Dans le Grand Nord canadien, des ateliers perpétuent la fabrication artisanale du qajaq

Chaque qajaq nécessite une quarantaine d’heures de travail de la part des stagiaires. (Félix Lebel/Radio-Canada)
Ces jours-ci à Kuujjuaq, des outils modernes s’allient au savoir ancestral dans un atelier de fabrication de qajaqs, les embarcations traditionnelles qui ont permis aux Inuit de chasser, de pêcher et de vivre dans le Grand Nord depuis des siècles.

Sept stagiaires adultes participent à cette formation organisée par Kativik Ilisarniliriniq, la commission scolaire du Nunavik.

C’est le cas de Claude Makiuk, de Kuujjuaq, qui s’est inscrit à la formation pour se rapprocher de sa culture ancestrale.

« J’ai déjà eu une formation sur le travail du bois. Donc, j’étais curieux d’en apprendre davantage […] J’ai toujours été impressionné par nos ancêtres qui arrivaient à survivre avec ce genre de qajaq », dit-il, une scie à la main.

Le qajaq traditionnel était généralement fait d’os de baleine et de bois de grève. Dans ce cas-ci, il est fabriqué en cèdre. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Déposée sur de grands tréteaux, la forme du qajaq en construction ressemble à s’y méprendre à un kayak de mer moderne.

L’ébéniste amateur et formateur Alain Cloutier propose toutefois aux stagiaires une reproduction du design d’un ancien qajaq groenlandais.

« Ce modèle-là est relativement simple à faire. C’est bien pour une introduction, ce n’est pas trop complexe. Ça va quand même prendre une quarantaine d’heures de travail pour un groupe débutant comme ici », explique-t-il.

Au total, une quarantaine de styles de qajaqs inuit ont été répertoriés dans les différentes régions du Grand Nord. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Si le design est traditionnel, les matériaux et les techniques sont beaucoup plus modernes. La structure est composée de lamelles de bois humidifiées, chauffées à la vapeur et pliées.

L’utilisation de la colle à bois facilite ensuite l’assemblage du qajaq, qui était autrefois assuré par des ficelles faites de cuir ou de tendons d’animaux.

La forme effilée du qajaq lui donne beaucoup d’efficacité et de stabilité en mer. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Contrairement aux modèles traditionnels recouverts de peau de phoque, la coque du qajaq est maintenant composée d’une toile de nylon.

Le tissu lui confère une légèreté et une grande maniabilité dans l’eau.

« Nous, on se facilite la vie pas mal avec notre bois coupé à la machine et nos colles! C’était une méchante job pour eux à l’époque. C’était un travail incroyable qu’ils faisaient », indique Alain Cloutier, qui a une quinzaine d’années d’expérience en atelier du genre au Nunavik.

Au fil de nombreuses années de pratique et de recherche, Alain Cloutier est devenu une référence dans la construction de qajaqs au Nunavik. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Récemment, il a offert la même formation dans les communautés de Kangiqsualujjuaq, de Salluit et d’Ivujivik.

Un effort de transmission culturelle

La fabrication de canots n’est pas la seule activité traditionnelle mise de l’avant par la commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq

Avec son programme Ilurqusitigut, qui signifie « à travers notre culture », la commission scolaire souhaite favoriser la transmission de pratiques ancestrales pour dynamiser la culture inuit.

Des dizaines de participants de tout le Nunavik ont ainsi pu assister à des ateliers de fabrication de tambours, de tissage de laine, de tannage de cuir et de fabrication de filets.

« C’est pour donner aux gens un sentiment d’appartenance et pour qu’ils soient fiers de leur culture inuit […] Je pense que ce programme va vraiment changer les choses », dit la conseillère pédagogique et responsable d’Ilurqusitigut, Mary Saunders.

Mary Saunders est très fière de participer à la transmission de la culture inuit en organisant de tels ateliers. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Cet atelier occupe toutefois une place particulière pour elle, car l’usage du qajaq a presque complètement été délaissé sur les cours d’eau de la région au profit des chaloupes à moteur.

Elle est persuadée que le financement des formations dans les communautés va faire naître chez quelques artisans la passion pour les savoir-faire ancestraux.

Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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