Les scientifiques mettent en lumière les relations entre la température et la taille des animaux, notamment en Arctique

La chouette lapone de l’Arctique a un corps de près de 60 centimètres de long, alors que sa parente, la chouette pygmée d’Amérique centrale, qui vit sous les tropiques, ne mesure qu’environ 12 centimètres de long. (Alex Macphail)
Des recherches menées par des chercheurs de l’Université du Texas à Austin ont révélé de nouveaux indices sur l’évolution subtile, mais jusqu’ici mal comprise, entre les températures et les changements de taille des parties du corps des animaux.

L’étude, publiée récemment dans la revue Nature Communications, s’est penchée sur plus 7000 espèces d’oiseaux terrestres non migrateurs – soit près des deux tiers de toutes les espèces d’oiseaux – et s’est concentrée sur la manière dont la morphologie des oiseaux a évolué en fonction de plusieurs facteurs, dont la température

Les experts indiquent qu’il existe d’ailleurs deux « règles », celles dites de Bergmann et d’Allen, largement acceptées en biologie. Ils notent que lorsque les températures locales changent, les animaux sont susceptibles d’ajuster leurs capacités de transfert de chaleur en modifiant la taille de leur corps et de leurs extrémités.

L’étude explique que la règle de Bergmann stipule que les climats plus froids engendrent des corps plus grands, car ils aident à retenir la chaleur, tandis que les corps plus petits aident à la perdre. « Par conséquent, un ours polaire est plus de deux fois et demie plus grand à l’épaule qu’un ours des régions équatoriales. »

Quant à la règle d’Allen, elle concerne les extrémités, telles que les membres, les oreilles et les becs. Elle mentionne que les animaux des climats plus froids ont tendance à avoir des extrémités plus petites, car celles-ci ont tendance à avoir plus de surface que de volume et sont particulièrement adaptées pour perdre de la chaleur.

« Par exemple, les lièvres arctiques ont évolué vers des pattes et des oreilles courtes, tandis que les lièvres du désert ont évolué vers des pattes et des oreilles très longues », ajoute le document.

Les oiseaux victimes d’une « contrainte naturelle »

Pour Carlos Botero, auteur principal de l’étude et professeur de biologie, les recherches offrent des perspectives importantes sur la manière dont les animaux, en particulier les oiseaux, peuvent s’adapter à la hausse rapide des températures provoquée par le changement climatique mondial.

« Le problème, c’est que tout ce que nous savons de l’écologie nous dit que la modification de la taille des corps et des extrémités peut être problématique », dit-il.

Si la taille du corps diminue, les oiseaux peuvent ne pas être en mesure de chasser la même nourriture que leurs ancêtres, précise M. Botero. « De même, si la taille moyenne ou la forme du bec change, les oiseaux peuvent devenir des butineurs moins efficaces ou avoir des difficultés à produire des cris d’accouplement typiques », ajoute-t-il

Les chercheurs ont aussi voulu comprendre pourquoi un petit nombre de familles d’oiseaux suivent toujours les règles que la plupart des autres semblent contourner. Ils ont découvert que, dans de nombreux cas, les espèces concernées s’étaient heurtées à une sorte de « contrainte naturelle ».

Par exemple, les hiboux ont réagi à l’évolution des températures principalement en ajustant leur taille, de sorte que la chouette lapone de l’Arctique a un corps de près de 60 centimètres de long, alors que sa parente, la chouette pygmée d’Amérique centrale, qui vit sous les tropiques, ne mesure qu’environ 12 centimètres de long.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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