L’Église catholique a récolté un tiers des fonds promis aux survivants de pensionnats

L’Église catholique a récolté un tiers des 30 millions de dollars qu’elle avait promis aux survivants de pensionnats pour Autochtones. En 2021, l’Église s’est engagée à amasser cette somme à travers le Fonds de réconciliation avec les Autochtones sur une période de cinq ans pour soutenir les projets de réconciliation.
Cette décision survenait après la découverte de plus de 1000 tombes anonymes d’enfants ayant fréquenté les anciens pensionnats. À ce jour, la somme de 10 051 590 $ a été recueillie.
Selon la présidente du conseil d’administration du Fonds de réconciliation avec les Autochtones, Rosella Kinoshameg, cette collecte continue d’avancer.

Mme Kinoshameg, qui est elle-même une survivante des pensionnats pour Autochtones, espère que le montant total sera atteint.
« Je pense que nous nous en sortons très bien. Nous sommes très satisfaits du montant qui a été versé dans le fonds », a-t-elle souligné.
D’autres survivants comme Barb Badger et son mari, Frank, estiment cependant que l’Église catholique canadienne devrait agir plus rapidement.

« Ils pourraient tout aussi bien dire : nous y arriverons quand nous y arriverons. Si nous nous taisons et que nous ne poursuivons pas l’affaire, ils prendront leur temps », rétorque Barb Badger, une survivante.
Barb et Frank Badger estiment que l’Église catholique canadienne et le Vatican valent plusieurs milliards de dollars. Ils soulignent aussi le fait que 70 millions ont été dépensés pour la récente visite du pape François au Canada, dont plus de 18 millions provenant des seules églises catholiques canadiennes.
Les Badger soulignent que l’Église devrait payer immédiatement l’intégralité de la somme, compte tenu de l’immensité des dégâts qu’elle a causés.
« Il y a environ 150 000 élèves qui ont fréquenté des pensionnats, ainsi que leurs enfants, les enfants de leurs enfants, et ainsi de suite. C’est loin d’être suffisant », ajoute-t-il.
Les Badger, qui aident de jeunes délinquants et d’autres personnes aux prises avec la toxicomanie ou la perte de leur culture, ajoutent qu’ils ne veulent pas de cet argent, pas plus que les autres survivants âgés qu’ils connaissent.
Ils affirment cependant qu’il y a un besoin urgent de programmes pour les jeunes et que l’Église catholique doit en faire plus pour arrêter l’« hémorragie » qu’elle a provoquée.

Pour bénéficier de cette aide financière mise en place par l’Église catholique, les communautés autochtones peuvent faire des demandes de subventions. Rosella Kinoshameg indique que près d’une vingtaine de subventions ont été accordées jusqu’à présent.
Le Fonds de réconciliation avec les Autochtones est composé de quatre catégories de subventions : guérison et réconciliation pour les communautés et les familles, revitalisation de la culture et de la langue, éducation et renforcement de la communauté et dialogues pour la promotion de la spiritualité et de la culture autochtones.
Dans certaines régions des États-Unis, les montants des indemnisations pour violences contre les Autochtones sont bien plus élevés.
Ainsi, un diocèse du Minnesota a été contraint de verser 210 millions de dollars à 450 victimes de violences commises par des membres du clergé.
Avec les informations de Jason Warick
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