Un financement pour la conception de deux stations de traitement de l’eau dans le Grand Nord canadien
La phase de conception de deux stations de traitement de l’eau sera entamée prochainement à Grise Fiord et Rankin Inlet, au Nunavut. Un financement commun de 1,9 million de dollars a été annoncé par le ministère territorial des Services communautaires et gouvernementaux et Infrastructure Canada.
« Toutes les communautés méritent d’avoir accès à des services de traitement de l’eau modernes et fiables », a fait savoir le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, de l’Infrastructure et des Collectivités, Dominic LeBlanc, dans un communiqué de presse.
« Offrir une eau potable sûre et propre dans toutes les collectivités du Nord constitue une priorité absolue pour le gouvernement du Nunavut », a souligné le ministre territorial des Services communautaires et gouvernementaux, David Joanasie.
Joints par courriel, les deux ministères n’ont pas précisé quelle somme reviendrait à chaque communauté. Ils n’ont pas indiqué comment serait réparti entre Ottawa et le Nunavut le montant de 1,9 million de dollars.
Étapes à venir
Selon l’agent principal d’administration de la Municipalité de Grise Fiord, Daryl Dibblee, la phase de conception devrait commencer au printemps. Elle permettra notamment de déterminer la source d’approvisionnement en eau ainsi que l’emplacement de la station de traitement de l’eau.
« Quand la conception sera terminée, il faudra commencer la phase de construction », explique-t-il.
Il ignore encore quelle sera la durée des travaux, mais il espère qu’ils pourront être lancés en 2025 ou en 2026, après l’acheminement des matériaux par voie maritime.
Gestion de l’eau complexe
Depuis plusieurs années, Grise Fiord et Rankin Inlet font face à des défis entourant leur gestion de l’eau potable, dont des infrastructures à la fois vieillissantes et insuffisantes pour répondre aux besoins de leurs résidents.
Daryl Dibblee affirme que la collectivité est « très heureuse » à l’idée d’avoir une solution permanente adéquate pour sa gestion et son approvisionnement en eau.
« En ce moment, nous chlorons l’eau […] directement dans les camions d’approvisionnement. Mais le processus de chloration se fera directement dans la station de traitement de l’eau lorsqu’elle sera construite », ajoute-t-il.
Pas de lac ni de rivière
Grise Fiord est l’une des huit communautés du Nunavut à ne pas avoir de réservoir d’eau naturel, comme un lac ou une rivière. Elle dépend donc entièrement de la fonte printanière des neiges pour s’approvisionner. Au printemps, l’eau est drainée vers deux énormes réservoirs capables d’emmagasiner de 3 à 4 millions de litres chacun, une quantité nécessaire pour desservir la communauté tout au long de l’année.
Devant un manque de précipitations, Grise Fiord a plusieurs fois dû recommander à ses quelque 130 habitants de limiter leur consommation d’eau ces dernières années.
En 2019, la Municipalité a été prise au dépourvu lorsque l’affaissement de la base d’un des réservoirs d’eau l’a contrainte à ne le remplir qu’à moitié. Une situation similaire s’était produite en 2008 lorsque, devant une pénurie d’eau causée par un manque de précipitations, la collectivité avait dû remplir une partie d’un réservoir avec des morceaux d’iceberg.
En 2020, le gouvernement du Nunavut a dépêché d’urgence une équipe d’ingénieurs pour réparer le réservoir et a fait acheminer environ 100 000 litres d’eau sur un navire de ravitaillement, des dépenses imprévues s’élevant à plus de 500 000 $.
- L’eau potable en Arctique : une ressource précieuse, mais fragile
- Bientôt deux mois sans eau potable à Iqaluit dans le Grand Nord canadien
- L’eau potable d’Iqaluit dans le Grand Nord canadien est conforme aux normes canadiennes, selon la Ville
- Eau potable : état d’urgence à Iqaluit dans le Grand Nord canadien