Une lueur d’espoir dans la lutte contre la tuberculose dans le Nord québécois

Le centre Sailivik a été inauguré en octobre dernier dans la communauté de Kangiqsualujjuaq. (Régie régionale de santé et de services sociaux du Nunavik)
La Régie régionale de santé et de services sociaux du Nunavik met en place un nouveau centre de prévention des maladies infectieuses à Kangiqsualujjuaq, afin d’éradiquer la tuberculose et de rétablir un lien de confiance avec la population.

Malgré bien des efforts, la maladie continue de se propager au Nunavik à un rythme incontrôlé. Plus de 30 nouveaux cas ont été enregistrés dans la région en 2022.

« Les taux de [cas de] tuberculose sont équivalents à plusieurs pays en développement pour différentes raisons […] Mais la raison principale selon moi, ce sont les conditions de vie qui sont défavorables, comme le manque de logements et l’insécurité alimentaire », explique la directrice de la santé publique du Nunavik, Marie Rochette.

Marie Rochette, directrice de la santé publique à la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik (Marie Rochette)

La santé publique remarque aussi une certaine réticence chez une partie de la population à se faire dépister, ce qui freine les efforts de prévention. Cette réticence serait en partie due au confinement forcé de nombreux Inuit au tournant des années 50 et 60.

Un navire-hôpital, dépêché par le gouvernement fédéral, avait alors emporté plusieurs personnes vers des sanatoriums dans le sud de la province. Plusieurs ont succombé à la maladie, sans que leur famille en ait été avertie.

Les personnes dont la radiographie pulmonaire était anormale étaient confinées et expulsées, sans la possibilité de dire au revoir à leur famille (archives). (Johanna Rabinowitz)

« Évidemment, cela marque des générations. Quand on parle de tuberculose, même si les traitements ne sont plus les mêmes et que c’est rare que la personne nécessite un transfert au Sud pour se faire hospitaliser, la maladie garde ces stigmates », explique la Dre Marie Rochette.

Une nouvelle stratégie

La santé publique régionale tente donc une nouvelle approche, avec la création du centre Sailivik, qui a été inauguré à Kangiqsualujjuaq en octobre dernier. Des membres de la communauté et des travailleurs de la santé vont y offrir des services de dépistage et de prévention de la maladie.

Pour la santé publique et les autorités locales, c’était important d’offrir ces services en dehors des installations du dispensaire. « Le CLSC est beaucoup associé à la maladie aiguë. On y va quand on est malade ou blessé. Donc, ils souhaitent avoir un lieu différent, confortable et où ils se sentiraient en confiance », ajoute la Dre Marie Rochette.

Moins de 1000 personnes habitent la communauté de Kangiqsualujjuaq, sur les berges de la rivière George (archives). (Catou MacKinnon/CBC)

L’offre de services reste encore à déterminer, mais d’autres maladies infectieuses pourraient aussi y être traitées, comme les ITSS. La santé publique souhaite d’abord prendre la mesure des besoins de la population et s’ajuster en conséquence.

Ce modèle de centre de prévention pourrait être reproduit dans d’autres communautés si le besoin est exprimé. L’objectif serait de réduire la transmission à un cas de tuberculose tous les cinq à sept ans d’ici 2030.

La Dre Marie Rochette ne se fait toutefois pas d’illusion quant aux défis liés à la lutte contre la tuberculose. Selon elle, une amélioration des conditions de vie et une augmentation de l’offre de logements au Nunavik seront nécessaires pour atteindre cette cible.

Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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