Feux : Enterprise veut aider ses sinistrés, les T.N.-O. menacent le hameau de tutelle

Paul Flamand et sa fille Dakota Steinwand observent les dégâts causés à leur maison par l’incendie de forêt du mois dernier, à Enterprise, dans les T.N.-O. (Radio-Canada/Mark Winkler)

Le ministère des Affaires municipales et communautaires (MAMC) des Territoires du Nord-Ouest demande au hameau d’Enterprise de cesser de dépenser ses propres fonds pour aider ses sinistrés, durement touchés par les feux de forêt.

Le maire d’Enterprise, Michael St-Amour, a dit lundi sur les ondes de CBC que le hameau avait commencé à obtenir des devis pour acheter des maisons modulaires, afin de loger ceux qui ont perdu leur toit lors du passage du feu de forêt destructeur, à la mi-août.

Cette nouvelle tombe alors que des résidents sont à peine de retour, l’ordre d’évacuation ayant été levé vendredi. Selon le maire, le feu de forêt a détruit 40 maisons. Seulement neuf sont intactes.

Dans une lettre envoyée au maire vendredi, signée par le ministre des Affaires municipales et communautaires, Shane Thompson, ce dernier indique que l’utilisation des fonds du hameau pour l’achat de ces maisons contrevient à la Loi sur les hameaux et à la politique du financement des gouvernements communautaires du territoire.

Si le conseil [municipal] prenait cette décision, ce serait une violation telle et un abus des fonds de la communauté que je serais obligé de mettre le hameau sous tutelle pour avoir failli à ses obligations telles que définies dans la Loi sur les hameaux, a écrit le ministre Thompson.

Le maire St-Amour dit que les relations avec le gouvernement territorial sont devenues tendues, au mieux.

On n’est pas en mesure d’aider les gens. C’est ce qu’on nous a dit, en gros.

– Michael St-Amour, maire d’Enterprise

Michael St-Amour, maire d’Enterprise, dit que les relations avec le gouvernement territorial sont devenues « tendues, au mieux ». (Radio-Canada/Carla Ulrich)

«Nous n’avons pas de fonds pour le logement, alors on aurait utilisé nos surplus et nos capitaux. Et nous n’avons pas le droit, selon le MAMC», poursuit-il, disant que la lettre du ministre l’a vraiment choqué. «J’ai dû aller faire une marche. Et maintenant, j’essaie de voir quelles sont nos prochaines étapes.»

Le ministre Thompson a décliné une demande d’entrevue.

«Tu vois tout ce que les autres ont perdu»

Pendant ce temps, les résidents découvrent ce qui reste de leur communauté. On ne se rend pas compte de la gravité de la situation jusqu’à ce que l’on se rende en voiture jusqu’à la communauté, raconte Evelyn Coleman, qui a la chance de toujours avoir une maison.

Evelyn et son mari, Peter, ont eu une année difficile. En mai 2022, leur maison à Paradise Gardens, à Hay River, a été détruite par les inondations. Ils venaient d’emménager il y a six semaines dans leur nouvelle maison à Enterprise quand le feu a ravagé la communauté.

On ressent du remords, on se sent coupable parce que notre maison est toujours là. Et on regarde le quartier et on voit tout ce que les autres ont perdu, dit-elle.

Pat et Evelyn Coleman font partie des résidents d’Enterprise qui ont pu regagner leur maison épargnée par les flammes. (Radio-Canada/Mark Winkler)

Parmi les sinistrés, il y a Paul Flamand et ses trois enfants. Dimanche, il les a emmenés voir ce qui reste de leur maison : des cendres, des débris et des feuilles de métal tordues.

Sept bateaux, neuf motoneiges, un garage plein de choses, des outils, mon bureau, mon autre garage, là-bas, des véhicules, mon Bobcat. J’ai tout perdu, 22 ans de possessions, dit Paul Flamand. L’homme envisage de se reloger temporairement pour l’hiver afin de redémarrer son entreprise de plomberie. Il a toutefois eu la chance de retrouver dans les cendres une bague ayant appartenu à son grand-père.

Paul Flamand a pu récupérer quelques biens, comme cette bague, dans les cendres de sa maison d’Enterprise. (Radio-Canada/Mark Winkler)

Ceux qui sont restés pour protéger la communauté

Le soir de l’évacuation, Mike Kimball, sa femme Lynn et son frère Alan sont retournés à Enterprise afin de sauver ce qu’ils pouvaient. Ils sont restés dans la communauté, ont éteint des points chauds et ont aidé du mieux qu’ils le pouvaient.

Il n’y avait que des résidents, pas de gouvernement, rien du tout, a raconté Mike Kimball, ajoutant qu’il est entré de force dans la caserne de pompiers pour emprunter du matériel d’extinction de feu. On aurait dû avoir des équipes de pompiers forestiers.

Les autorités disent que les équipes de pompiers forestiers ont quitté Enterprise, car la situation était trop dangereuse, mais certains résidents ne sont pas d’accord avec cette décision. Je n’ai jamais pensé que j’allais y laisser ma peau, dit Mike Kimball. Et une fois que l’on a réussi à sauver notre maison, on a dû protéger la maison du voisin aussi, car si elle partait en flammes, la nôtre aussi aurait brûlé.

Ils ont fini par arroser neuf autres propriétés et deux entreprises. Quelques résidents se sont joints à eux, tandis que d’autres ont préparé des repas pour les résidents restés sur les lieux.

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