Autour d’une table ronde virtuelle, Annette Henry, professeure à l’institut du genre, de la race, de la sexualité, et de la justice sociale de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) et Paige Galette, activiste et résidente de Whitehorse du Yukon, débattent du racisme systémique dans la province et le territoire et des solutions pour le contrer.
Deux mois après les premières manifestations suite à l’assassinat de George Floyd par la police à Minneapolis, aux États-Unis, les mouvements de dénonciation du racisme systémique continuent, y compris ici, au Canada.
« Aux États-Unis, les gens ont plus l’habitude de parler du racisme qu’au Canada », souligne Annette Henry.
Mais celui-ci est bel et bien présent, selon elle : « Les deux pays ont une histoire avec le racisme, on avait les mêmes éléments d’esclavage et de criminalisation des noirs et des autochtones », dit-elle.
« Au Canada, on est très fier de notre multiculturalisme et on essaye de cacher ce qu’on ne veut pas voir. »Annette Henry, professeure à l'institut du genre, de la race, de la sexualité et de la justice sociale de l'UBC, et détentrice de la Chaire David Lam en éducation multiculturelle
« Pourquoi est-ce qu’aujourd’hui on souhaite parler que des États-Unis au lieu de regarder ce qui se passe ici, au Canada? »Paige Galette, activiste et résidente de Whitehorse
Elle souligne que le Canada n’est pas si différent de son voisin du sud en matière de racisme systémique.
De plus, elle trouve que les Canadiens peinent à dénoncer les inégalités.
« On dirait qu’on a peur de parler la suprématie blanche qui a envahi les terres ancestrales des personnes autochtones, et qui continue à envahir nos vies en tant que personnes noires, autochtones ou racisées. »Paige Galette
« Partout où il y a eu de la colonisation, il y a du racisme, donc même ici au Yukon, il est présent. »
La lutte contre le racisme et pour l’égalité des peuples ne date pas d’hier, et peu de choses ont évolué selon Annette Henry.
« On dénonçait tout ça dans les années 1960, et rien n’a changé. Donc en ce moment, on a de l’espoir, mais on ne sait pas vraiment. […] Il faut vivre comme si la démocratie existe », dit-elle en paraphrasant la figure du mouvement américain des droits civiques, John Lewis.
Paige Galette est un peu plus optimiste.
« On a changé les choses, en 2014 on avait peur de dénoncer les choses, et aujourd’hui on voit des grands organismes dire “Black Lives Matter”. »
Elle se réjouit que l’on dénonce ainsi le racisme institutionnalisé, dans la police notamment.
« La révolution, elle est en ce moment, elle est là, en 2020 », déclare-t-elle.
« Collectivement on peut faire changer les choses, mais le poids du changement ne peut pas être seulement sur nous, les personnes racisées. »Paige Galette, activiste et résidente de Whitehorse, au Yukon
Pour contrer le racisme, Annette Henry et Paige Galette expliquent que les personnes blanches ont un rôle important à jouer.
« Avec ton privilège, tu peux beaucoup faire, ce n’est pas ma responsabilité, comme femme noire, de tout réparer. »Annette Henry
« Usez de vos ressources et offrez-nous des plateformes pour que nos voix se fassent entendre et qu’on lutte ensemble », conclut Paige Galette.