Dans le Grand Nord canadien, la Croix-Rouge en renfort dans des dispensaires

Le manque de main-d’œuvre exerce une pression supplémentaire sur les équipes en place. (Sean Kilpatrick/archives/La Presse canadienne)
Des infirmières de la Croix-Rouge seront déployées au Nunavik pour prêter main-forte aux équipes des dispensaires de la baie d’Hudson, fragilisées par le départ de 11 infirmières depuis les deux dernières semaines.

Deux infirmières de la Croix-Rouge seront en poste à partir du mois de mars, et deux autres viendront à une date ultérieure, a confirmé le Centre de santé Inuulitsivik (CSI).

Ces effectifs vont s’ajouter au personnel administratif de la Croix-Rouge déjà en poste dans les dispensaires de la baie d’Hudson.

« Ça soulage, mais ça ne règle pas le problème sous-jacent. C’est là l’enjeu majeur », indique Cyril Gabreau, du Syndicat nordique des infirmières de la baie d’Hudson.

Au total, sept dispensaires sont répartis sur le territoire de la baie d’Hudson. (Cyril Gabreau/archives)

Ce dernier dénonce les mauvaises conditions de travail de ses membres, qui sont selon lui les causes principales de ces nombreux départs, et qui accentuent la fatigue des équipes en place.

Réduction de services

L’impact du manque de main-d’œuvre se fait déjà sentir dans le réseau du Nunavik.

Les dispensaires d’Ivujivik, Puvirnituq et Kuujjuarapik ont réduit leurs services et n’ont répondu qu’aux urgences au cours de la fin de semaine dernière en raison du manque d’effectif.

Pour d’autres travailleurs, leur période de repos a considérablement diminué, comme à Inukjuak, où une infirmière aurait travaillé sans interruption depuis le 28 décembre dernier, selon le syndicat.

Le dispensaire d’Inukjuak dessert environ 1800 résidents. (Matisse Harvey/archives/Radio-Canada)

D’autres infirmières de Kuujjuarapik auraient récemment effectué des quarts de gardes et de travail pendant plus de 80 heures consécutives, sans période de repos approprié.

« Donc vous comprendrez que les infirmières ne peuvent plus être aussi efficaces quand elles accumulent autant de fatigue. On se dirige droit vers un mur si rien n’est fait pour retenir nos membres », ajoute Cyril Gabreau.

Une situation similaire pourrait aussi survenir dans le village d’Umiujaq, où seulement deux infirmières seront en poste à partir du 25 février.

Elles devront donc se relayer sans arrêt pour effectuer les rendez-vous normaux, en plus de répondre aux urgences en tout temps.

Le maire d’Umiujaq, Davide Sappa, est inquiet.

« Elles sont aussi des humaines et deviennent fatiguées quand elles sont sur appel. J’entends beaucoup d’inquiétude dans la communauté […] J’espère qu’ils vont pouvoir envoyer plus d’infirmières », dit-il.

Ce dernier n’a pas encore vu d’impact sur la prestation de soins dans sa communauté et soutient le CSI dans la recherche de solutions.

Retenir la main-d’œuvre

Face à ces départs, le Centre de santé Inuulitsivik a mis sur pied un comité d’attraction-rétention pour améliorer les conditions de travail de ses employés de soins.

L’administration de santé confirme par ailleurs se pencher sur les demandes du syndicat, notamment une réorganisation du temps de travail.

Le CSI dit avoir espoir que les mesures qui seront déployées vont augmenter la rétention du personnel. (Myriam Fimbry/archives/Radio-Canada)

« Un travail de fond a été effectué pour mettre à jour le plan de contingence de toutes les communautés lorsque les équipes sont réduites, afin de réduire la pression et les tâches des infirmières et infirmiers », mentionne la conseillère-cadre à la direction générale du Centre de santé Inuulitsivik, Juliette Roland.

« Les équipes sont consultées à chaque niveau et les décisions sont partagées et prises ensemble, en gardant le patient au cœur de celles-ci », affirme-t-elle.

Le CSI dit aussi se pencher sur d’autres irritants extérieurs, comme le manque de logement, la difficulté d’accéder à l’Internet et l’incertitude de l’approvisionnement en eau.

Nation à nation

Le ministre de la Santé Christian Dubé a été la cible de critiques, jeudi, à l’Assemblée nationale en raison de ces démissions.

Il a déclaré avoir confiance en l’administration de santé régionale dans la recherche de solution.

Le ministre Christian Dubé souhaite respecter l’autonomie de l’administration de santé régionale. (Jacques Boissinot/archives/La Presse canadienne)

Il a aussi tenu à rappeler le statut particulier de la Régie régionale de santé et de services sociaux du Nunavik, qui jouit d’une certaine autonomie face à Québec, en raison de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois.

« C’est pas uniquement le ministère, on discute de nation à nation. La régie prend des décisions et on est là pour les appuyer! », a dit le ministre à la période de questions.

Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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