La calotte glaciaire du Groenland regorge de micro-organismes
Les grands glaciers du Groenland ont longtemps été perçus comme des déserts blancs constitués de gigantesques nappes de glace où les conditions de vie sont extrêmement difficiles. Pourtant, une équipe de chercheurs a découvert qu’il y a beaucoup plus de vie dans la calotte qu’ils le croyaient.
Des experts du département des Sciences de l’Environnement de l’Université d’Aarhus, au Danemark, ont pu observer des microbes qui se sont adaptés à la vie sur la glace. Et pas seulement une ou deux espèces, mais plusieurs milliers.
« Une petite flaque d’eau de fonte sur un glacier peut facilement contenir 4000 espèces différentes, explique Alexandre Anesio, professeur à l’Université d’Aarhus et membre de l’équipe de chercheurs.
« Elles vivent de bactéries, d’algues, de virus et de champignons microscopiques. C’est tout un écosystème dont nous ne soupçonnions pas l’existence jusqu’à récemment », ajoute-t-il.
De quoi vivent les microbes?
Au cours des 50 dernières années, les scientifiques ont été maintes fois surpris par les possibilités de la vie à exister. Des êtres vivants ont été trouvés à plusieurs kilomètres sous terre, là où il n’y a ni soleil ni oxygène. Des milliards de micro-organismes « mangent » les minéraux de la roche pour survivre dans ces conditions.
Des chercheurs ont montré que la vie peut même survivre dans l’espace. En 2007, des experts européens ont placé une colonie de plus de 3000 oursons microscopiques baptisés tardigrades à l’extérieur d’un satellite et l’ont mise en orbite autour de la Terre.
L’orbite a duré 10 jours, après quoi le satellite est revenu sur Terre. Ils ont alors constaté que pas moins de 68 % des microbes ont survécu au vide spatial et aux radiations mortelles.
Il n’est donc pas surprenant que la vie puisse prospérer également sur les glaciers. Après tout, il y a du soleil, de l’oxygène et de l’eau. Néanmoins, jusqu’à récemment, les chercheurs pensaient que la glace ne contenait pas assez d’éléments nutritifs pour permettre la vie. Ils se trompaient, note le professeur Anesio. « Il y a de la nourriture, mais en très petites quantités », précise-t-il.
Le cas de l’algue noire
L’un des micro-organismes présents sur la glace que les experts ont le plus étudiés est une petite algue noire. Elle pousse sur la glace et intéresse particulièrement les scientifiques.
« Lorsque la glace s’assombrit, il devient plus difficile de refléter la lumière du soleil. Au lieu de cela, la chaleur des rayons du soleil est absorbée par la glace, qui commence à fondre. Plus la glace fond, plus la température sur Terre augmente. Les algues jouent donc un rôle important dans le réchauffement climatique », indique M. Anesio.
Il raconte que ces dernières années, des régions de plus en plus étendues de la glace ont été « tachées » par les algues, ce qui a accéléré la fonte de la glace. Le professeur a calculé que les algues augmentent la fonte de la glace d’environ 20 %.
Les algues sur la glace existaient déjà avant que l’homme déclenche le réchauffement climatique par l’industrialisation, souligne-t-il. Ainsi, le printemps arrive de plus en plus tôt dans l’Arctique. Par conséquent, les algues ont une saison plus longue pour se développer et se répandre.
« Les algues se répandent un peu plus chaque année. Lorsque je me rends au Groenland, je vois maintenant de vastes zones où la glace est complètement sombre à cause des algues », soutient M. Anesio.
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