes auraient changé 10 fois de familles d’accueil en deux semaines.

« Quand on sait que l’instabilité peut avoir des effets négatifs sur le développement des jeunes enfants, c’est vraiment inquiétant de voir cela. Surtout que plusieurs vivent déjà avec des problèmes liés à l’attachement », a déclaré dans un communiqué Roxanne Palardy, représentante des techniciens et des professionnels en santé et services sociaux à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

Deux enfants ont même été victimes de maltraitance physique après avoir été replacés dans la famille d’où ils avaient été retirés, d’après le syndicat.

« Va-t-il falloir qu’un autre enfant sous la responsabilité de la [Direction de la protection de la jeunesse (DPJ)] meure pour que des actions soient prises? », ajoute Roxanne Palardy.

Le syndicat dit que, par manque de places, des travailleuses sociales de la DPJ doivent s’occuper elles-mêmes de certains enfants, sur leur lieu de travail, parfois durant plusieurs jours d’affilée.

La situation est surtout critique dans l’ouest du Nunavik, du côté de la baie d’Hudson. (Myriam Fimbry/Radio-Canada)

Il serait récemment arrivé que jusqu’à sept enfants de moins de 5 ans, dont une majorité de nourrissons, soient ainsi pris en charge par des travailleuses de première ligne.

« Deux travailleuses sociales se relaient pour garder. Elles doivent s’occuper des soins de santé, administrer de la médication, traiter des plaies de lit, gérer les allergies ou des intolérances […] Elles ne peuvent plus continuer comme ça », confie Gailene Thomas, présidente par intérim du syndicat.

L’organisation syndicale indique que le manque de personnel n’est pas en cause. Toutefois, la surcharge de travail liée au manque de familles d’accueil ne permet plus à la DPJ d’assurer la protection des enfants, qui doivent parfois demeurer dans des familles où ils risquent de subir de mauvais traitements.

Le syndicat dit s’être entretenu avec la Régie régionale de santé et de services sociaux du Nunavik, mais que rien n’a été fait (archives). (Eilís Quinn/Radio-Canada)

Le syndicat demande au gouvernement du Québec et à la Régie régionale de santé et de services sociaux du Nunavik d’agir sans délai pour régler la situation. La Régie n’avait pas répondu à notre demande d’entrevue au moment de la publication de cet article.

« Si la situation de la DPJ est critique dans plusieurs régions du Québec, elle est encore plus dramatique dans le Nord! La situation actuelle est inacceptable, car elle met à risque la santé mentale de ces travailleuses, sans compter le bien-être des enfants, qui est déjà affecté », explique dans le communiqué Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS-CSN.

Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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