Les ours polaires morts figurent au menu d’une étoile de mer dans l’Arctique

Une étoile de mer carnivore est le plus grand prédateur de l’Arctique, sur un pied d’égalité avec l’ours polaire, affirme un groupe de recherche canadien qui a publié en anglais une étude à ce sujet dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Coauteur de cette recherche, Rémi Amiraux, qui a obtenu une bourse postdoctorale de l’Université du Manitoba, dit que les organismes qui habitent les fonds marins ne sont pas souvent étudiés parce qu’on croit qu’ils se trouvent au bas de la chaîne alimentaire.
Il ajoute que l’étude de la vie faunique autour de l’île de Southampton, dans la baie d’Hudson, montre que ce n’est pas le cas. Cette étoile de mer est le principal prédateur des fonds marins. Pour les auteurs de l’étude, cette étoile de mer, de la famille des Pterasteridæ, est « l’équivalent benthique de l’ours polaire ».
« Ça modifie notre façon de comprendre le fonctionnement de la chaîne alimentaire marine de l’Arctique », souligne M. Amiraux.
Il mentionne que les créatures invertébrées qui vivent au fond de l’Arctique ne sont pas toutes herbivores. « On a droit à l’ensemble du réseau alimentaire : prédateurs, herbivores et plusieurs carnivores. C’est un domaine plus complexe que nous le pensions. »
Les auteurs de l’étude soulignent que cette étoile de mer prospère dans cet univers « grâce à son mécanisme de défense évolué, associé à un régime de prédateurs qui inclut des carcasses de mammifères qui coulent dans l’eau ». Selon M. Amiraux, alors que les ours polaires ne mangent pas d’étoiles de mer, « le contraire est plutôt vrai ».
« Quand un ours polaire meurt, il est dévoré par les étoiles de mer carnivores. »
Les scientifiques ont examiné 1580 échantillons de la faune qui vit autour de l’île de Southampton afin de comprendre comment l’écosystème aquatique fonctionne. Cela pourrait aider les autorités politiques à protéger et à conserver la vie marine dans cette région.
L’île est considérée comme un site d’intérêt par le ministère fédéral des Pêches et des Océans. M. Amiraux dit qu’un réseau alimentaire peut donner des renseignements sur le fonctionnement des écosystèmes. Si cette étude se concentre sur l’Arctique, le même cas de figure doit se reproduire à l’échelle mondiale, car l’étoile de mer vit dans tous les océans.
« Je ne crois pas que ce soit une caractéristique spécifique de l’environnement côtier », avance M. Amiraux. « On pourrait le constater dans tous les environnements. »
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