Des quantités importantes de microplastiques dans les algues de l’Arctique
Un trio de scientifiques s’est rendu en été 2022 en Arctique dans l’ouest de l’archipel norvégien du Svalbard pour y prélever sur la banquise des carottes de glace, de l’eau de mer et des algues. Ces dernières contiennent des microplastiques dont la quantité a surpris les experts.
Les algues baptisées Melosira arctica sont l’une des principales espèces d’algues de l’océan Arctique. Elles sont également surnommées « morves » en raison de leur nature collante, visqueuse et verte. Il s’agit d’un organisme essentiel à la fois pour le réseau alimentaire de l’Arctique et pour la vie marine en général.
L’équipe de chercheurs internationaux de l’Université de Birmingham, de l’Institut allemand Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine et de l’Université Dalhousie au Canada explique que ces algues « de glace » nourrissent le plancton et divers autres organismes marins de l’Arctique. Elles jouent aussi le rôle de courroie de transmission de la nourriture pour les organismes vivants au fond de la mer.
« Lorsque la glace fond, les algues se détachent et coulent au fond de l’eau où elles sont consommées par des animaux tels que les concombres de mer et les ophiures, sorte d’étoiles de mer du Grand Nord », indiquent les scientifiques dans un article publié en ligne sur le site The Conversation.
On y apprend que les algues en question constituent également un puits de carbone, utilisant le CO₂ de l’atmosphère et l’énergie lumineuse du soleil pour produire de la matière organique par photosynthèse, un processus connu en écologie sous le nom de « production primaire ». En 2012, ces Melosira arctica représentaient 45 % de la production primaire de l’Arctique.
Les scientifiques ont découvert que les algues contiennent une moyenne de 31 000 particules de microplastiques par mètre cube, soit 10 fois plus que ce qui a été enregistré dans l’eau environnante. « La plupart de ces particules étaient très petites (moins de 10 micromètres) et comprenaient de nombreux types de plastique. La contamination des algues de glace pourrait avoir des conséquences majeures pour les écosystèmes et le climat », notent-ils.
Inquiétudes sur les répercussions possibles
On lit dans l’article que les particules peuvent provenir de l’eau de mer environnante, de la banquise ou des microplastiques atmosphériques qui se sont déposés sur la glace et à la surface de la mer. Bien que le processus par lequel les algues de la glace de mer absorbent ces microplastiques ne soit pas encore bien compris, il est clair qu’elles sont très efficaces pour « collecter » ces petites particules de plastique, précisent les chercheurs.
Ils indiquent que, durant les recherches antérieures, ils avaient été surpris de constater que la plus grande quantité de microplastiques sur les fonds marins de l’Arctique se trouvait toujours sous la zone de fonte de la glace de mer, le long de la lisière de la glace, même dans les sédiments d’eau profonde.
« La vitesse à laquelle les amas d’algues descendent signifie qu’ils tombent rapidement et presque en ligne droite sous le bord de la glace », résument-ils. Ils ajoutent que d’autres algues, qui se transforment en « neige marine » (terme utilisé pour désigner les matières organiques qui dérivent lentement vers le fond marin) tombent beaucoup plus lentement.
« Elles sont souvent mangées pendant leur descente et sont également poussées latéralement par les courants, si bien qu’elles tombent sur le fond marin beaucoup plus loin de la lisière de la glace. »
Pour les experts, ces découvertes peuvent causer un véritable problème puisque la melosira alimente les écosystèmes marins et les fonds marins de l’Arctique, qui sont essentiels. « Sa position au bas de la chaîne alimentaire signifie qu’il y a un risque que les microplastiques soient transmis vers le haut du réseau alimentaire marin », concluent-ils, avec inquiétude.
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