Les soldats noirs américains qui ont participé à la construction de la route de l’Alaska

Une photo de la collection George Hifferman des South Peace Heritage Archives au centre d’accueil de Dawson Creek, en Colombie-Britannique, montre certains des soldats qui ont aidé à construire la route de l’Alaska pendant la Seconde Guerre mondiale. (Andrew Kurjata/CBC)
C’est un héritage longuement négligé. Des troupes américaines noires ont participé à la construction de la route de l’Alaska qui relie Dawson Creek, en Colombie-Britannique, à Delta Junction, en Alaska. La route d’environ 2200 kilomètres qui relie l’Alaska aux 48 États américains plus au sud en passant par le Yukon et la Colombie-Britannique a été construite de 1942 à 1943.

Au plus fort de la Seconde Guerre mondiale, après l’attaque de Pearl Harbor par le Japon, 11 000 soldats américains ont été envoyés pour construire les fondations de la route de l’Alaska anciennement connu sous le nom de route de l’Alcan.

Environ un tiers des soldats étaient Noirs et faisaient partie de trois régiments entièrement noirs envoyés pour construire la route comme le vétéran Leonard Larkins. Lors du 75e anniversaire de la construction de la route en 2017, il a affirmé qu’il était « plus que temps » que lui et les autres soldats noirs qui ont travaillé sur le projet reçoivent leur dû.

Une photo du vétéran de la Seconde Guerre mondiale Leonard Larkins lors d’un événement à Anchorage, en Alaska, pour célébrer le 75e anniversaire de la construction de la route de l’Alaska. (Mark Thiesse/Associated Press)

Leonard Larkins a travaillé avec le 93e régiment d’ingénieurs et a notamment aidé à dégager un chemin à travers la nature sauvage vierge des deux côtés de la frontière. Il se souvient du choc des températures arctiques qu’il a connu pour la première fois en tant que jeune homme originaire de la Louisiane.

« Vous ne pouvez pas rester là trop longtemps, vous savez. Il fait vraiment trop froid », se rappelle-t-il.

Luttant contre des températures glaciales et le pergélisol en hiver, qui se transformaient en chaleur étouffante, en boue et en moustiques en été, les soldats noirs ont dépassé les attentes de leurs superviseurs blancs et démenti les notions d’infériorité raciale en produisant un travail de qualité dans des conditions extrêmement difficiles.

Cette photo du 25 octobre 1942 montre le caporal Refines Slims fils, à gauche, et le soldat Alfred Jalufka se serrant la main lors de la « réunion des bulldozers » pour la route de l’Alaska près de Beaver Creek, au Yukon. Près de 4000 soldats noirs isolés ont aidé à construire l’autoroute à travers l’Alaska et le Canada pendant la Seconde Guerre mondiale. (Bureau d’histoire du corps des ingénieurs de l’armée américaine/AP)

Une photo de la rencontre des bulldozers, lorsque le caporal noir Refines Sims fils et le soldat blanc Alfred Jalufka se sont rencontrés au milieu et ont dégagé le dernier maillon de l’éventuelle autoroute dans la forêt du Yukon, a été un moment décisif, selon le New York Times.

Dévoiler cette histoire au grand public

« Il est impossible d’imaginer à notre époque qu’un groupe comparable de personnes puisse accomplir autant avec aussi peu d’outils », indique Ken Coates, professeur et titulaire de la chaire de recherche du Canada en innovation régionale à l’Université de la Saskatchewan.

Il affirme que les soldats noirs américains ont abattu d’innombrables arbres, posé du bois sur le marécage et le pergélisol et l’ont recouvert de broussailles, de branches et de terre pour que les ingénieurs, les entrepreneurs et les travailleurs civils qui les suivaient puissent terminer la route.

Ils avaient quelques bulldozers [et] quelques camions. Selon les archives historiques, les soldats qui ont construit la route ont commencé à arriver à la fin de l’hiver 1942, et certains sont restés jusqu’en 1943, le travail ayant été achevé en seulement neuf mois.Ken Coates, professeur, Université de la Saskatchewan

Lael Morgan, journaliste, auteur et historienne américaine, décédée en août 2022, a fait des recherches pour le 50e anniversaire de la route de l’Alaska et a contribué à ce que cette histoire soit partagée avec le grand public.

Selon elle, lorsque la route a été achevée, le rôle des soldats noirs américains a été réduit à une note de bas de page historique, et seule une fraction des photos partagées publiquement montrait l’un des soldats noirs qui y ont contribué.

Ces dernières années, des députés américains ont voté la création d’une journée de reconnaissance pour les soldats. D’ailleurs, un auteur canadien a écrit un livre sur l’histoire des Noirs derrière la route afin que l’héritage des soldats noirs qui ont participé à la construction de la route ne soit jamais oublié.

Des artefacts de l’époque exposés à Dawson Creek

Le kilomètre 0 de la route de l’Alaska se trouve à Dawson Creek, en Colombie-Britannique, où des photos et des artefacts de sa construction, y compris l’histoire des soldats noirs qui ont participé à sa construction, sont conservés au centre des visiteurs, à la galerie d’art locale et au village des pionniers.

La route de l’Alaska commence à Dawson Creek, en Colombie-Britannique, et se termine à Delta Junction, au sud de Fairbanks. (Luigi Zanasi)

L’autoroute est devenue une destination touristique populaire qui attire chaque été des Canadiens, des Américains et des personnes du monde entier.

La section canadienne a été remise au Canada en avril 1946 et ouverte au grand public en 1948.

Avec les informations de Josh Grant, de Matt Allen, d’Andrew Kurjata et de l’Associated Press

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