De meilleures installations scolaires aux francophones dans le Grand Nord canadien, plaide un député

Une nouvelle école secondaire francophone à Yellowknife et l’agrandissement de l’École Boréale, à Hay River : tels sont les besoins de la communauté scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest auxquels le député de Frame Lake, Kevin O’Reilly, a fait écho lors d’une séance de la législature jeudi dernier.
À Yellowknife, a-t-il expliqué, l’ajout d’un gymnase en 2020 et la croissance de l’immigration francophone font en sorte que l’École Allain St-Cyr est presque pleine. Il y a actuellement 183 élèves inscrits à l’école, de la prématernelle à la 12e année, alors que la capacité totale est de 199.
À Hay River, les élèves n’ont pas de gymnase et doivent utiliser le gymnase d’une école du quartier. Les élèves du secondaire de l’École Boréale suivent leurs cours dans des salles de classe mobiles adjacentes au bâtiment principal.

Questionné à ce sujet, le ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, R.J. Simpson, reconnaît que cet environnement n’est pas idéal : « Les classes mobiles sont vieilles et étaient censées n’être utilisées que pendant deux ou trois ans. »
« Une solution temporaire à long terme »
La directrice de l’École Boréale, Katrine Lavoie, observe des problèmes avec les classes préfabriquées depuis ses débuts à l’école, en 2016, comme des tuyaux gelés en hiver.
« Pendant la fin de semaine, si les élèves ne sont pas là, que les toilettes ne sont pas [utilisées] régulièrement, on a du gel. Une [classe mobile], c’est ouvert, ce n’est pas isolé », dit-elle.

Les refoulements d’égout et les problèmes de chauffage font aussi partie de la réalité de l’école. « Ce ne sont pas des conditions dans lesquelles des enfants devraient aller à l’école », dit la directrice.
D’autres priorités, selon le gouvernement
Selon le ministre R.J. Simpson, parmi les 49 écoles des T.N.-O., certaines sont dans des conditions pires que l’École Boréale.

Tous les ans, le gouvernement établit une liste de priorités en matière d’immobilisations scolaires dans son budget de dépenses. En 2023-2024, l’École Mangilaluk, située à Tuktoyaktuk, est l’une des priorités. L’école doit subir des rénovations majeures, y compris l’ajout d’une aire pour l’enseignement secondaire.
Le remplacement de l’École Chief Jimmy Bruneau de Behchoko et la construction d’une nouvelle école à Colville Lake sont aussi sur la liste, à l’étape de la planification.
L’École Boréale ne se trouve pas sur cette liste. Le prochain budget de dépenses en immobilisations pour 2024-2025 sera déposé à l’Assemblée législative en août 2023.
Recourir aux tribunaux pour obtenir des gains
Le député O’Reilly a également demandé au ministre ce qu’il compte faire afin d’éviter le recours aux tribunaux pour que les francophones puissent faire valoir leurs droits en matière d’éducation francophone.
« J’aimerais dire que nous n’irons plus jamais en cour », a répondu le ministre, « Mais je pense que toutes les autorités au pays ont des procédures judiciaires en cours avec leurs entités respectives d’éducation en français langue première. »
Il dit toutefois avoir une bonne relation avec la Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO), ce que confirme son président, Jean de Dieu Tuyishime. « Nous avons vraiment une bonne relation et une bonne communication », dit M. Tuyishime, ajoutant que le recours aux tribunaux n’est pas une finalité. « [La cour], on sait comment ça commence, mais on ne sait jamais comment ça finit. »

La CSFTNO espère maintenant utiliser les données du recensement de 2021 sur le nombre d’enfants admissibles à l’éducation en français dans les T.N.-O. dans ses prochaines discussions avec le ministre de l’Éducation.
Selon ces données publiées en novembre, 1100 enfants seraient admissibles aux T.N.-O., soit 10,9 % du nombre total d’enfants aux T.N.-O.
« Ce recensement […] nous permet de voir maintenant de façon concrète les chiffres. Et on peut maintenant apporter ces chiffres à l’appui pour faire nos demandes. […] Ça peut faire bouger les choses », conclut-il.