Toujours pas assez de fonctionnaires inuit recrutés dans le Grand Nord canadien, selon une décision judiciaire
Une arbitre a statué que les plans d’embauche des Inuit des gouvernements fédéral et du Nunavut ne respectent pas les exigences en matière d’embauche de personnel inuit au sein de la fonction publique. Cette décision survient environ 5 ans après que l’organisme Nunavut Tunngavik (NTI), qui représente les Inuit au territoire, a entamé des procédures judiciaires à ce sujet.
Conformément au chapitre 23 de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, signé en 1993, le gouvernement territorial est tenu d’accroître le nombre d’Inuit dans ses rangs afin d’obtenir un niveau de représentation acceptable. En 2003, le gouvernement du Nunavut et NTI se sont engagés à ce que le seuil de représentation au sein de la main-d’œuvre du territoire soit établi à 85 %.
Or, selon l’arbitre, les gouvernements fédéral et territorial ne sont pas parvenus à respecter ces exigences en matière d’embauche de personnel inuit à plusieurs égards, notamment en n’établissant pas d’objectifs d’emplois à long terme et en ne préparant pas de plans d’action en la matière.
Des bénéfices pour la langue et l’économie, selon NTI
En conférence de presse, mercredi, la présidente de NTI, Aluki Kotierk, s’est dite particulièrement préoccupée par cette constatation. « Trente ans ont passé depuis la signature de l’Accord et, maintenant, nous ne sommes toujours qu’à 50 %, mais cette proportion est beaucoup plus faible dans les niveaux supérieurs du gouvernement », a-t-elle affirmé.
« Les Inuit seraient en mesure […] de recevoir des services en inuktut », dit-elle, en mentionant les secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice.
La présidente de NTI croit aussi qu’une plus grande proportion d’Inuit au sein de la fonction publique du Nunavut serait bénéfique pour l’économie. « Ce serait positif pour les Inuit d’être en mesure d’acheter de l’équipement de chasse qui coûte cher, comme des motoneiges et des bateaux, ce qui pourrait contribuer à lutter contre l’insécurité alimentaire à laquelle font face bon nombre de nos communautés. »
À ses côtés, la conseillère juridique en chef de NTI, Marie Belleau, a précisé que l’arbitrage sur ce différend judiciaire doit maintenant entamer sa deuxième phase, qui portera sur les recours à venir, comme les compensations financières.
« Il y a maintenant une période de 60 jours pendant laquelle NTI et les gouvernements [fédéral et territorial] doivent s’asseoir pour tenter de s’entendre sur les dédommagements qui conviendront à toutes les parties », a-t-elle précisé. « Si nous n’obtenons pas gain de cause dans le délai de 60 jours, nous pourrons revenir vers l’arbitre. »
L’embauche de personnel inuit est toujours une priorité, disent les gouvernements
Le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, indique que son gouvernement s’est engagé à répondre à l’organisme d’ici la fin du délai de 60 jours et qu’il continuera à mettre en place des plans d’embauche des Inuit.
« Pour appuyer ces plans, notre gouvernement a créé des postes de sous-ministres associés pour former davantage d’Inuit dans des rôles de leadership », a-t-il dit, dans une réponse écrite. « Nous avons rationalisé le processus de nomination directe pour que davantage d’Inuit occupent des postes à durée indéterminée. »
Dans un échange de courriels, l’attaché de presse du ministère des Affaires du Nord, Kyle Allen, indique quant à lui que le gouvernement fédéral examine la décision de l’arbitre sur la mise en œuvre des plans d’emploi des Inuit et est déterminé à accroître leur représentation au sein de la main-d’œuvre.
« L’augmentation de l’emploi des Inuit demeure une priorité pour notre gouvernement et nous comprenons ses répercussions socio-économiques, ainsi que son rôle important dans l’autodétermination des Inuit », a-t-il affirmé. « Notre gouvernement poursuivra sa collaboration avec ses partenaires en vue d’élaborer un plan d’action. »
Avec des informations d’Emily Haws
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